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TREUTTEL Jean George

Libraire-éditeur, (PI) (★ Strasbourg, Temple Neuf, 17.10.1744 † Paris 14.12.1826). Fils de Jean George Treuttel, passementier, marchand de soie, et de Suzanne Marie Fischer, fille d’aubergiste. ∞ I 12.10.1772 à Strasbourg, Temple Neuf, Marie Madeleine Rekopp, fille de Jean-Jacques Rekopp, commerçant et bourgeois de Strasbourg, et de Marie Dorothée Bähr; sans enfant. ∞ II 29.11.1785 à Strasbourg, Temple Neuf, Suzanne Marie Wurtz, fille de Christophe Wurtz, aubergiste, et de Suzanne Treuttel (elle était une nièce; mariage autorisé par dérogation royale. Elle avait été en pension à Waldersbach, auprès de Jean Frédéric Oberlin ©) ; 9 enfants. Orphelin de père à l’âge de cinq ans. Entra au Gymnase protestant de Strasbourg en 1750, un an après J.-F. Oberlin qui devint son « ami de cœur et d’âme ». Apprenti libraire chez son beau-frère Armand Koenig. Nombreux voyages à Paris, en Suisse, en Italie et en Allemagne. Associé à la librairie Bauer en 1775 jusqu’au décès de celui-ci en 1783. Associé environ dix ans plus tard à Jean Geoffroy Wurtz, son neveu, puis beau-frère et même gendre. Établie à Metz en 1794, la maison s’installa à Paris en 1798. Après avoir obtenu la licence de commerce avec l’Angleterre en 1808, Treuttel et Wurtz ouvrirent une librairie à Londres en 1817. Elle fut gérée à ses débuts par Charles, l’un des fils de Treuttel. Dès 1798, les libraires associés avaient fondé le Journal général de la littérature de France, périodique critique des œuvres récemment parus. Cette expérience fut étendue aux publications anglaises et allemandes. De nombreuses collections furent éditées par la maison Treuttel et Wurtz : Collection des auteurs latins, Nouvelle bibliothèque classique française, Encyclopédie des gens du monde, etc. Elle fut distinguée lors des expositions parisiennes de 1806 et de 1819. Par son Stammbuch, Treuttel nous permet de connaître les nombreux auteurs et savants avec qui il avait noué des relations. Lors de son mariage de 1785, le pasteur le qualifie également de conseiller aulique des comtes Schenk d’Erbach, de Schoenberg et de Stollberg-Wernigerode. Treuttel fut mêlé à la vie politique pendant la période révolutionnaire. Lors du sac de l’Hôtel de Ville de Strasbourg, le 21 juillet 1789, il aurait sollicité l’intervention des régiments des princes de Darmstadt et de Deux-Ponts alors en garnison à Strasbourg. Il entra au conseil municipal lors de sa création en 1790. Il devint membre de la Société des Amis de la Constitution le 31 mars 1791 ; il partageait les idées du maire de Dietrich © et, après la scission de la Société, fréquentait le groupe des Feuillants réuni à l’Oratoire du Temple Neuf. Il avait imprimé depuis juin 1790 le Courrier politique et
littéraire des deux nations, puis à partir de décembre 1791 le Courrier de Strasbourg, Journal politique et littéraire (décembre 1791-juin 1793) de Jean Charles Laveaux ©, et son supplément le Courrier de Paris et des départements à Strasbourg et des périodiques en langue allemande tel Der Franke (le Français, une feuille patriotique populaire) en 1791, le Strassburger Kurier (1790-1797). Il aurait imprimé d’autres journaux populaires ainsi que la Correspondance secrète de Louis François Mettra en 1790-1791 et des ouvrages politiques. Proclamé notable de la commune en janvier 1793, il fut destitué par les représentants en mission, Guyardin © et Milhaud, dès le mois d’octobre. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin décida de son exil à 20 lieues des frontières de l’Alsace. Saint-Just © et Lebas © lui imposèrent une contribution de 100 000 livres. Il ne put verser que la dixième part. Retiré à Versailles, il fut arrêté avec sa famille le 21 novembre 1793. Il resta emprisonné jusqu’à la chute de Robespierre.

Treuttel put acquérir en 1795 un immense parc à Groslay, en Seine-et-Oise. Il y construisit une demeure pour sa famille et en 1817, avec l’aide de son épouse, un hospice pour personnes âgées et une école pour les enfants de ce village catholique. De nombreuses sociétés de bienfaisance furent soutenues par Treuttel et Wurtz dont la fondation de charité du Ban-de-la-Roche. Les deux associés ouvrirent des souscriptions en cas de catastrophes survenues en Alsace, telles les destructions de villages pendant l’invasion de 1815 ou les inondations de 1824. Ils furent aussi ceux qui soutinrent la communauté luthérienne de Paris qui ne pouvait participer au culte que dans les chapelles de Suède et du Danemark. Avec quelques personnalités dont le baron Bartholdi © et les généraux Rapp © et Walther ©, ils obtinrent en 1808 la création du premier Consistoire de la confession d’Augsbourg, un lieu de culte et la nomination de deux pasteurs. Treuttel réunit la première assemblée du Consistoire ainsi que celle de la Société biblique de Paris. La Société de la morale chrétienne tint en 1821 sa première séance chez Treuttel et Wurtz ; elle fut présidée par La
Rochefoucault-Liancourt, puis par Benjamin Constant ©.

Bibliothèque de la Société de l’Histoire du Protestantisme français : Recueil des obsèques de Monsieur Jean George Treuttel ; A. Weber, L’Église évangélique de Paris de 1808 à 1908, Paris, 1908 (portrait, planche VIII); Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 888-889; E. Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, t. III, 1859-1861, p. 489 ; E. Tschaeche, « Johann Georg Treuttels Stammbuch », Die Vogesen, 1910 (lieu de conservation de l’original inconnu) ; M. Richard, « Les membres laïques du consistoire luthérien de Paris de 1808 à 1848 », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme français, t, 127, octobre-décembre 1981, p. 617-647 ; F. Barbier, « Une librairie internationale : Treuttel et Wurtz à Strasbourg, Paris et Londres », Revue d’Alsace, t. 111, 1985, p. 111-123; « La presse départementale en Révolution (1789-1799) », Cahier de l’Institut français de presse, n° 3, 1992, p. 185-263, Strasbourg; N. et P. Cénac, « Notes pour servir à une biographie de Jean-George Treuttel (1744-1826) », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme français, t. 146, octobre-décembre 2000, p. 731-742 (portraits de J. G. Treuttel et J. G. Würtz).

† Jean-Pierre Kintz (2001)