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UHLRICH Louis Charles Joseph

Conseiller général, (C) (★ Guewenheim 7.3.1925). Fils de Charles Antoine Uhlrich, directeur d’école et secrétaire de mairie, et de Blanche Marguerite Liller. ∞ 29.6.1953 à Guewenheim Aimée Marie Thérèse Reymann (★ Strasbourg 6.7.1929), fille de Joseph Reymann, régisseur-comptable, et d’Anne Clauss ; 5 enfants dont Odile © 2. Études secondaires au collège épiscopal de Zillisheim (1937-1940), puis au Gymnasium à Mulhouse (1940-1943). Incorporé de force dans le Reichsarbeitsdienst de février à mai 1943, puis dans la Wehrmacht. Après trois mois d’instruction à Chaumont dans une unité de transmission de l’armée de l’air, il a été affecté aux unités en campagne dans les Balkans (Albanie, Monténégro, Voïvodine). Il a refusé publiquement de suivre le peloton pour la formation de sous-officiers, mais s’en est tiré à cause de ses performances de radio et du chiffre. Le 12 novembre 1944, Louis Uhlrich a été grièvement blessé en Slavonie. De retour au foyer en août 1945, il a été déclaré grand mutilé de guerre et grand invalide. De 1946 à 1949, il a étudié l’histoire et la géographie aux universités de Besançon, Lyon et Strasbourg. Licencié ès lettres et adjoint d’enseignement, il a enseigné au lycée Bartholdi de Colmar (1950-1954). Dans cet établissement, il a critiqué ouvertement les affichettes « Il est chic de parler français » à cause des caricatures injurieuses d’Alsaciens et d’Alsaciennes qui les accompagnaient. Sa titularisation se faisant attendre, Louis Uhlrich s’est mis en congé et s’est investi dans le secteur agricole. Comme tel, il a réorganisé les circuits de ramassage du lait dans les communes du Haut-Rhin. Devenu directeur de la Fédération haut-rhinoise de la coopérative agricole, il a participé à l’apurement et à la création de nombreuses coopératives agricoles tout en veillant à leur suivi juridique et financier (1954-1960). Revenu à l’enseignement, il a été titularisé en 1961 et a enseigné au lycée d’Altkirch jusqu’en 1985.

Militant actif dans le MRP, Louis Uhlrich a été élu conseiller général du canton de Masevaux en mars 1956, mandat régulièrement renouvelé jusqu’en 1992. Candidat à la députation dans la circonscription de Thann-Altkirch en 1967,1968 et 1973, il a échoué chaque fois contre le parti gaulliste. Comme conseiller général, Louis Uhlrich s’est occupé de la mise en valeur économique du canton de Masevaux, qui subit une crise sans précédent, aidé par les chefs d’entreprise et les militants syndicaux, tous engagés dans la recherche de nouvelles industries et de leur bonne implantation. Deux ans avant la création des SIVOM, Louis Uhlrich a regroupé les municipalités du canton en un syndicat intercommunal qui se définissait comme « SIVOM à vocation multiples et optionnelles ». Louis Uhlrich est aussi le président du syndicat fluvial de la Doller qui regroupe les communes riveraines entre Sewen et Mulhouse pour se protéger des crues de cette rivière. Entre 1968 et 1975, il a assuré la maîtrise d’ouvrage de la construction du barrage-réservoir de Michelbach destiné à alimenter en eau potable l’agglomération mulhousienne. En revanche, Louis Uhlrich s’est opposé au canal à grand gabarit du Rhin à la Saône et à l’injection de saumures en couches profondes de la plaine d’Alsace, pratiquant ainsi avant l’heure une politique de défense du patrimoine naturel. Soutenu par toutes les municipalités du canton, Louis Uhlrich a fait racheter par le département le lac des Perches (Sternsee) et les deux lacs Neuweyer. Il est aussi à l’origine de la création du syndicat interdépartemental qui réunit autour du Ballon d’Alsace les acteurs du tourisme d’été et d’hiver (opposition aux routes touristiques nouvelles, à un projet de recherche et (éventuellement) d’exploitation de minerai à l’arrière de Sewen et opposition à la vente d’un vaste pâturage sur la crête vosgienne à l’armée (la Haute Bers). En revanche, après un bras de fer de 10 ans avec la Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône, il réussit à supprimer, à Burnhaupt, le seul poste de péage ouvert dans le Haut-Rhin. Au sein du Conseil général, Louis Uhlrich a assuré, de 1964 à 1992, la présidence de la commission des finances. Il a occupé aussi la vice-présidence du comité du bassin Rhin-Meuse et a représenté le Haut-Rhin au sein du CESA au titre du tourisme et du Parc naturel régional des Vosges. C’est également à Louis Uhlrich que revient la création du Prix annuel du Conseil général du Haut-Rhin récompensant un ouvrage édité aux frais du département et un soutien efficace à d’autres entreprises culturelles dont le Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne. En 1989, Louis Uhlrich a réanimé et présidé jusqu’en mars 2001 la Société d’histoire de la vallée de la Doller qui publie annuellement un bulletin dont Louis Uhlrich a signé régulièrement l’éditorial et quelques articles. Rappelons que Louis Uhlrich a fait également plusieurs voyages en Russie à la recherche des charniers et des dossiers du camp n° 188 du goulag-Goupvi de Tambov, dans lequel sont morts plusieurs milliers d’Alsaciens-Lorrains. Il a pu ramener les noms de 1150 incorporés de force qui y sont décédés. À Moscou, il a pu découvrir le centre d’archives militaires où sont conservés plusieurs millions de dossiers de prisonniers de guerre, y compris ceux d’Alsaciens-Lorrains. Officier des Palmes académiques (1988) ; chevalier de l’ordre national du Mérite (1995) ; médaille des Arts et Lettres (1976) ; médaille d’honneur en vermeil régionale, départementale et communale (1987).

Bachmann, Dreyer, Wilsdorf, Les conseillers généraux du Haut-Rhin 1833-1981, Archives départementales du Haut-Rhin, 1981, n° 302, p. 25 ; Dernières Nouvelles d’Alsace (éd. Masevaux) du 9.3.1995 et (Altkirch, pages locales) du 28.4.2001 et plusieurs articles dans la presse régionale (L’Alsace, éd.Thann du 11.3.1998).

† François-Joseph Fuchs (2001)

† Altkirch 10.7.2008

Gabriele Claerr-Stamm, « In memoriam Louis Uhlrich (1925-2008) », Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau, 2009, p. 11-13

Philippe Legin (avril 2022)