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STRASZEWICZ Alexandre Ignace, comte de, (qualification nobiliaire par autorisation judiciaire du 27 août 1872)

Manufacturier, (C) (★ château de Karopol, gouvernement de Vilna, Lituanie, 7.10.1814 † Paris 18.4.1904). Fils d’Ignace Jérôme Straszewicz, rentier, et de Pauline Émilie Przeciszewski. ∞ 22.11.1848 à Guebwiller Cécile Grosjean, (Pr) (★ Paris 2.3.1827 † Guebwiller 13.3.1884) ; 2 enfants dont Emma Cécile Élise, épouse de Paul Chrétien Weissgerber ©, fabricant-associé à Colmar. Après avoir étudié les mathématiques au collège de Vilna, puis fréquenté l’École des Pages à Saint-Pétersbourg, il se retrouva en 1831, officier de cavalerie dans l’armée révolutionnaire polonaise. En 1832, avec son frère aîné Édouard, il fit partie d’un groupe de patriotes réfugiés accueillis à Issenheim. Des relations fort utiles pour l’avenir y furent tissées avec les noms de l’industrie textile locale (les Bourcart ©, Schlumberger ©, Zimmermann ©, …). J.-J. Bourcart père © lui aurait proposé de suivre des cours à l’École centrale. À l’instar d’autres compatriotes, Straszewicz séjourna ensuite au dépôt de Bergerac (1er février 1833-31 juillet 1835). Son retour en Alsace coïncida avec ses activités à la filature de Kaysersberg, puis chez Nicolas Schlumberger et C’e à Guebwiller. En 1838, il se rendit en Angleterre afin d’y parfaire sa formation. Par la suite, Straszewicz dirigea une filature en Lombardie avant d’exercer, à compter de 1848, des activités similaires au Petit-Quevilly, Seine- Maritime. Associé à Messieurs Bourcart fils et Cie , il participa à la création, en 1854, de la « Filature de coton du Brackentor » à Guebwiller dont il devint l’unique propriétaire en 1858. Connue successivement sous les dénominations « Straszewicz et Grosjean » (1863), « A. de Straszewicz Filature de coton peigné et cardé » (1870), la manufacture fut transformée en une société par actions en 1890 — la « Spinnerei Gebweiler » — qui employait 140 ouvriers, comptait 15 292 broches et travaillait avec une filiale Straszewicz à Troyes. L’industriel belfortain Georges Koechlin © reprit l’entreprise en 1896. Straszewicz conquit une place très honorable dans l’industrie alsacienne et gagna l’estime de ses compatriotes d’adoption en-deçà et au-delà des Vosges. Il fut membre de la délégation alsacienne pour la fixation des tarifs du traité de commerce franco-anglais en 1860 et présida le jury de l’Exposition industrielle de Troyes (1883). Au plan local, Straszewicz contribua, en tant qu’actionnaire, à la construction de la cité ouvrière Bourcart. À compter de 1860, il fréquenta le cercle des notables dénommé « Casino de Guebwiller ». L’industriel eut à supporter une campagne orchestrée contre lui par l’abbé Braun © au motif qu’il aurait contraint son domestique à retirer son fils de l’école catholique. Straszewicz était chevalier de l’ordre militaire polonais Virtuti Militari. Sa nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur au titre de plus de « quarante ans de services distingués rendus à l’industrie française » (Journal officiel du 11 juillet 1889) lui valut d’être condamné pour acceptation et port de décoration prohibée par les autorités allemandes considérant sans effet juridique tout à la fois sa naturalisation française par décret du 19 février 1870, et l’option souscrite le 15 septembre 1872. Monuments funéraires au cimetière de Guebwiller dans le carré dit « des industriels ».

Liste des optants, 1872 ; Archives départementales du Haut-Rhin, 4 M, 185 ; Archives départementales du Bas-Rhin, AL 87, 3902 ; Gebweiler Kreisblatt du 24.4.1904 (notice nécrologique), 9.3.1890 (constitution de société) ; Société industrielle de Mulhouse, Histoire documentaire de l’Industrie de Mulhouse et de ses environs au XIXe siècle, Enquête centennale…, Mulhouse, 1902 ; E. Metzenthin, Jean-Jacques Ziegler et Anne-Barbe Haggenmacher de Wintherthur établis à Guebwiller 1806, Ms, 1946 ; Centième anniversaire de la création des Caisses du Crédit mutuel, Guebwiller, Strasbourg, 1982; J.-M. Schmitt : « De la capitale seigneuriale à la Mulhouse des Vosges : origine et début de l’industrialisation à Guebwiller », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1982-IV, p. 89 ; C. Schlumberger, Schlumberger racines et paysages, Strasbourg, 1997 (avec patronyme Straszewicz mal orthographié).

† Pierre-Marie Maulbecker (2000)