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STORCK Émile Henri Auguste

Homme de lettres, poète dialectal, auteur dramatique, (C) (★ Guebwiller 22.11.1899 † Guebwiller 9.11.1973). Frère de Joseph Storck ©. Célibataire. Après sa scolarité primaire, passée à Guebwiller, Storck entra en 1914 à l’école préparatoire de Colmar, puis en 1916 à l’École normale, située dans la même ville. En 1917 il fut mobilisé comme soldat allemand dans l’armée impériale, et en 1918, alors qu’il se trouvait au front, il refusa de combattre les troupes françaises. L’armistice du 11 novembre 1918 lui permit d’échapper au conseil de guerre devant lequel il aurait dû comparaître. La paix revenue, il fit son service militaire dans l’armée française, dans une unité du génie, à Épinal, il en sortit avec le grade de sous-lieutenant. Il fut nommé lieutenant pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec son frère Joseph, il parcourait les environs de Guebwiller et une bonne partie de l’Alsace, à bicyclette, étudiant avec passion la flore de l’Alsace, découvrant les multiples richesses des milieux naturels, et construisant un savoir encyclopédique qui en fit un éminent spécialiste des papillons qu’il allait collectionner durant toute sa vie. En 1928, il fut nommé professeur de lettres et de langues vivantes des écoles normales et enseigna à Mulhouse et à Strasbourg. Agrégé d’allemand en 1934, il occupa plusieurs postes d’enseignant partout en France. En 1949, il obtint celui dont il rêvait : il fut chargé de l’enseignement de l’allemand, des milieux naturels et de la géographie, à l’École Normale de Guebwiller, profession qu’il exerça jusqu’en 1965. Il fut un grand poète dialectal se servant d’une langue d’une étonnante précision et pureté, sachant comme Nathan Katz © élever le dialecte au rang d’une langue touchant à l’universel. Son art de la versification est un sommet de musicalité et de suggestivité verbale. Dans toute son œuvre on retrouve la recherche ardente du terme juste et du rythme de la langue. Admirateur de Baudelaire et de Verlaine, Storck traduisit plusieurs de leurs poèmes en dialecte, démontrant une fois de plus la capacité du dialecte d’exprimer l’essence des êtres et des choses, dans une riche palette de vocabulaire. Storck avait publié, à l’âge de 18 ans, un premier recueil de poèmes intitulé ‘s Baumele. Mais ce n’est qu’après avoir franchi le cap de la cinquantaine qu’il donna la pleine mesure de son talent. Habitant dans la maison paternelle, il mena une vie de solitaire, consacrée à l’étude, aux arts, à son œuvre. L’ensemble de son œuvre fut récompensé en 1966 par I‘Oberrheinischer Kulturpreis et son œuvre théâtrale par le prix Claus Reinbolt en 1967. Amputé d’une jambe en 1972, la fin de sa vie fut assombrie par la maladie et la souffrance. Il avait gardé l’espoir de rédiger un drame intitulé Bernadette, qu’il n’eut plus la possibilité de réaliser. Une école porte son nom à Guebwiller.

Poésie: Mélodie uf der Panfleet, Guebwiller, 1957; Lieder vu Sunn un Schatte, Colmar, 1962. Drames: Maidle wiss im Felsetàl, Drama in drei Akt, Colmar, 1962 ; Vergib uns unsri Schuld, Drama in 1 Akt, Colmar, 1962 ; Mathis Nithart, E Kinschtler im Bürekrieg, Drama in vier Akt, Colmar, 1966. Poèmes dramatiques : Der goldig Wage, e dramatisch Gedicht in finf Bilder, Colmar, 1954. Un conte : E Summertrauim. E Marlegschicht in drei Akt oder finf Bilder tir d’Wihnachtszit, Colmar 1966. Traduction de poèmes de Baudelaire: D’Blüeme vom Beese, Colmar, 1962 ; Baudelaire et Verlaine en alsacien. Introduction et commentaires de Jean-Paul Sorg, Strasbourg, 1999.

Allocutions prononcées lors de la remise du Oberrheinischer Kulturpreis à Fribourg en Br., le 26 novembre 1966 ; « Mort de M. Émile Storck, l’auteur de Mathis Nithart », L’Alsace du 11.11.1973 ; R. Matzen, « Émile Storck, 1899-1973, » Bulletin historique de la ville de Mulhouse, 1986, p. 203-239, avec présentation et traduction de poèmes ; Cl. Diringer, « Il est né voilà 90 ans, Émile Storck, un poète, une référence », Dernières Nouvelles d’Alsace du 22.11.1989 ; M. Blanché-Gissinger, L’œuvre dramatique d’Émile Storck, thèse de doctorat nouveau régime, Strasbourg, 1997.

Gérard Leser (2000)