Universitaire (★ Tabor, République tchèque 22.10.1910 † Strasbourg, 23.12.1993). Fils de Joseph Straka, professeur de lycée, et d’Irène Jelinek. ∞ Jacqueline de la Combe; 2 enfants. Études au lycée de Tabor, puis à l’Université Charles IV de Prague. Docteur de l’Université de Prague en 1934. De 1934 à 1937, boursier du gouvernement français à Paris, et dirigé des cours à l’ENS, à l’École pratique des Hautes études et à l’école des langues orientales. Professeur au lycée français de Prague de 1937 à 1939. Chef de section au ministère de l’information du gouvernement tchécoslovaque réfugié à Paris (1939-1940). Nommé en 1940 lecteur de tchèque à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Arrêté par la Gestapo lors de la rafle du 25 novembre 1943, il fut interné au camp de Compiègne, puis déporté à Buchenwald (matricule 42.031), du 24 janvier 1944 au 11 avril 1945. Il rentra à Strasbourg le 23 avril 1945. Après la Libération, il mena une carrière universitaire à Strasbourg jusqu’à sa retraite en 1979. Il fut nommé maître de conférences en 1947 et créa l’institut de phonétique, dont il fut le directeur jusqu’en 1966. En 1959, il obtint la chaire de phonétique générale et expérimentale. En 1966, il devint professeur de philologie romane. Il dirigeait depuis 1960 le Centre de philologie et de littératures romanes. L’originalité de l’institut de Strasbourg tenait à son attachement la méthode expérimentale, et la mise au point d’appareils de mesure et de radiocinématographie destinés à décrire la physiologie articulatoire dans la production de la parole. La collaboration avec la faculté de Médecine, en particulier l’aide apportée par Marc Klein et Ch.-Marie Gros, permit d’observer et analyser les mouvements organiques de la parole. Ces travaux débouchèrent sur des recherches de chronologie relative dans l’histoire phonétique. Il posa les fondements de la phonétique articulatoire, avec des applications à plusieurs langues indo-européennes, et ceux de la phonologie diachronique des langues romanes. L’étude du fonctionnement d’une langue et de son évolution pouvait dès lors s’appuyer sur ces données matérielles. Le rayonnement de l’institut attira de nombreux étrangers, parmi lesquels figuraient de nombreux Québécois. Il fut le directeur fondateur des Travaux de linguistique et de littérature (1963-1987). Il dirigea, de 1966 à 1977, la collection Langue française au Québec. Il assura par ailleurs la direction des cours d’été (1950-1980), où affluaient des centaines d’étudiants venus de l’Europe entière (pays de l’Est compris), d’Extrême-Orient et d’Amérique. Membre du Comité national de la recherche scientifique (1976-1980). Docteur honoris causa de l’Université Laval au Québec (1971). Correspondant de l’Institut (1974). Membre associé de l’Académie royale de Belgique (1970) et de l’Académie des sciences et des lettres de Finlande (1973). Conseiller municipal de Strasbourg de 1965 à 1971. Officier de la Légion d’honneur; croix de Guerre 1939-1945 ; Médaille de la Résistance; croix du Combattant volontaire de la Résistance; médaille de la Déportation ; officier des Palmes académiques ; chevalier du Mérite de la République italienne.
« L’arrivée à Buchenwald », De l’université aux Camps de Concentration. Témoignages strasbourgeois, Strasbourg, 1947, p. 77-91 ; Contribution à l’étude de l’amuïssement des consonnes finales en ancien français, thèse de doctorat, Prague, 1934 ; « Sur la définition du phonème », Bulletin de la faculté des lettres de Strasbourg, 1941 ; « Quarante ans d’études de linguistique et de philologie à l’université de Strasbourg, 1919-1959 », Orbis, tome IX, Louvain, 1960 ; Album phonétique, Québec, 1965 ; Les sons et les mots, Paris, 1979.
Schwiggers Pierre, « Georges Straka », Romaneske, 15.10.1984, p. 35-45, Kessel-Lo.
Françoise Olivier-Utard et Marie Louise Woehrling (2006)