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TRAITEUR

Famille (C) de graveurs de cachets, de vignettes et d’ex libris du XVIIIe siècle. Certains membres pratiquèrent aussi la serrurerie et la ferronnerie d’art. Il est souvent difficile d’attribuer leurs travaux avec exactitude du fait qu’ils avaient l’habitude de ne signaler qu’une lettre de leurs prénoms. C’est le cas, entre autres, du grand sceau en cuivre avec les armoiries de Montbéliard, daté de 1750, ou de la vignette armoriée du marquis de Saisseval, signée Traiteur et datée de 1772. Les deux œuvres pourraient être attribuées soit à Jean Jacques © 2, soit à Pierre Christian © 5. On pourrait aussi attribuer le sceau de Montbéliard à Joseph © 3 et la vignette armoriée à Pierre Christian © 5.

  1. Jean Pierre,

graveur (★ Puttelange, Moselle, † Strasbourg 10.11.1742). Fils de Jean Michel Traiteur, mercier à Landau, Palatinat. ∞ 11.8.1698 à Strasbourg, cathédrale, Marie (parfois aussi appelée Marguerite) Élisabeth Stecher, de Spire, Palatinat. Traiteur acquit le droit de bourgeoisie le 18 mars 1699 et se fit inscrire à la tribu du Miroir (Livre de bourgeoisie, t. 4, p. 709). Au moins huit enfants sont issus de leur mariage parmi lesquels trois, Jean-Jacques © 2, Joseph © 3 et Pierre Christian © 5, exercèrent le métier de graveur tandis que Jean Charles © 4 devint serrurier d’art.

  1. Jean Jacques,

graveur (★ Strasbourg, cathédrale, 6.9.1699 † Strasbourg, Saint-Pierre-le-Jeune, 8.11.1773). Fils de 1. ∞ I Thérèse Poulet, ? || 14.11.1735 à Strasbourg, cathédrale, Anne Catherine Petit († Strasbourg, Saint-Pierre-le-Jeune, 29.12.1781), fille de Jacques Petit et de Marguerite Guillaume. Était locataire d’un terrain communal hors la porte Dauphine d’une trentaine d’ares (Archives municipales de Strasbourg, VII 26/15).

  1. Joseph,

graveur (★ Strasbourg, cathédrale, 26.4.1710 † Strasbourg, Saint-Pierre-le-Jeune, 26.3.1767). Frère de 2. ∞ 27.9.1751 à Strasbourg, Saint-Pierre-le-Vieux, Marie Véronique Kissel († Strasbourg 12 pluviôse An XI = 1.2.1803), fille de Jean Kissel et
de Marie Madeleine Pfeif(f)er, veuve de Joseph Traiteur. Condamné le 22 mai 1750 à une amende de 5 sols pour ne pas avoir pris part à l’élection du préposé de la tribu (Zunftmeister) (Échasse, t. 6 f° 77 r°). Selon M. Moeder, Joseph Traiteur aurait fourni l’apport le plus important aux ex-libris alsaciens dont deux portent la date de 1761. L’un a été gravé pour François Ignace Schwendt ©, futur député à l’Assemblée nationale et maire de Haguenau, l’autre pour Georges Louis Stanislas Hoffmann ©, juriste, stettmeistre de Haguenau en 1763. On doit aussi à Joseph l’ex-libris de Népomucène Fortunat, comte de Montjoie.

  1. Jean Charles,

serrurier d’art (★ Strasbourg, cathédrale, 4.5.1712 † Strasbourg, Saint-Pierre-le-Vieux, 30.6.1780). Frère de 3. ∞ 15.1.1748 à Strasbourg, Saint-Étienne, Marie Rosine Haas, originaire de Bohême, fille de Barthélémy Haas et deMarie NN. Des contestations éclatèrent entre luiet la veuve de Joseph © 3 en 1768 à cause de la mauvaise gérance du tutorat des enfants de Joseph (Archives municipales de Strasbourg, III 186/5).

  1. Pierre Christian,

graveur (★ Strasbourg, cathédrale, 18.11.1718 † Strasbourg, Saint-Pierre-le-Jeune, 7.4.1779). Frère de 4. Il est sans doute l’auteur de l’ex-libris signé C. T., gravé à l’eau forte, pour François Ignace Joseph Hoffmann ©, bailli de Benfeld en 1772 et bibliophile.

  1. Matthias Jacques,

graveur (★ Strasbourg, cathédrale, 13.8.1740 † 29.5.1810). Fils de 2 et d’Anne Catherine Petit. Délégué de la tribu de l’Échasse au Grand Sénaten 1789. Sans doute auteur de la réduction de la cathédrale en argent ciselé, signalée par
Sitzmann et Hermann, et de la médaille octogonale en argent exécutée en 1788 à l’occasion de la réouverture de l’atelier monétaire épiscopal de Porrentruy par l’évêque de Bâle, Joseph de Roggenbach.

  1. Charles Barthélémy,

serrurier (★ vers 1759 † 25.8.1824). ∞ Anne Marie (parfois Marie Catherine) Burckhard († Strasbourg 27.1.1806). Il fut admis le 19 février1776 (tribu des Forgerons t. 8) à se présenter à la maîtrise. Il dut exécuter un coffre-fort en fer (ein
eiserner Cassadrog),
décrit dans les moindres détails, pour lequel il disposait d’un délai de six mois. Selon Thieme-Becker, Charles serait aussi l’auteur d’un projet d’escalier, daté de 1819, qui serait conservé au Musée des arts décoratifs de Strasbourg. Un fils, Louis Ignace Ferdinand (★ 27.3.1793 † 22.4.1832) exerça également le métier de serrurier.

J. F. Hermann, Notices historiques, statistiques et littéraires, sur la ville de Strasbourg, Strasbourg, 1817, I, p. 134 ; A. Seyboth, Das alte Strassburg…, Strasbourg, 1890, p. 40 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 884 ; H. Haug, « Zur Geschichte des Strassburger Goldschmiedehandwerks 1362-1870 », XIV. Verbandstag deutscher Juweliere, Gold- und Goldschmiede, Strassburg vom 7.-11. August 1914…, Strasbourg, 1914, p. 54 ; L. Forrer, Biographical Dictionnary of Medallists coin… t. 6, 1916 ; K. Brun, Schweizerisches Künstlerlexikon, t. 4, Frauenfeld, 1917, p. 428-429 ; M. Moeder, « Les graveurs français et les ex-libris alsaciens du XVIIIe s. », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 1926, p. 206-209 ; H. Haug, L’Alsace romantique. Exposition…Château des Rohan, nov.-déc. 1930, n° 235 ; idem, La ferronnerie strasbourgeoise aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris-Strasbourg,1933, p. 13, 25, 37, 45, 46, 52 ; M. Moeder, Ex-libris alsaciens, 1934, p. 116 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, t. 33, p. 341-342 ; François Lotz, Artistes peintres alsaciens décédés avant 1800, Kaysersberg, 1994, p. 144.

Du point de vue généalogique, les renseignements qu’on trouve dans Thieme-Becker sont généralement exacts, mais incomplets. Ce qu’on peut lire ailleurs doit être vérifié, souvent corrigé et toujours complété. Il faut avouer que le dépistage des membres de la famille est souvent rendu difficile par la grande variété de l’orthographe du nom dans les registres paroissiaux : Tretteur, Tretör, Tretter, Trettherr.

† François-Joseph Fuchs (2001)