Peintre, dessinateur, illustrateur et poète, (Pr) (★ Schaffhouse, Suisse, 17.4.1539 † Strasbourg 14.1.1584). Fils de Christoph Stimmer et d’Elisabeth Schneller, de Rheinau. On ignore tout de sa formation, mais, au plus tard en 1564, Stimmer séjourna à Zurich où il peignit plusieurs portraits. À partir de 1568, il fournit des illustrations pour des imprimeurs et éditeurs zurichois et reçut aussi des commandes de Strasbourg, notamment pour la grande marque de l’éditeur Theodosius Rihel ©. Pendant les années 1568-1569 il décora, à Schaffhouse, la façade principale du « Haus zum Ritter » de la scène de Marcus Curtius et d’autres allégories de vertus civiques. Il se rendit ensuite, pendant l’hiver 1569-1570, sur la demande de l’éditeur bâlois Pietro Perna, à Côme pour copier la célèbre collection de portraits de la villa de Paolo Giovio. De retour en 1570, il s’installa pour le reste de sa vie à Strasbourg, où il travailla avec l’humaniste Johann Fischart © et l’éditeur Bernhard Jobin ©. En même temps, le mathématicien Conrad Dasypodius © le chargea d’élaborer un projet pour le décor de la monumentale horloge astronomique destinée à la cathédrale: il en exécuta les peintures du buffet entre 1571 et 1574 et donna aussi des modèles peints pour les parties sculptées. En 1576 fut publiée la Bible illustrée dont le texte avait été édité par Fischart, Stimmer fournissant les illustrations. La commande la plus importante lui vint alors du margrave de Bade qui lui confia le décor de la grande salle de fête du Neues Schloss de Baden-Baden: entre 1576 et 1578, il peignit 13 scènes allégoriques pour le plafond à voussures et commença aussi la peinture des murs qui fut, cependant, achevée par son frère Abel. Les illustrations de grand format pour une Vie de la Vierge, éditée par le Jésuite Petrus Canisius, qui parut en 1583, furent sa dernière grande œuvre.
Sa première grande création, les peintures des façades du « Haus zum Ritter » à Schaffhouse, subsistent encore, mais très restaurées. En revanche, sa deuxième commande importante, celle de l’horloge astronomique avec sa caisse peinte de scènes bibliques et mythologiques ainsi que ses projets pour les sculptures, exécutés sur toile en grisaille (Musée de l’Œuvre Notre-Dame), nous sont parvenus dans un état presque parfait. Dans les éléments d’architecture de l’horloge qui sont aussi de son invention, on relève une opposition volontaire de formes du gothique tardif à celles d’une pure Renaissance, comme d’ailleurs dans la structure architectonique de l’ensemble du buffet une asymétrie assez déroutante. L’œuvre la plus importante de Stimmer, les peintures du Neues Schloss de Baden-Baden, a brûlé lors de l’invasion française de 1689 et ne nous est connue que par une description de 1667 et quelques copies partielles exécutées entre 1667 et 1689, qui révèlent surtout l’iconographie complexe qui semble être au moins partiellement de son invention. Comme Nicolaus Manuel Deutsch et son contemporain Christoph Murer, Stimmer avait aussi un talent poétique et on connaît de lui une Comedia de 902 vers. Stimmer est, avec Hans Bock © l’ancien et Wendel Dietterlin ©, un représentant typique du maniérisme tardif du Rhin supérieur. Son talent polyvalent lui permettait de maîtriser aussi bien le portrait que la peinture monumentale en trompe-l’œil, le dessin de plus petite échelle pour l’illustration ou pour les modèles de vitraux héraldiques, sans oublier l’art de la versification.
Spätrenaissance am Oberrhein, Tobias Stimmer. 1539-1584, catalogue d’exposition, Kunstmuseum de Bâle, 1984 (avec une bibliographie complète).
Liliane Châtelet-Lange (2000)