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SUDERMANNN Daniel

Auteur d’écrits mystiques, éditeur et collectionneur strasbourgeois, (C) (★ Liège 1550 † Strasbourg 1631). Fils de Lambert Sudermann, dit Suavius, dessinateur, peintre, orfèvre de Liège (1514-1564) et de N. Le Cœur, fille de Nicolas Le Cœur, libraire de Liège. Célibataire. Il entreprit avec son père des voyages à Maastricht, Anvers, Cologne et Düsseldorf (1560-1562), puis à Francfort-sur-le-Main où il assista au couronnement impérial de Maximilien II (1563). En 1569, il se rendit de Cologne à Strasbourg, et plus tard, après avoir rencontré l’empereur Rodolphe à Ratisbonne, retourna en Alsace en 1578. Entré au service du nouvel évêque de Liège en 1579, il revint à Strasbourg en 1582 et s’y fixa définitivement à partir de 1585. « Vicaire » au Bruderhof où il résidait, il s’y consacra à l’éducation de jeunes nobles et à la composition ou à la compilation d’œuvres mystiques (Maître Ekhart, J. Tauler, H. Suso). À partir de 1594, il prit une part active au mouvement irénique de Schwenckfeldiens (cf. son Harmonia, ms. germ. 4° 105 à Berlin, terminé en 1610, imprimé en 1613). Par des poésies spirituelles et des dessins ou gravures allégoriques, il tenta de mettre la mystique rhénane au service d’une religion tolérante, au-dessus des divergences confessionnelles, et ceci en pleine guerre de Trente ans. Ses commentaires sur les Noces mystiques à partir du Cantique des Cantiques, en langue allemande (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg) furent illustrés par le graveur sur cuivre Jakob van der Heyden (1622- 1623). Dans la bibliothèque de Sudermann figuraient aussi deux Épistolaires du théologien réformé Caspar Schwenckfeld ©, son maître, imprimés en 1566 et 1570 (aujourd’hui à Halle), et 17 lettres du moine mystique Heinrich Suso, ainsi qu’un traité du Pseudo-Tauler Wie der Mensch möge ernsthafftig werden (signé D. Sudermann, 1621). Par ailleurs, Sudermann n’acquit pas moins de 86 manuscrits médiévaux dont il précisa lui-même la provenance : les couvents des Dominicaines Sainte-Gertrude de Cologne et Saint-Nicolas-aux-Ondes de Strasbourg. Liturgiques ou profanes, ces manuscrits furent plus tard acquis par les bibliothèques de Berlin (Ehemalige Preussische Staatsbibliothek) — une cinquantaine —, Goettingen, Hambourg, Karlsruhe, Leipzig, Strasbourg (Archives municipales de Strasbourg) et Wolfenbüttel.

H. Hornung, « Der Handschriftensammler Daniel Sudermann und die Bibliothek des Strassburger Klosters St. Nikolaus in Undis », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, NF 68, 1959, p. 338-399 ; Autoportrait probable de D. Sudermann dans l’Épistolaire I conservé à Halle, fig. 1, entre les p. 342 et 343, Lexikon für Theologie und Kirche, IX, 1964, col. 1148 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et i F. Rapp, Strasbourg, t. 2, 1981, p. 528 ; G. Cames, Dix siècles d’enluminure en Alsace, 1989, p. 97, 99, 177 ; J. Roth, Investigationes historicae…, 1986,1, 244 ; II, 103, 107 ; M. Usher Chrisman, Bibliography of Strasburg imprints, 1480-1593, New Haven, Londres, 1982, p. 352.

Gérard Cames (2000)