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ULRICH Henri

Médecin naturaliste et protecteur de la nature, (PI) (★ Oberbronn 15.1.1911). Fils de Philippe Ulrich, clerc de notaire, et de Caroline Pfeiffer. ∞ 23.12.1936 à Strasbourg Marguerite Heil († 1982), sœur d’Ernest Heil © ; 1 fils et 2 filles. Études au Gymnase protestant, puis à la faculté de Médecine de Strasbourg. Dès sa scolarité au Gymnase protestant de Strasbourg, il a utilisé ses loisirs pour prendre des leçons de dessin en cours privés chez son professeur Fritz Krauss (1921-1927), puis se perfectionna en peinture à l’huile et à l’aquarelle. Cela lui a permis d’utiliser ses connaissances de médecin pour enseigner l’anatomie à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg de 1946 à 1949. Par ailleurs, son travail en musique lui a permis d’acquérir, le 15 juillet 1934, une première médaille d’orgue du Conservatoire de Strasbourg, ce qui l’a amené à une collaboration suivie avec Albert Schweitzer ©. Dès son enfance à Oberbronn, la forêt et la ruine de Wasenbourg ont attiré son attention, voire ses fouilles. Lors de son service militaire, il a trouvé la pointe d’une flèche, avec des amis, dans le site préhistorique de la Roche de Solutré. En Alsace, ce sont les tumulus de la forêt de Brumath, la nécropole néolithique de Hoenheim-Souffelweyersheim et d’Achenheim qui l’ont occupé. Il a étudié en particulier les squelettes des types ethniques d’il y a 5000 ans, recherches publiées dans des revues de Paris et de Vienne, résumées dans la Revue d’Alsace, t. 89, 1949, p. 95-115 sous le titre : « Les populations d’Alsace de la préhistoire au XVIIe siècle ». Ce fut le moment d’arrêter son activité de médecin généraliste à Neudorf (1936-1949) pour prendre un poste de médecin d’entreprise. Tout naturellement les ruines, les arbres séculaires et pittoresques, dressés au-dessus d’un tapis floral souvent caractéristique, ont profité de ses loisirs comme sujets de ses nombreuses conférences et publications avec illustrations de sa main. À relever parmi ces dernières Arbres, du réel au transfiguré, 1988. Après son travail sur les châteaux des Vosges (deux éditions de Robert Redslob ©, 1960 et 1963, suivie d’une troisième de Guy Trendel © en 1969), il leur a consacré un dernier livre en 2000 : La légende des ruines. Ses regards sur le passé ont incité Henri Ulrich à situer sa place dans l’univers, d’où ses réflexions dans Le microbe dans la soupe, 1979, et sa conclusion Je ne fais que passer, 1998. Mais il supporte mal ce passage avec une vieillesse dans un environnement qui, loin d’évoluer selon les lois normales de la nature, se déroule avec une cadence et dans des directions alertantes, voire révoltantes.
Dans l’Association philomathique d’Alsace-Lorraine, il a facilement regroupé des amis pour protéger la nature, objet d’études et de publications, La nature protégée, 1963. Toutefois, au-delà de la sauvegarde de reliques floristiques des Rieds ou des Hautes Vosges, il a vu sa mission dans une lutte désormais acharnée contre un aveuglement, qui laisse libre cours à une évolution néfaste, même aux intérêts matériels de l’humanité. Pour ce faire, il a créé en 1965 la nouvelle Association fédérale régionale de protection de la nature, visant la défense des conditions de vie selon les normes de la nature. Elle s’étendait sur sept départements de l’Alsaceau Territoire de Belfort, la Haute-Saône et la Lorraine contiguë. Nommé président d’honneur, Henri Ulrich en est resté l’âme. Il y regroupait des membres individuels et surtout des groupements de sociétés comme les sections du Club Vosgien, celles des Amis de la nature, les associations de pêcheurs, de chasseurs (Henri Ulrich avait publié déjà en 1953 Chasser sans tuer, préfacé par Albert Schweitzer). « Alsace Nature » en a pris le relais, tout en se restreignant aux deux départements alsaciens, mais a nommé Henri Ulrich président d’honneur. Il a pu exposer ses connaissances par sa fonction de rédacteur attitré du quotidien Dernières Nouvelles d’Alsace pour les questions « nature » et surtout par ses nombreuses conférences, aux illustrations passionnantes, et des films, tel celui sur le rarissime papillon Apollo localisé dans les Vosges méridionales, ou par des microsillon tel Oiseaux de chez nous, 1957 (réédition 1950). Prix de reportage Léon Boll, 1964, et prix Maurice Betz de l’Académie d’Alsace. Bretzel d’or des Arts et traditions populaires d’Alsace, 1980. Chevalier de l’ordre national du Mérite.

† Gonthier Ochsenbein (2001)

† Strasbourg 23.4.2005

Philippe Legin (avril 2022)