Prêtre réfractaire, victime de la Révolution, (C) (★ Guebwiller 17.8.1742 † Colmar 11.12.1793). Fils de Joseph Thomas, boulanger, et de B. Dietrich. Il fit des études chez les Jésuites de Rouffach, puis de théologie au couvent des Dominicains de sa ville natale, avant d’entrer au Séminaire de Porrentruy et d’être ordonné prêtre le 27 mai 1768. De complexion délicate, il ne put être employé dans le ministère. Retiré dans sa famille, il mena une vie consacrée à la piété, à la charité et à des recherches en chimie. Ses connaissances en ce domaine lui permirent de venir en aide aux malades. Comme il n’avait pas exercé de fonctions publiques, il n’était pas astreint au serment à la constitution civile du clergé et n’aurait donc pas dû être inquiété. Mais il resta au pays et exerça le ministère en secret dans les alentours de Guebwiller, notamment à Rimbach-Zell. Prévenu d’être un émigré rentré sur le territoire de la République, ce qui n’était pas le cas, il allait néanmoins être pourchassé. En juillet 1793, il tomba dans un piège alors qu’il se rendait auprès d’un moribond à Munwiller. Incarcéré à Rouffach, il parvint à s’évader. Arrêté une seconde fois au domicile de sa sœur, à Guebwiller, le 6 décembre suivant, il fut emmené à Colmar, emprisonné, condamné comme émigré rentré par le tribunal criminel le 21 frimaire an 2 (11 décembre 1793) ; il tombait en réalité sous le coup de la loi du 21 octobre 1793 contre les ecclésiastiques non assermentés, déclarés sujets à la déportation, qui, cachés en France, trouvés sur le territoire de la République, étaient réputés émigrés. Il fut guillotiné le même jour.
Sources manuscrites : A. Nebel, Biographie de feu l’abbé Thomas de Guebwiller, Ms., 7 p., jadis conservé au presbytère Notre- Dame de Guebwiller, publié par R Stintzi, « Joseph Thomas, ein oberelsässicher Priestermärtyrer », Die Heimat, V, 1925, p. 148-150 ; Descharrières, Les nouveaux martyrs du (nouveau) diocèse de Strasbourg, 1817 (Bibl. Grand Séminaire, Ms 62, p. 42-55).
Bibliographie : Carron, Les confesseurs de la foi dans l’Église gallicane, à la fin du dix-huitième siècle..., Paris, 1820, IV, p. 220- 228 ; Martyrologe du clergé français pendant la Révolution, Paris, s.d. (1914), p. 406 ; L. Winterer, La persécution religieuse en Alsace pendant la Grande Révolution…, Rixheim, 1876, p. 260-262 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 870-871 ; A. Schaeffer, « Abbé Thomas, der Märtyrer von Gebweiler… », Neuer Elsässer-Kalender für das katholische Volk, 1915, p. 73-84 ; J. Lévy, « Le prêtre Jos. Thomas de Guebwiller, martyr de la grande révolution », Bulletin eccésiastique du diocèse de Strasbourg, 1924, p. 544-550 ; L. Ehret, « Der Märtyrer-Priester Joseph Thomas von Gebweiler », Die Heimat, V, 1925, p. 274-276 ; L. Ehret, « Aus der Revolutionsgeschichte der Stadt Gebweiler. Zwei Charakterbilder », Elsassland, 11, 1931, p. 115 ; X.-J. Thomann, « Quelques jugements du Tribunal Criminel de Colmar en l’an deux », Revue d’Alsace, LXXVIII, 1931, p. 509, 523-524 ; idem, « Deux illustrations de Guebwiller », Revue d’Alsace, LXXXI, 1934, p. 290-291 ; A.-C. Sabatier, Les tribunaux révolutionnaires en Province, Paris, Lethielleux, s.d., I, p. 368 ; Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace sous l’Ancien Régime 1648-1792, p. 332, n° 5081.
Pièces de théâtre : J. Buhr, Joseph Thomas, Der erste Märtyrerpriester der großen Revolution im Elsass, enthauptet den 11. Dezember, 1793. Dramatischer Versuch, Mulhouse, 1894 ; A. Schaeffer, Abbé Thomas, der Märtyrer von Gebweiler. Historisches Drama in 5 Akten, 23 p. dact. (Bibl. Grand Séminaire, Ms 2752/3).
Louis Schlaefli (2001)
