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THOMASSIN Michel

Homme politique, (C) (★ Belfort 5.7.1748 † Strasbourg 31.1.1821). Fils de Joseph Thomassin, avocat, et d’Anne Turgant. ∞ I 12.4.1774 Thérèse Lohmeyer, belle-sœur de Bernard Chouard ©. ∞ II 8.5.1797 Éléonore Mathieu, sœur de Michel,
Gaétan et Jacques Mathieu ©. Huissier royal ou appariteur royal (apparitor regius selon le premier acte de mariage), il devint avocat au Conseil souverain d’Alsace à Colmar, en 1775, après une licence de droit à Strasbourg. En 1779, il retourna à Strasbourg et se fit inscrire parmi les avocats au Directoire de la noblesse. À la veille de la Révolution, il faisait partie du petit cercle d’intimes qui se réunissaient autour de Frédéric de Dietrich © et partageaient ses idées libérales ; il allait compter parmi ses plus fougueux partisans. En janvier 1790, il participa à la fondation de la Société des Amis de la Constitution à Strasbourg. En février, il fut élu au conseil municipal de la ville aux côtés de Frédéric de Dietrich, qui lui confia la responsabilité de la police générale et qui, en outre, l’envoya à Paris d’octobre 1790 à février 1791 en qualité de député extraordinaire du commerce de Strasbourg à une époque où la loi sur le recul des « barrières » (douanières) jusqu’à la frontière faisaient perdre à l’Alsace sa situation privilégiée. Il réclamait notamment la libre culture du tabac et sa libre importation. En mars 1791, il participa à l’application de la constitution civile du clergé et recueillit les prestations de serment des religieux dans les couvents de Strasbourg. En août, il fut nommé directeur départemental de la nouvelle régie de l’Enregistrement et des Domaines, fonction qu’il conserva pendant de longues années. Il fut un des principaux protagonistes des événements politiques qui se déroulèrent à Strasbourg au cours de l’été 1792 : rédacteur de l’adresse au roi du 8 août, ainsi que de l’adresse de compromis votée par les trois corps administratifs le 15 août, il fut amené à prendre à plusieurs reprises et avec vigueur la défense de Frédéric de Dietrich, notamment le 15 juin et le 22 août. À propos de la séance du 22 août, le jacobin Philibert Simond © a écrit : « Thomassin est monté sur les bancs et, y ayant fait monter le maire, a dit : au nom de toute la commune, je déclare que M. le maire n’est et ne sera jamais cassé ; je l’embrasse au nom de toute la commune et promets de ne pas m’en séparer ; et tout le monde a crié bravo ». Aux élections de septembre 1792, il fut élu suppléant à la Convention et en décembre réélu au conseil municipal de Strasbourg. Mais en janvier 1793, il fut suspendu de ses fonctions municipales, révoqué de son poste de directeur des Domaines et déporté à l’intérieur du pays en tant que partisan de l’ancien maire. Le 24 février, il était, à Besançon, premier témoin de la défense au procès de Frédéric de Dietrich. Il n’hésita pas ensuite à aller à Paris réclamer le 17 mars à la barre de la Convention contre les destitutions et déportations. Il obtint temporairement gain de cause, mais les poursuites contre le parti de l’ancien maire reprirent rapidement. En juin, après la fermeture de l’entreprise d’imprimerie édition qu’il avait fondée à Strasbourg avec Xavier Levrault ©, il fut emprisonné au Séminaire, mais relâché quelques semaines plus tard, après l’intervention en sa faveur de la sixième section de la commune de Strasbourg, qui s’indigna que l’on ait osé emprisonner « l’un des premiers auteurs de la Révolution dans cette ville, l’un de ses plus constants et de ses plus courageux soutiens ». En juillet, il fut relégué à Framont, dans les Vosges, chez son neveu Louis Champy ©. En novembre, Euloge Schneider © lança un nouveau mandat d’arrêt contre lui, mais prévenu à temps, il parvint à s’échapper et vécut dans la clandestinité. Il passa le Rhin et, après quelques mois, séjourna à Montlhéry, puis à Bayonne. Ses amis lui proposèrent de prendre le siège de député à la Convention devenu vacant, et auquel il avait droit en qualité de suppléant. Il revint à Strasbourg en avril 1795 pour se faire rayer de la liste des émigrés et retrouva son poste de directeur des Domaines en juin 1796. En 1799, il publia chez Levrault des Réflexions sur la situation actuelle de la République française et, l’année suivante, un Essai sur les rentes foncières. En août 1800, il fut nommé au Conseil général du Bas-Rhin et, la même année, devint actionnaire des Forges du Bas-Rhin, aux côtés de J. A. F. de Dietrich © et de plusieurs parents et amis. Sous l’Empire, le maréchal Kellermann © lui confia la gestion de ses domaines alsaciens. En 1811 et 1812, il présida le Conseil général du Bas-Rhin, où il siégea de 1800 à 1816. Maintenu dans ses fonctions de directeur des Domaines sous la première Restauration, il en fut relevé à l’automne 1815, après avoir été dénoncé comme bonapartiste. Sous la seconde Restauration, il se présenta sans succès à plusieurs élections et publia en 1819 des Considérations générales sur les contributions et sur le système des contraventions chez l’imprimeur Dannbach ©.

Œuvres en bonne part inédites : Observations sur la culture du tabac (Ms) ; Réflexions sur la situation actuelle de la République française, Strasbourg, 1799 ; Essai sur les rentes foncières, Strasbourg, An IX, Sur la nation judaïque (Ms) ; Les souvenirs du bon vieux temps (Ms) ; Sur les mœurs révolutionnaires des Français (Ms) ; Considérations générales sur les contributions et sur le système des contraventions, 1819.

Archives nationales, F1B II BR1, F1 cV BR2, F7 3645-4, F7 5560 (dossier d’émigré) ; Archives départementales du Bas-Rhin, 133 L 81, 38 J 151 ; Archives municipales de Strasbourg (registres municipaux) ; Archives de Dietrich, cartons 63-64 ; Archives départementales du Doubs, L 2686 (procès de Dietrich) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 872-873 ; P. Holtzapffel, Le portefeuille de M. Thomassin, 1904 ; E. Barth, Notes biographiques sur les hommes de la Révolution à Strasbourg, p. 140 et s. ; R. Reuss, L’Alsace pendant la Révolution, II, p. 94, 119 et 126 ; E. Seinguerlet, Strasbourg pendant la Révolution, p. 14, 38, 130 et 135 ; F. L’Huillier, Recherches sur l’Alsace napoléonienne, p. 137 et s. ; P. Leuilliot, La première Restauration et les Cent-Jours en Alsace, p. 20 ; idem, L’Alsace au début du XIXe siècle, I, p. 23, 228 et 232, II, p. 314-315 ; CNRS, Grands notables du Premier Empire – Bas-Rhin, 1984, p. 37 ; P. Champy, « Frédéric de Dietrich, Michel Thomassin et Claude Champy », Saisons d’Alsace, n° 91, p. 45 et s. ; E. Bernardin, Strasbourg et l’institution de l’état-civil, 1986, p. 156.

Philippe Champy et Louis Schlaefli (2001)