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TOUVET

Famille (C) originaire de Belfort et installée à Ferrette depuis la fin du XVIIIe siècle. Exerçant le métier de tanneur, les membres de cette famille furent des notables de Ferrette et de Leymen.

  1. François,

« médecin physicien des ville et bailliage de Ferrette » († Ferrette 7.10.1792). Fils de Jean-Baptiste Touvet, tanneur, conseiller au Magistrat de Belfort, et de Thérèse Jussserand. ∞ Marie Anne Roland (★ 1748 † Ferrette 18.8.1838). Médecin physicien des ville et bailliage de Ferrette à la fin de l’Ancien Régime (l’acte de décès se trouve dans le registre des naissances). Sa fille Marie Joseph épousa le 2 messidor an IV à Ferrette Joseph Aloyse Sylvestre Vogelweit, chirurgien major de la Garde nationale sédentaire du canton de Ferrette.

  1. Jean-Baptiste,

maire de Ferrette (★ Belfort 4.9.1761 † Ferrette 9.6.1831). Frère de 1. ∞ 15.6.1785 à Ferrette Véronique Gurlin, fille d’Antoine Gurlin et de Marie Ursule Deiss, de Ferrette. Maître-tanneur et marchand, il devint agent municipal de Ferrette (an IV-V) ; il démissionna parce que son métier l’accaparait trop. On le trouve encore comme adjoint, démissionnaire en 1808. Il fut nommé maire en 1813, puis démissionna derechef. Il fut élu maire pendant les Cent Jours, le 25 mai 1815. La Restauration en fit un conseiller d’arrondissement (10 juin 1816). Il était démissionnaire vers 1830. Il avait été nommé membre de la Société d’agriculture, représentant le canton de Ferrette (1819). Sa fille Catherine épousa le 14 juillet 1807 à Ferrette Jean-Baptiste Wendling, maire du chef-lieu cantonal de Landser (brumaire an XIV – janvier 1808). Son autre fille Marie Anne épousa le  4 novembre 1816 à Ferrette Louis Limbourg, officier retraité, chevalier de la Légion d’honneur, négociant à Ferrette, originaire de Liège, Belgique, proposé pour la place de conseiller municipal à Ferrette, par le nouveau pouvoir, en septembre 1830. Quant à son fils Xavier Paul (? Ferrette 24 pluviose an XIII = 13.2.1805), il s’installa à Belfort où il était négociant.

Archives départementales du Haut-Rhin, 2 M 3, 2 M 39, I Z 59 ; P. Madenspacher, Notables d’autrefois. Les maires de I’ex-arrondissement d’Altkirch (an VIII-1832), maîtrise, Strasbourg II, 1980, p. 211-212, 428.

  1. Jean-Baptiste,

maire de Leymen (★ Ferrette 11.2.1793 † Leymen 17.11.1830). Fils de 2. Tanneur et propriétaire. ∞ 29.9.1813 à Leymen Marie-Anne Dopler, fille de Joseph Dopler Fritzen, cultivateur-propriétaire, maire de Leymen (février 1808-janvier 1813), et de Marie-Anne Fritz. Maire de Leymen de mars 1826 à sa mort. Il était soutenu par le curé du lieu qui avait favorisé sa nomination.

P. Madenspacher, Notables d’autrefois…, op. cit., p. 397.

     4. André,

maire de Ferrette, conseiller d’arrondissement (★ Ferrette 26.12.1798 † Ferrette 13.8.1869). Frère de 3. ∞ I 10.1.1821 à Altkirch Marie-Anne Wintzer († Ferrette 7.4.1834), fille de Valentin Wintzer, propriétaire et marchand de vin en gros, conseiller municipal d’Altkirch, et d’Anne-Marie Wolf. ∞ II Victoire Meister. Marchand tanneur et propriétaire à Ferrette. Conseiller d’arrondissement pour le canton de Ferrette (1833-vers 1847/1848). Nommé membre du Comité supérieur d’instruction primaire (1840). En 1852, il se présenta à nouveau, mais fut battu par François-Joseph Boehler. Élu conseiller municipal de Ferrette en novembre 1834, il devint maire en juin 1835, démissionna le 24 juillet 1841. Touvet reprit ses fonctions de maire en juin 1842. Au moment de la Révolution de 1848, lors des troubles antisémites, Touvet paya de sa personne et fit son possible afin d’arrêter les dévastations. Dans un premier temps les nouvelles autorités voulurent conserver Touvet à son poste de maire, « son influence qui (…) est immense et fondée sur des bases toutes morales pouvant causer des embarras graves dans le canton de Ferrette si le gouvernement venait à le révoquer ». Cette solution fut appliquée en avril 1848 parce qu’il lui fut reproché d’avoir joué un rôle actif dans l’élection d’André Koechlin ©. Cependant, peu après avoir fait du prosélytisme en faveur de Koechlin, Touvet se ravisa et manifesta publiquement ses regrets. L’action de Touvet provenait d’un « attachement irréfléchi » envers Koechlin et non pour satisfaire « un intérêt condamnable et sous l’impression du fanatisme politique ». Il fut remplacé par le notaire socialiste Philibert Cassal ©, futur conseiller général, dès avril 1848. Il retrouva son poste de maire en juillet 1852, après la révocation de Cassal. Touvet était aussi premier suppléant du juge de paix du canton de Ferrette ; dans cette dernière fonction, il eut des démêlés avec le juge Rothéa, ce qui lui valut une lettre de blâme de la part du préfet et sa révocation comme suppléant. L’administration lui reprocha son manque d’empressement à collaborer avec les fonctionnaires (commissaire, juge) et son attitude hautaine motivée, entre autres, par le fait qu’il était le beau-père du notaire Matter et du garde général des forêts Voirin. L’avertissement préfectoral motiva sa démission de maire en date du 19décembre 1862 ; il conserva  son poste de conseiller municipal jusqu’à son décès. Sa fille Joséphine, sœur jumelle de Charles © 5, épousa le 10 janvier 1854 à Ferrette François Joseph Frédéric Matter, de Sierentz, notaire à Ferrette. Une autre fille, issue du second lit, Mélanie Victoire, épousa la 25 janvier 1860 à Ferrette le garde général des forêts Nicolas Ernest Voirin, originaire de Raon-l’Étape.

Archives départementales du Haut-Rhin, 2 M 27, 31, 33, 59 ; 1 Z 113 pièces 27, 38 ; 1 Z 130 pièces 78, 88 ; G. Claerr-Stamm, M. Glotz, P. Madenspacher, J. Zimmermann, Le prieuré, l’hôpital et le cimetière de Saint-Morand d’Altkirch, Société d’histoire du Sundgau, 1995, p. 263.

  1. Charles,

adjoint au maire de Ferrette (★ Ferrette 14.5.1830 † Ferrette 21.10.1887). Fils de 4. ∞ 4.8.1857 à Ferrette Françoise Rosalie Christe (★ Vendlincourt, canton du Jura, Suisse, 21.12.1829 † Ferrette 6.11.1902), rentière, fille de Léonard Christe, juge de paix, et de Marie-Madeleine Girard, de Vendlincourt. Maître-tanneur, Touvet devint conseiller municipal lors des élections du 19 septembre 1869. Nommé adjoint par l’administration allemande le 9 octobre 1871, il opta pour la nationalité française en septembre 1872, démissionna de ses fonctions de conseiller municipal et d’adjoint, mais n’émigra point. L’administration allemande le releva de ses fonctions en janvier 1873. Il fut derechef élu conseiller le 30 juillet 1876. En juillet 1885, les autorités le proposèrent pour la place d’adjoint, mais il refusa.

Archives départementales du Haut-Rhin, Purgatoire 25 566 Ferrette.

  1. Charles Eugène,

prélat (★ Ferrette 5.11.1835 † Mulhouse 3.10.1913). Frère consanguin de 5. Après des études à Thann et Colmar, il entra au séminaire de Strasbourg (1854-1859) et fut ordonné en 1859. Il obtint un double doctorat de théologie et de droit après des études à Rome (v. 1859-1862). Par la suite, Touvet fut pendant de longues années précepteur auprès de grandes familles aristocratiques : chez le comte Gyula Apponiÿ, à Bratislava, puis chez le comte de Jonghe d’Ardoye, envoyé belge à la cour de Vienne, ainsi que dans la famille comtale de Méus, à Bruxelles. Il fut également, pendant six ans, chapelain au château du comte Raczynski à Bregenz, Vorarlberg, Autriche. De 1893 à sa mort, il fut l’aumônier de l’établissement des sœurs de Niederbronn, à Mulhouse (sœurs du Très Saint-Sauveur). Il était camérier d’honneur de SS le Pape.

Ordo divini Officii, Strasbourg, 1907, p. 37*, 66* ; Oberelsässische Landes-Zeitung, n° 230, 233, des 3 et 7.10.1913.

  1. Louis Charles,

maire de Ferrette, conseiller général (★ Ferrette 18.5.1864 † Ferrette 8.4.1927). Fils de 5. ∞ 15.1.1901 à Habsheim Lina Caroline Schmitt (★ Habsheim 2.3.1869 † Ferrette 8.12.1949), fille de François Schmitt, commerçant, et de Caroline Hueber, de Habsheim. Maître-tanneur. Nommé maire de Ferrette en septembre 1911, en remplacement de son cousin germain par alliance, Henri Nass décédé (il était l’époux de Marie Charlotte Joséphine Matter, † Ferrette 1.1.1898). En tant que maire, Touvet se montra loyaliste envers les autorités allemandes : en 1912, 1913 et 1914, il participa aux fêtes commémoratives de l’anniversaire de Guillaume II. Lors de ces fêtes, en 1912, il tint la Festrede, en 1913, il porta un toast au Kaiser ; en 1914, malgré l’affaire de Saverne, dont les vagues s’étaient affaiblies en Haut-Sundgau, il organisa un dîner et porta encore un toast à l’empereur. Élu conseiller général, en novembre 1911, avec le soutien du parti centriste, suite au décès de Xavier Oser ©. À partir du 1er décembre 1912, il tint à Ferrette l’agence de la Gewerbebank d’Altkirch, devenue après la guerre Banque populaire d’Altkirch. Membre du comité du comice agricole de l’arrondissement d’Altkirch avant 1914. Le conseil de guerre extraordinaire de Mulhouse le condamna, le 8 septembre 1915, à trois semaines de prison pour manifestation anti-allemande. En septembre/octobre 1915, il fut remplacé comme maire par un de ses prédécesseurs, Erwin Kern. Il reprit possession de la mairie de Ferrette de novembre 1918 à sa mort. Membre de l’UPR, il fut élu en 1919 conseiller général canton de Ferrette et le resta jusqu’en 1927. Lors de son décès, on souligna ses qualités de bon français. Croix de Guerre et Palmes académiques.

Altkircher Kreisblatt, n° 78, 30.9.1911, n° 93, 22.11.1911 ; n° 9, 31.I.1912, n° 10, 3.2.1912, n° 57, 96 et 99, des I7.7, 30.11.et 11.12.1912 ; n° 10, 1.2.1913 ; n° 9, 31.1.1914 ; Express, n° 265, 14.11.1911, n° 271, 21.11.1911, n° 286, 12.12.1919 ; Journal de Mulhouse (ex-Mülhauser Tagblatt), n° 286 et 292, des 12 et 19.12.1919 ; Journal du Sundgau, n° 30, 16.4.1927 ; L’Alsace française, 30.9.1934, t. XXVIII, n° 710-714, p. 654 ; Bachmann, Dreyer, Wilsdorf, Les conseillers généraux du Haut-Rhin 1833-1981, Archives départementales du Haut-Rhin, 1981, p. 25 ; documentation Mairie de Ferrette.

Patrick Madenspacher (2001)