Skip to main content

TRACHENFELS (DRACHENFELS)

Famille appartenant à la classe dirigeante de Strasbourg au XVe et au début du XVIe siècle. Plusieurs membres figurèrent régulièrement au Grand Sénat comme représentants des sauniers et d’autres remplirent les fonctions d’ammeistres entre 1437 et 1518. Le nom originel était Schmit. Par la suite, la famille se dénomma d’après l’enseigne de la maison « zum Drachenfels » qu’elle habitait. Devenue famille dirigeante, les Trachenfels s’allièrent aux familles patriciennes de Strasbourg, entre autres aux Wurmser, Lymer et Blumenau. On y trouve aussi quelques dignitaires ecclésiastiques : Eucharius († 1450), était chanoine de Saint-Pierre-le-Jeune et Conrad était doyen du chapitre de Saint-Thomas en 1457. La filiation des membres de la famille Trachenfels est difficile à établir à cause de l’homonymie de certains prénoms et à cause du manque de renseignements précis d’état civil qu’on possède à leur sujet. Selon M. Alioth, ouvrage cité, les Trachenfels se seraient davantage enrichis par le commerce du vin que du sel. Au moins trois membres de la famille Trachenfels se prénommèrent Lienhart ou Leonhart. Lienhart Schmit zum Trachenfels représenta les sauniers au Grand Sénat dès 1402 (Hatt, p. 96). Il serait décédé en 1426 (Kindler, p. 373-374). Un autre (?) Lienhart, peut-être fils du précédent, est mentionné neuf fois au Grand Sénat entre 1422 et 1447, membre des Quinze en 1433, des Treize — non signalé comme tel par Hatt — de 1444 à 1448 et ammeistre en 1437, 1443 et 1449. Il aurait eu pour épouse Catharina Lymer (ou Leimer) († 1444) et serait mort en 1450 (selon B. Hertzog). Ce Lienhart a dû jouer un rôle politique important pendant la guerre des Armagnacs : il participa à des missions diplomatiques à Bruxelles (Archives municipales de Strasbourg, AA 190) et à Spire (Archives municipales de Strasbourg, AA 192). D’autre part, grâce à sa médiation, l’évêque Ruprecht der Pfalz (1440-1478) obtint une contribution en argent des chapitres de Saint-Thomas et de Saint-Pierre-le-Jeune (Archives municipales de Strasbourg, AA 1495). Il intervint également en 1448 dans un différend entre l’abbesse de Saint-Étienne et une chanoinesse de ce couvent (Archives municipales de Strasbourg, Il 70 b/38). Un troisième Lienhart († 1501), peut-être frère de Matern, apparaît au Grand Sénat, toujours comme représentant des sauniers, en 1484-1485,1488-1489, 1492 et 1496-1497 (Hatt, p. 556). Il aurait commandé le contingent strasbourgeois qui combattit à Neuss en 1475 (Brady, Protestant Politics…, p. 247). Hans († 1469), qui serait frère ou fils de Lienhart (ou Leonhard) Trachenfels, (d’après Lehr III, p. 467), aurait épousé Catharina Hapmacher, fille d’Andreas H. Hans était membre du Grand Sénat en 1438, 1448, 1450, 1454, 1456-1457, 1460-1461, 1466-1467 et ammeistre en 1452, 1458 et 1464. Il serait mort en 1469. Matern († 1491?, fils de Hans Trachenfels (d’après Lehr III, p. 467), Odilia von Kunheim ;† 22.9.1484) ; sans enfants. Représentant des sauniers au Grand Sénat en 1470-1471, 1474-1475, 1478-1479 et 1486-1487 (Hatt, p. 557) et ammeistre en 1483 et 1489. Connu comme actionnaire d’une société de mines de la vallée de Masevaux (Rott, Investigationes historicae I, p. 320 n. 41), commanda en 1473 le contingent d’hommes des paroisses de Saint-Étienne et de Saint-André susceptibles d’intervenir en cas d’incendies. Délégué de la ville de Strasbourg à la diète de Nuremberg en 1479. Une inscription commémorative rappelait le souvenir des deux époux à l’église Saint-André (Archives municipales de Strasbourg, Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg 176 f° 182 r°). Diebolt ? Agnes von Geispolsheim, fille de Jacob von Geispolsheim, ammeistre en 1424, 1434 et 1441, était membre du Grand Sénat en 1444 et 1453. Andréas († vers 1530 selon Brady, en 1524 selon Lehr), fils (?) de Hans Trachenfels et de Catharina Hapmacher. ? Irmel Schenk von Ehenheim († 1511) ; 5 filles dont Catharina († 1552) ? Paul Müg ; Ursula ? Johann von Blumenau ; Beatrix ? Lorentz Schenkbecher, père de Johann S. ©, connu par une importante fondation en faveur d’étudiants pauvres ; Aurelia ? Wurm von Geudertheim, puis Wolfgang Ryff (Reiff). Andreas Trachenfels représenta les sauniers au Grand Sénat (1490-1491, 1494-1495, 1510-1511, 1514-1515 et 1520-1521). Il fut directeur (Oberherr) de la tribu de la Mauresse à partir de 1518 et remplit les fonctions d’ammeistre en 1500, 1506, 1512 et 1518. Il fut, avec Sébastian Brant ©, curateur de la paroisse Saint-Martin et fonda avec lui la confrérie de Saint-Sébastien. Il figurait parmi les meneurs de l’action contre le chanoine Johann Hepp © et l’arrestation de celui-ci, mais n’adhéra pas pour autant à la Réforme. Il préféra renoncer, en 1524, à sa carrière politique pour raison d’âge et de santé et se retirer à la campagne plutôt que de servir le nouvel ordre des choses. Le nom de famille Trachenfels s’éteignit avec lui.

Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Ms 1058, f° 192 v° ; Archives municipales de Strasbourg, inventaire des séries AA, II, IV, V ; Archives municipales de Strasbourg, Chambre des contrats/références citées chez Brady) ; Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 176 f° 182 r° ; B. Hertzog, Edelsasser Cronick…, Strasbourg, 1592, Livre VIII, p. 76, 78, 87, 90 ; Lehr, L’Alsace noble, 1870, III, p. 336-338, 467-468 ; J.-J. Meyer, « La chronique strasbourgeoise », Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, t. 8, 1872, p. 154-158 ; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 373-374 ; H. Virck, Politische Correspondenz der Stadt Strassburg, Strasbourg, 1882, I, p. 16, n° 39 ; A. Seyboth, Das alte Strassburg, Strasbourg, 1890, p. 312 (passim) ; J. Hatt, Une ville du XVe siècle : Strasbourg, Strasbourg, 1929, p. 457 ; idem, Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg…, Strasbourg, 1963, p. 556, 626 (passim), 673 ; Th. A. Brady, Ruling Class, Regime and Reformation at Strasbourg 1520-1555, Leiden, 1978, p. 306-307, 433 (passim) ; J. Rott, Investigationes historicae…, Strasbourg, 1986, II, p. 683 (passim), 716 ; M. Alioth, Gruppen an der Macht. Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jh., Bâle, 1993, p. 74-75, 143, 415, 481, 482, 490, 549, 580, 642 ; Th. A. Brady, Protestant Politics. Jacob Sturm (1489-1553) and the German Reformation, New Jersey, 1995, p. 433 (passim) ; idem, Zwischen Gott und Mammon…, Berlin, 1996, p. 206.

† François-Joseph Fuchs (2001)