Général, maire (★ Bressolles, domaine de Rose, Allier, 29.3.1773 † Haguenau 19.11.1835 ; monument funéraire au cimetière Saint-Nicolas). Fils de Jean Theuraud, laboureur, et de Marie Besson, fille d’un marchand de Vouroux-les-Varennes. ∞ 9 nivôse an XI (30 décembre 1802) à Haguenau Barbe Salomé Kreutter, fille unique de Jean Baptiste Kreutter, procureur du grand- bailliage de Haguenau, et de Marie Barbe Boyet, issue d’une famille de propriétaires fonciers haguenoviens ; sans enfant. Engagé au régiment d’Angoulême à Moulins le 3 mars 1791, Thurot y apprit à lire, à écrire et à compter. Il fut nommé grenadier dès le 16 avril 1792. C’est sous le commandement de La Fayette qu’il fut blessé pour la première fois le 11 juin 1792. Première blessure de la vingtaine dont il pourra s’honorer et s’enorgueillir tout au long de sa carrière. Lors de la bataille de Valmy le 20 septembre 1792, il fut blessé une deuxième fois. Le 20 mars 1793. il passa au 69e régiment de Hussards où il fut nommé brigadier le 15 avril 1793. Fait prisonnier le 31 octobre 1793, il s’évada le 8 février 1794 puis participa, sous les ordres de Pichegru, à la guerre de Hollande (Nimègue, Bommel, Grave). Le 31 mai 1796, il fut nommé maréchal des logis au régiment de la Légion des Francs nouvellement créé et participa aux combats de l’Armée d’Allemagne (Kempten, Munich, Zurich). Hoche le nomma sous-lieutenant le 22 septembre 1796. Il participa alors à l’expédition d’Irlande qui avorta en vue des côtes de l’île. Le 26 octobre 1797, il passa aux Guides d’Allemagne, sous le commandement d’Augereau. Mais ce régiment fut dissout et le 11 septembre , il passa au 89e régiment de Hussards. Il participa à la campagne d’Helvétie ; elle aboutit à l’écrasement des Russes à Zurich sous le commandement de Masséna. Il fut nommé lieutenant le 20 février 1800 en reconnaissance de ses actes de bravoure. En garnison à Haguenau, il fut nommé capitaine (1803). En 1804, Thurot se trouva au camp de Boulogne où il préparait l’invasion de l’Angleterre. Le 2 décembre 1805, il participa à la bataille d’Austerlitz, le 14 Octobre 1806 à Iéna et à Auerstedt, le 7 février 1807 à Eylau, le 10 juin à Heilsberg, le 14 juin à Friedland et le 15 juin 1807 à Koenigsberg. Le 22octobre 1808, il fut nommé chef d’escadron. Après un bref retour à Strasbourg, il participa de 1809 à 1812 aux campagnes d’Espagne et du Portugal. Le 29 décembre 1812, Thurot fut nommé chef d’escadron au 29e régiment de Chevau-Légers de la Garde Impériale, avec qui il participa à la campagne de Saxe (Dresde, les 26-27 août 1813, Leipzig le 16 octobre 1813). Il fut nommé colonel du 89e régiment de Hussards à Leipzig. De retour à Strasbourg, il participa à la défense de la ville contre les alliés de la sixième coalition. Ses actes de bravoure durant le siège lui valurent d’être nommé général de brigade le 5 mars 1814 par Roederer, commissaire extraordinaire de l’Empereur, sous réserve de confirmation par Napoléon, mais celui-ci abdiqua avant cette confirmation. Le nouveau régime mit 22.000 officiers en demi-solde, dont Thurot à compter du 1er août 1814. Colonel le 18 octobre 1814, colonel du 149e régiment de Dragons à Haguenau. Lors des Cent-Jours, il se rallia immédiatement à l’Empereur et le 19 avril 1815, il fut nommé colonel du 12e régiment de Cuirassiers ainsi que baron. Le 18 juin 1815, à Waterloo, il fut nommé général, mais Napoléon ne put signer le brevet! Le 18 janvier 1816, Thurot fut licencié et se retira à Haguenau. Le 11 octobre 1820,après de vains efforts pour reprendre du service, il fut mis à la retraite pour ancienneté de service (30 ans). À Haguenau, il s’installa dans la maison de sa femme. Le 1er avril 1820, décédait le maire de Haguenau, Félix Antoine Weinum ©. Dans les villes de plus de 3.000 habitants, le maire était nommé par le gouvernement. Thurot fut poussé par certains de ses concitoyens à postuler à ce siège devenu vacant. Après quelques péripéties, Thurot fut nommé maire par une ordonnance de Louis XVIII le 10 août 1820. Après le décès du maire, Félix Antoine Weinum (1er avril 1820), Thurot postula à ce siège et fut nommé maire, grâce au soutien du préfet du Bas-Rhin Decazes, frère du président du Conseil, qui le jugea « homme d’honneur », par une ordonnance de Louis XVIII, le 10 août suivant. L’argument essentiel du préfet en faveur de Thurot était que « la population influente de Haguenau est partagée depuis longtemps entre deux principales familles qui se combattent en toute occasion… C’est donc un avantage… que Mr Thurot… n’appartienne pas par des liens plus intimes à la ville ». Il assainit les finances catastrophiques de la commune, régla définitivement, en 1828, un litige opposant la ville à l’État depuis 1785 (financement et construction de l’hôpital civil et militaire, actuellement Institut universitaire de technologie et médiathèque). Il redressa également la situation financière de l’hôpital. Il a été, à titre personnel, un des premiers à contribuer à l’essor de la culture du houblon en faisant planter dans ses propriétés 5 à 6000 pieds de houblon.
Durant les 10 années de son mandat, il obtint des résultats brillants, dus à son honnêteté, son intégrité et ses actions … « à la hussarde ». Il assainit les finances de la commune, régla définitivement en 1828 un litige opposant la ville et l’État depuis 1785 (financement et construction de l’hôpital civil et militaire, actuellement Institut universitaire de technologie et médiathèque). Il redressa également la situation financière de l’hôpital. Il a été, à titre personnel, un des premiers à contribuer à l’essor de la culture du houblon en faisant planter dans ses propriétés 5 à 6000 pieds de houblon.
Le 23 mai 1825, Thurot fut nommé maréchal de camp honoraire, ce qui lui permit d’être appelé général. Critiqué pour son comportement et privé du soutien de l’administration, il démissionna le 29 août de son poste de maire après la Révolution de juillet 1830. Il rejoignit Paris et retourna à la vie militaire active. Relevé de sa retraite le 23 avril 1831, il obtint le commandement et le poste de colonel de la 14e légion de gendarmerie à Carcassonne. Blessé en 1833, à Perpignan, en protégeant le préfet lors d’une échauffourée, il fut mis définitivement à la retraite le 8 mai 1835 et retourna à Haguenau. Chevalier de la Légion d’honneur (14 juin 1804 au camp de Boulogne) ; chevalier de l’ordre de Saint-Louis (24 août 1814).
En 1815, Thurot, baptisé Turau, ajouta une « h » à son patronyme pour se différencier d’un commissaire de police Turot, auteur d’un rapport injurieux sur la Grande Armée. Il ajouta également le prénom de Charles à son propre prénom, en souvenir d’un de ses amis mort à Waterloo.
Archives historiques de l’Armée, série II, dossier 2605 ; Archives municipales de Haguenau, fichier « Patronymes », dossier Thurot ; liasse K. a. 4 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 895-896 ; G. Imbault, Un cavalier légendaire de l’Empire – Le général Nicolas Thurot (1773-1835). Le petit berger bourbonnais qui devint baron de l’Empire et maire de Haguenau en Alsace, Moulins, 1965, rééd. 1998 ; Ch. Mull, Une industrialisation manquée. Histoire économique et sociale de Haguenau de 1789 à 1870, thèse de doctorat de 3e cycle, 1974, 3 tomes, t. I ; R. Desbordes, « Du Bourbonnais à Haguenau. Le général Nicolas Thurot (1773-1835) », Le Souvenir Napoléonien, n° 412, p. 67-72.
Portrait : en uniforme de capitaine du 8e régiment de Hussards (coll. particulière) ; portrait au pastel par le peintre flamand Boos réalisé en l’an XIII.
Jean-Paul Grasser et Michel Traband (2001 et 2006)