Fondatrice du musée de figures de cire de Londres (Madame Tussaud’s Ltd), (C) (★ Strasbourg 7.12.1761 † Londres 16.4.1850 ; inhumée à Chelsea, auprès des émigrés français). Fille de Jean Grosholtz, de Francfort, descendant d’une lignée de bourreaux et qui ne la reconnut pas, et d’Anna Maria Walder (elle naquit réellement à Strasbourg et non à Berne comme semblent l’indiquer diverses biographies) ∞ 20.10.1795 François Tussaud (★ Mâcon 1767 † Paris 1848), qui se prétendait ingénieur, divorce en 1802 ; 3 enfants. Son fils Francis Tussaud (★ 1800 † 1870), ses petits-fils Francis Babbington Tussaud (★ 1829 † 1858) et Joseph Randall Tussaud (★ 1831 † 1892), son arrière-petit-fils John Théodore Tussaud (★ 1858 † vers 1939) ainsi que son arrière-arrière-petit-fils Bernard Tussaud († 1967) se distinguèrent également dans le travail de la cire. Marie fut adoptée par son oncle, physicien de son état, Philippe Creutz, dit Docteur Curtius, que sa mère rejoignit à Paris lorsqu’elle avait six ans. Curtius avait une passion pour le modelage des figures de cire et ouvrit un cabinet à l’hôtel Aligre, puis au Palais Royal. Marie fit ses débuts auprès de lui, se familiarisant avec les différentes techniques (modeler les cheveux, confectionner et nettoyer les vêtements, monter les yeux de verre, implanter les cils et surtout travailler la cire). À 17 ans, elle réalisa son premier portrait, celui de Voltaire, et participa à l’élaboration des figures de la famille royale et du masque mortuaire de Rousseau. Ce savoir lui permit d’être, à partir de 1780, le professeur d’art de Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI. Avec le succès grandissant, une annexe fut ouverte boulevard du Temple qui fut consacrée aux spectacles horribles dont le peuple était friand. À partir de 1789, le Cabinet devint le reflet de l’actualité en étant une sorte de gazette plastique. Des personnages comme Necker, Mirabeau, le duc d’Orléans ou Robespierre s’y côtoyaient. Pendant la Terreur, Marie modela des masques en cire des victimes illustres de l’époque (Louis XVI, Marie-Antoinette, Marat, Hébert, Desmoulins, Danton…), et ce grâce à ses relations avec les geôliers qui lui permirent d’accéder à la Conciergerie, lieu où séjournaient les condamnés avant leur exécution. Curtius, qui avait disparu pendant quelques années, revint après la réaction thermidorienne et mourut en 1794. Marie fut son héritière. Après son divorce, Marie décida de partir pour l’Angleterre. Elle sillonna le pays durant 33 ans, présentant ses collections de figures de cire. Elle écrivit régulièrement à son ancien mari, ce qui permet de reconstituer son itinéraire. Pour ses figures, elle puisait dans l’histoire de l’Angleterre aussi bien que dans l’actualité (Nelson et Trafalgar, la chute de l’Empire napoléonien, Wellington, les couronnements royaux…). Elle laissait aussi une grande place à la « Dead room » ou « Black room » qui préfigurait la « Horror room » que le public réclamait. En 1835, elle s’installa définitivement avec ses deux fils (sa fille décéda en bas âge) à Londres, Baker Street, dans un immeuble vaste et somptueux. Ce palais devint le musée « Madame Tussaud ». Le musée fut organisé en « tableaux » qui reconstituaient des scènes historiques ou contemporaines, incluant des personnages célèbres ou inconnus : Galerie des héros, Chambre des horreurs…. Marie écrivit ses mémoires et, en 1842, réalisa un remarquable autoportrait de cire. Elle laissa un musée qui ne cessa de prospérer grâce à ses fils qui en firent une des curiosités de Londres. De nombreuses sculptures qu’elle réalisa sont encore intactes (Voltaire, Benjamin Franklin, Walter
Scott…).
Auteur de The Memoirs of Madame Tussaud, 1838.
Archives municipales de Strasbourg, registre des baptêmes, Saint-Pierre-le-Vieux catholique, N 162, f° 38, p. 75 ; Archives municipales de Strasbourg, Fonds Hoffmann et Généalogie, Dossier Grossholz (n° 258) ; J. Th. Tussaud, The Romance of Madame Tussaud, Londres, 1919 ; E. J. Pyke, A Biographical Dictionary of Wax Modellers, Oxford, 1973 ; G. Wittkop-Menardeau, Madame Tussaud, Paris, 1976 (portraits) ; E. V. Gatacre et L. Dru, « Portraiture in the Cabinet de Cire de Curtius and its Successor, Madame Tussaud’s Exhibition », La reroplastica nella scienza e nell’arte, Florence, 1977, p. 639-648 ; P. A. Bargaud, « Madame Tussaud, son musée de figures de cire et son mari maconnais », Annales de l’Académie de Mâcon, 3e série, t. LV, 1978 ; New Encyclopaedia Britannica, Micropaeaia, vol. 10, 1979, p. 205 ; C. Barter, L’étonnante histoire de Madame Tussaud, DNS, 1981, avec autoportrait en cire ; L. Mazenod, G. Schoeller, Dictionnaire des femmes célèbres de tous les temps et de tous les pays, Paris, 1992 ; Encyclopedia Americana, vol. 27, 1995, p. 289 ; J. Turner, The Dictionary of Art, 33, 1996, p. 4 ; Théodore Rieger, Françoise Thary, Philippe Jung, Destins de femmes-100 portraits d’Alsaciennes célèbres. Éditions le Verger, 1996, 1996, p. 57-58.
Portrait à la National Portrait Gallery à Londres.
Audrey Barth (2001)