Industriel, homme politique, préfet, (PI) (★ Paris 5.6.1811 † Colmar 12.2.1888). Fils de Jacques Frédéric Nicolas Titot (fils) ©. ∞ Ève Adolph (★ Scharrachbergheim 26.3.1830 f Colmar 13.8.1901), fille d’Ève Jacques Frédéric Nicolas (fils), plus tard mariée avec Jonathan Bastian. Après des études secondaires à Strasbourg, Titot suivit des cours de peinture dans l’atelier de Paul Delaroche à Paris. Influencé par son oncle Nicolas Haussmann ©, ancien conventionnel devenu négociant à Paris, il s’engagea dans la politique avec les républicains. Au lendemain de la Révolution de 1830, il adhéra à la Société des Droits de l’Homme où il milita activement, et fit rapidement partie du comité directeur avec Cavaignac et Voyer d’Argenson. Il cosigna avec ceux-ci le célèbre manifeste publié en 1833 par la Société. En avril 1834, il figura au nombre des accusés du procès contre les dirigeants du Parti républicain et fut détenu un moment à la prison Sainte-Pélagie. De retour en Alsace, il entra en 1844 dans la nouvelle société formée par son père, sous la raison Titot père & fils, pour l’exploitation des manufactures installées dans les maisons centrales d’Ensisheim et de Haguenau. Candidat de la gauche républicaine aux élections du 23 avril 1848 à l’Assemblée constituante, il échoua, n’étant encore guère connu du corps électoral haut-rhinois. Cependant, le gouvernement le nomma préfet de la Haute-Vienne le 7 août 1848. À ce poste, il ne tarda pas à gagner l’estime de la population ouvrière et suscita notamment la création d’une société coopérative à la manufacture de porcelaine de Limoges. Déçu par l’élection, le 10 décembre 1848, du prince Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, scrutin auquel s’était également présenté son ami Cavaignac, Titot donna sa démission et fut remplacé le 10 janvier 1849. Il se retira d’abord à Paris comme négociant en toiles pour le compte des établissements Haussmann du Logelbach, avant de venir s’établir à Colmar en 1866 comme associé-gérant des manufactures Haussmann, Jordan, Hirn & Cie. Il devint rapidement aussi un membre influent de la Société industrielle de Mulhouse et de la Société d’histoire naturelle de Colmar. En 1867, il prit part à la création du groupe colmarien de la Ligue de l’Enseignement de Jean Macé ©, dont il devint le président en 1870. Également affilié à la loge maçonnique « La Fidélité », il en devint le vénérable en 1870 et le resta jusqu’à la suppression de cet atelier « francophile » en 1872. Entré au conseil municipal de Colmar le 30 octobre 1869, il fut maintenu dans la commission provisoire le 12 octobre 1870, puis réélu le 29 juillet 1871. Élu député du Haut-Rhin le 8 février 1871, il siégea avec les protestataires de la Chambre de Bordeaux, puis donna sa démission de l’Assemblée. Après être revenu un moment à Paris, il se consacra ensuite exclusivement à la gérance des manufactures Haussmann, dont il se retira en 1880.
Archives municipales de Colmar, état-civil ; A Archives nationales N, F AB 1, 174 (9), dossier personnel de préfet ; L’Express du 13-14.2.1888 ; Journal de Colmar du 16.2.1888 ; Affiches alsaciennes du 16.2.1888 ; Frédéric Titot, Colmar, 1888 (brochure nécrologique) ; A. Scheurer-Kestner, « Les représentants de l’Alsace et de la Lorraine à l’Assemblée nationale de Bordeaux », Revue alsacienne, 1887, p. 289-291 ; Chauffour, « Frédéric Titot », ibidem, 1888, p. 277-281 ; E. Edighoffen, Zur Geschichte der Colmarer Freimaurerloge, Strasbourg, 1912, p. 21-27 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 878-879 ; A. Koenig, « Frédéric Auguste Titot, grand Colmarien d’adoption », Dernières Nouvelles d’Alsace du 9.6.1961 ; René Bargeton et alii, Les préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870. Répertoire nominatif et territorial, Paris, Archives Nationales, 1981, p. 288 ; J. Valynseele, Haussmann. Sa famille et sa descendance, Paris, 1982, p. 86 ; G. Braeuner, « Les archives du groupe colmarien de la Ligue de l’Enseignement », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1983, p. 121, 134 ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 7349.
Jean-Marie Schmitt (2001)