Haut fonctionnaire, (C) (★ Périgueux 22.5.1889 † Périgueux 28.4.1959). Fils de Pierre Auguste Prudent Valot, professeur, et de Marie Marguerite Madeleine Irène Léonard. Licencié en droit et diplômé de l’École libre des Sciences politiques.
Valot s’inscrivit au barreau de Paris en 1912. Mobilisé en 1914 comme simple soldat, il termina la guerre comme capitaine à l’état-major du général Nollet. Très grièvement blessé lors de l’attaque des hauteurs de Vimy, il dut désormais porter un « estomac artificiel ». Après l’armistice, il entra dans la fonction publique en qualité de directeur au sous-secrétariat d’État à la Démobilisation et fut chargé d’organiser l’Office central de reclassement des démobilisés. En août 1919, il fut nommé chef de cabinet du général Nollet, chef de la Commission militaire interalliée de contrôle en Allemagne à Berlin. Sous-préfet de Nérac, Lot-et-Garonne, en octobre 1921, il retourna en Allemagne en 1922 comme chef adjoint du cabinet du haut-commissaire de la République française dans les provinces rhénanes occupées. En avril 1923, Valot fut nommé chef de la Mission de presse et d’information dans la Ruhr par le ministère des Affaires étrangères. Après la victoire électorale du Cartel des Gauches en 1924, le général Nollet, ministre de la Guerre, le rappela auprès de lui pour diriger son cabinet civil. La même année, il fut nommé secrétaire général de la préfecture de la Gironde à Bordeaux, qu’il quitta en juin 1925 pour Spire où il devint délégué supé-
rieur au Palatinat de la Haute Commission interalliée des Territoires rhénans. Il n’y resta que très peu de temps. En effet, après la promulgation de la loi du 24 juillet 1925 qui supprimait le Commissariat général de la République à Strasbourg, sa maîtrise de l’allemand et sa connaissance de l’Allemagne lui valurent d’être appelé le 15 octobre 1925 au poste nouveau de directeur général des services d’Alsace et de Lorraine à Paris. Il devait contrôler et superviser, sous l’autorité du président du Conseil et du ministre (ou du sous-secrétaire d’État) chargé des affaires d’Alsace et de Lorraine, l’ensemble des services de l’État dans les trois départements. De sa direction ressortissaient directement toutes les administrations qui n’avaient pas été rattachées aux ministères parisiens, en particulier les quatre directions détachées à Strasbourg (Instruction publique, Assurances sociales, Cultes, Statut local du personnel et des pensions) et le service central installé au Grand Palais à Paris. Pour assurer son autorité sur les trois préfets, il fut nommé en outre conseiller d’État en service extraordinaire le 7 avril 1928. Très lié à Poincaré ©, président du Conseil de 1926 à 1929, et à ses successeurs, tous les tenants et aboutissants de la politique régionale, et en particulier la lutte contre l’autonomisme et les subventions à la presse « patriote », passaient par lui : malgré l’instabilité gouvernementale qui caractérisait cette période, il maintenait la continuité de l’action de l’État dans les départements recouvrés. Après son départ à la retraite, le premier président Siben © l’accusa de subir l’influence de la franc-maçonnerie ; Valot rappela alors qu’il appartenait à une famille catholique. Il représenta le gouvernement de la République au Congrès eucharistique national de Strasbourg en juillet 1935 : en cette qualité, il défila en tête de l’énorme procession de 30 000 personnes. Un décret-loi du 30 octobre 1935 du gouvernement Laval supprima, par mesure d’économies, la direction générale. La presse autonomiste applaudit la disparition du « roi non couronné d’Alsace-Lorraine ». Mais, dès le 17 juillet 1936, la direction générale fut réta- blie au profit de Valot par le gouvernement Blum. Valot continua à exercer ses fonctions à Périgueux de 1940 à 1941, sous l’autorité des ministres de la Justice successifs de Vichy. Relevé de ses fonctions, en application de la loi du 17 juillet 1940, le 21 octobre 1941, il fut nommé directeur général honoraire et mis à la retraite d’office le 24 février 1942. Début octobre 1941, il avait reçu à Périgueux l’envoyé du Gauleiter Robert Wagner ©, le Ministerialrat Herbert Kraft ©, chargé du rapatriement des biens culturels évacués en 1939 ; selon le rapport de ce dernier, Valot se serait montré très accommodant et aurait, devant ce fonctionnaire nazi, critiqué l’évêque Ruch © et le président Robert Hoepffner ©, qui refusaient, le premier, de livrer le trésor de la cathédrale de Strasbourg, le second, les biens du Chapitre Saint-Thomas. Réintégré dans ses fonctions et nommé préfet hors classe le 18 octobre 1945, il fut le même jour placé en expectative. Mis en disponibilité, puis en congé à dater du 26 novembre 1946, il fut admis à la retraite le 1er mai 1949. Les archives de son service avaient été transférées en 1941 de Paris à Strasbourg par la Gestapo. Elles constituent actuellement le fonds 98 AL des : Archives départementales du Bas-Rhin. Légion d’honneur (chevalier, 1915, officier, 1923, commandeur 1929, grand-officier, date inconnue); croix de Guerre 1914-1918 (trois citations) ; croix de Guerre belge ; Military Cross.
Archives nationales, F1b 1965, 1122 ; F 4 3308 ; Dernières Nouvelles de Strasbourg du 29.1.1929 ; L’Alsace française du 3.2.1929, p. 98 ; Neueste lllustrierte du 9.11. 1930 (photo) ; La Nation du 29.3.1930 ; L’Alsace depuis son retour à la France, 3 vol., Strasbourg, 1932-1937 ; Die Heimat, juin 1936 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, I, p. 531, 574-575, 590, 622, 631, 764 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, III, p. 160 ; Magazine Ringier du 30.51959 ; L’Ami du Peuple du 16.5.1959 ; F.-G. Dreyfus, La vie politique en Alsace 1919-1936, Paris, 1969 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7534 ; R. Paira, Affaires d’Alsace. Souvenirs d’un préfet alsacien, Strasbourg, 1990; Bargeton, dir., Dictionnaire biographique des préfets, septembre 1870 – mai 1982, Paris, Archives Nationales, 1994, p. 533-534 ; R. Bourcart, « Souvenirs d’un catholique strasbourgeois », Saisons d’Alsace, n° 134, hiver 1996-1997, p. 36.
Léon Strauss (2002)