Skip to main content

VAUTORTE François CAZET de

Intendant et diplomate, (C) (★ 1607 † 16.4.1654). Originaire du Maine, Bocage normand, issu d’une famille de robe, fils et petit-fils de conseillers au Parlement de Bretagne. Son activité a été liée aux débuts de l’administration royale en Alsace, aux tractations diplomatiques qui entraînèrent le rattachement du pays à la France et à l’exécution des traités de paix (1648). Maître des requêtes, il reçut le 21 janvier 1645 « commission et instruction pour exercer l’intendance de la justice et finances dans l’évesché de Spire, archevesché de Mayence, marquisat de Baden, Bas Palatinat et autres pays, places, tenues par nos armes en ces quartiers-là », c’est-à-dire le Nord de l’Alsace avec Landau et Wissembourg. Il exerçait en même temps les fonctions d’intendant d’armée. Le 18 mai de la même année, le roi ordonna que « M. de Vautorte ordonnancera seul les payements et despences de l’armée d’Allemagne ». S’y ajoutait la mission de « faire prester serment à ceux desdits pays qui ne l’auront encore fait, de quelque qualité et condition qu’ils soient ». À la différence de M. de Baussan, il n’avait pas à s’occuper directement du service des vivres. Les exactions, auxquelles Vautorte pouvait difficilement remédier, se succédaient à l’égard des populations : « En ce pays où le soldat a accoustumé de vivre avec beaucoup de licence, la moindre réforme paraît une règle austère. Un intendant n’est pas un personnage très agréable… » (lettre au cardinal Mazarin). Sa mission était également de renseignement : « dire à M. de Vautorte de prendre connoissance de la valeur du revenu du domaine du Prince dans les pays de la Haute et Basse Alsace et Zuntgau ». En décembre 1647, d’Erlach ©, lieutenant général qui commandait à Brisach, suggéra, pour régler les problèmes de contributions, la constitution d’un Conseil restreint comprenant Vautorte, Baussan, Girolles, un délégué de Turenne et de lui-même, esquisse d’une décentralisation que la Cour refusa (4 décembre 1647). Le 20 octobre, Vautorte reçut une instruction de Loménie de Brienne pour se rendre à Mayence dont l’archevêque venait de mourir et faire élire un prélat favorable à la France. Ce qui fut fait. Jean-Philippe de Schonborn, évêque de Wurzbourg, fut élu. La fin de la guerre entraîna une transformation de ses activités. Par une lettre du 21 mars 1649, « conjointement ou séparément avec le sr d’Erlac, (il devait) s’employer à la restitution des places tenues par les armes du Roy en Allemagne, suivant le traité de paix entre la France et l’Empire ». Représentant de la France en 1653 au congrès de Nuremberg aux côtés de d’Avaugour et de La Cour, Vautorte tenta de s’opposer au déchaînement passionnel que suscitait la cession de l’Alsace, compromise par les troubles de la Fronde qui sapaient l’autorité royale. L’évêque de Spire et les villes se déchaînaient contre l’interprétation française du traité de Münster. Vautorte affirma la nécessité de tenir fortement Brisach et Philippsburg (Bade). Comme amis, il citait les princes de Bade et de Wurtemberg, comme ennemis, les Électeurs de Mayence, le Palatin et l’évêque de Spire. « Strasbourg craint notre voisinage et l’exemple de Metz ». Une solution s’imposa, elle définissait l’esprit d’un gouvernement : « Affirmer sa force pour être respecté et se mettre en estat de leur parler hautement, ils seront alors fort souples et nos grands amis ». D’une administration et d’une diplomatie, il dégageait une philosophie. Nommé, à la fin du congrès, représentant de la France à la Diète perpétuelle de Ratisbonne, fidèle et habile, il mourut en fonctions.

Bibliothèque nationale, ms f. fr. 4171, 4179 ; Affaires étrangères, Corr. politique Mayence I, et Allemagne 128 ; Instructions aux ambassadeurs : Diète germanique (B. Auerbach), Électorat de Mayence (G. Livet) ; B. Auerbach, La France et le Saint Empire romain germanique. Bibl. École Hautes Études, fasc. 196, 1912 ; G. Livet, L’intendance d’Alsace sous Louis XIV ; Paris, 1956, rééd. 1991 (texte de la commission du 21 janvier 1645) ; P. Greissler, « Strasbourg et la Diète d’Empire… », Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1975, p. 63-77.

† Georges Livet (2002)