Joaillier, (PI) (★ Wolfisheim 29.5.1701 † Paris 22.12.1773). Fils de Johann Strass, originaire d’Enkirch an der Mosel, Rhénanie-Palatinat, pasteur à Wolfisheim de 1691 à 1737, et de Marie-Madeleine Redslob, fille d’un notaire de Strasbourg. Célibataire. De 1714 à 1719, il fut en apprentissage auprès d’Abraham Spach, bijoutier-joaillier à Strasbourg. Suivirent les années de compagnonnage (1719-1724), sur lesquelles on a peu de renseignements. Initié de bonne heure à l’étude des alluvions fluviatiles du Rhin et aux techniques traditionnelles de fabrication de pierres et de diamants artificiels (en mélangeant à du verre des oxydes de métaux comme le cobalt, le cuivre ou le manganèse), il s’établit dès 1724 à Paris. Compagnon, puis associé de la veuve Prévost, il fut nommé en 1734 maître-orfèvre privilégié du roi. Gravée par Nicolas Cochin (1735), sa superbe carte de firme (Bibliothèque Nationale Est.) apprend qu’il « possède dans la dernière perfection le Secret de bien faire les Feuilles blanches » et qu’il « peint toutes sortes de pierres très avantageusement, égales à celles d’Orient ». Le terme de « strass » désignant des pierres artificielles est retenu par le Dictionnaire de l’Académie dès 1740. L’écrivain Jacques de La Morlière l’utilise à partir de 1746. Installé quai des Orfèvres, Strass fit rapidement fortune grâce à une clientèle variée allant des petits bourgeois aux antichambres de Versailles. En 1752, il céda l’exploitation des « pierres de Strass » à l’orfèvre Georges Michel Bapst, qui épousa en 1755 sa nièce Suzanne Élisabeth, fille de son frère Philippe Jacques Strass (1693-1756), membre du Sénat de Strasbourg. Strass se réserva toutefois le commerce des pierres fines. Le fils aîné de Bapst, Georges-Frédéric, exécuta l’épée de Louis XVI. Le fils de Philippe-Jacques Strass émigra aux États-Unis où ses descendants se sont distingués comme avocats et ingénieurs. Croix maçonnique en strass au Musée de l’Œuvre Notre-Dame à Strasbourg.
Archives municipales de Strasbourg, généalogie Strass; Gazette des Beaux-Arts, 11, 1861, p. 259; Jal, Dictionnaire critique de biographie, 1872 ; Larousse, édition 1866-1876, entrée « strass » avec les recettes détaillées de fabrication ; La Grande Encyclopédie, 1896, t. 30, p. 535; H. Michel, Die künstlichen Edelsteine..., Graz, 1926; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959 ; Bopp, Die evangelischen Gemeinden und hohe Schulen in Elsass-Lothringen, 1963; H. Haug, « Les pierres de Strass et leur inventeur », Les Cahiers de la céramique, n° 23, 1961, p. 175-183 ; J. Barrelet, « À propos de strass », ibidem ; H. Haug, L’art en Alsace, 1962, p. 190; H. Th. Michaelis, « Ein Beitrag zur Geschichte der Familien Sauer, Strass, Kreglinger und Hölder », Genealogie, mai 1965 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 2.11.1982; Encyclopédie de l’Alsace, 12, 1984, p. 7156; Encyclopedia Americana, vol. 16, 1995, p. 63 ; H. Georger-Vogt, Dossier de recherches généalogiques sur la famille Strass (manuscrit chez l’auteur).
Portrait à la Bibliothèque Nationale (Est.).
† Théodore Rieger et Hélène Georger-Vogt