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SYFER Conrad

Sculpteur de la fin du XVe siècle originaire de Sinsheim, Bade. Il existe une réelle confusion à propos de cet artiste, encore nourrie par l’homonymie de son nom et de celui de Hans Syfer ou Seyfer de Heilbronn ou de Heidelberg, auteur prolixe qui lui est apparenté par son style. Incontestables sont les mentions de son nom et de sa qualité de sculpteur dans le livre de bourgeoisie de Strasbourg, en 1491, et dans la correspondance échangée, de 1487 à 1498, entre la Ville de Strasbourg et l’Œuvre de Saint-Georges de Sélestat: « Meister Cunrat Bildhower von Sunssheim », « Meister Cunraten von Süssheim », « Conrad von Sinsheim » et « Meister Conrat » (R. Recht). Actif à Sélestat à partir de 1489, il y créa le jubé de Saint-Georges, disparu, et un saint-sépulcre dont la Bibliothèque humaniste conserve une belle tête du Christ. Le jubé a été fort loué pour sa virtuosité de facture par Jeronymus Gebwiller, en 1530, et par Dominique Roos en 1790. À Strasbourg, en 1492, il succéda à Hans Hammer dans la maîtrise d’œuvre de la cathédrale, pour céder la place à Jacob von Landshut en 1495, tout en demeurant au service de l’œuvre comme sculpteur. C’est à lui que l’on doit la balustrade richement branchue qui court sous le pignon de la façade méridionale du transept et l’« homme au cadran solaire » enturbanné situé en son milieu. Cette œuvre est marquée d’un signe KS interprété comme signature de
l’artiste, ce que conteste R. Recht qui met l’accent sur le caractère essentiellement  gnomonique de l’ouvrage, et tend a y voir l’initiale du célèbre astronome nurembergeois Regiomontanus (au lieu de Claromontanus), ou bien encore celle du prêtre Kunig, auteur vers 1481 d’un traité de gnomonique.

Le Crucifix de Maulbronn, de 1473, signé CVS serait-il sa première œuvre connue? Tant à Maulbronn qu’à Strasbourg, à propos du portail Saint-Laurent de la cathédrale où il est signalé comme Meister Cunrat dem Bildhower, il peut exister une confusion avec un certain « Bildhower Cunrat Swopp ».

H. Rott, « Oberrheinische Meister des XV. und XVI. Jahrhunderts », Oberrheinische Kunst, 3, 1928, p. 68; H. Haug, « Contributions à l’histoire de la sculpture strasbourgeoise (1350-1550) », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 12, 1933; H. Reinhardt, « Der Bildhauer Conrad Sifer 1491-1493 Werkmeister am Strassburger Münster », Münchner Jahrbuch der bildenden Kunst, NF, II, 1934, p. 232-249 ; H. Rott, « Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im XV. und XVI. Jahrhundert », III, Der Oberrhein Quellen, Stuttgart, 1936, p. 287 ; W. Fleischhauer, Compte-rendu des travaux de H. Rott, dans Zeitschrift für Württenbergische Landesgeschlchte, 1938, p. 247 ; M. L. Hauck, « Der Bildhauer Conrad Sifer von Sinsheim und sein Kreis in der oberrheinischen Spätgotik », Annales Universitatis Saraviensis, 2/3/4, 1960, p. 115- 368 ; R. R. J. Rohr, Les cadrans solaires anciens d’Alsace, Colmar, 1971, p. 71-74 ; E. Zimmermann, « Die Syfer. Drei spatgotische Bildhauer am Oberrhein », Kraichgau, 3, 1972, p. 46-60 et 4, 1974-1975, p. 35-54 ; R. Recht, Nicolas de Leyde et la sculpture à Strasbourg, 1460-1525, Strasbourg, 1987, p. 246, 248-253, 373-374 ; M. Beaulieu, V. Beyer (dir.), Dictionnaire des sculpteurs français du Moyen Age, Paris, 1992, p. 132-133.

† Victor Beyer (2000)