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STETTER Wilhelm, dit le maître à la croix de Malte

Frère johannite et peintre (★ vraisemblablement dans le Rhin supérieur (Allemagne, Alsace ou Suisse) au plus tard dans la première moitié de 1487 (d’après J. Rott) † 21.12.1552). Profès à la commanderie de Saint-Jean-à-l’Île-Verte, à Strasbourg, il reçut les ordres d’acolyte et de sous-diacre le 20 septembre 1510, à Saint-Guillaume dans cette ville. En 1511, il fut le 25e des 29 frères conventuels que comptaient les trois commanderies de Strasbourg, Sélestat et Bergheim. Entre le 11 avril et le 13 juin 1512, il reçut la prêtrise à Bâle, cette dernière date étant celle de la célébration de sa première messe à Strasbourg. Suivirent d’assez nombreuses mentions d’achat de couleurs, d’ouvrages religieux et humanistes et de voyages (à Sélestat, à Saint-Nabor). Nommé custode de Saint-Jean-à-l’Île-Verte en 1522, il eut la garde du patrimoine et la charge de la comptabilité de la commanderie. Lors de l’introduction de la Réforme à Strasbourg en 1523 et des troubles que celle-ci causa, Stetter
demeura l’un des rares Johannites fidèles à leur couvent. Fin 1532, il élut Grégoire Best comme commandeur et, en 1540, il présida avec lui à l’élection du prieur de la Chartreuse de Strasbourg. Le 11 février 1550, il élut Heinrich Dreyer, le prieur de Sélestat comme commandeur de l’Ile-Verte.

Les renseignements le concernant sont fournis par François-Joseph-lgnace Goetzmann, custode de Saint-Jean de Strasbourg (1742 Inventaire de Saint-Jean, de 1741-1745 (Archives départementales du Bas-Rhin, H 2232, p. 151 : « Wilhelm Stetter conventuat zum Grünen Werth und custos alda » et « Abschrift und Übersetzung der sich bei der Custorey befindlichen… Memorial-oder Urkundenbuch von dem Ursprung… des Closters zum Grünenwerde, Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, ms 738, p. 271 : Wilhelm Stetter obiit 21 december 1552). Suite à la destruction de la Commanderie de Strasbourg en 1633, objets mobiliers et œuvres d’art sont détruits ou dispersés. Des tableaux de Stetter sont déposés à Sainte-Madeleine, puis, en 1687, à Saint-Marc devenu couvent de Saint-Jean. En 1741, Goetzmann comptait encore 14 peintures, que la Révolution française va éparpiller encore. Ces œuvres sont signées d’une croix de Malte peinte au revers des panneaux. À ce jour, 24 tableaux de Stetter sont répertoriés : trois à Strasbourg (Musée des Beaux-Arts et Saint-Pierre-le-Jeune), trois à Nancy (Musée des Beaux-Arts), par ailleurs à Colmar, Sélestat, Lucerne, Einsiedeln, Vienne, Nüremberg, Munich, Vic-sur-Seille, Paris (Musée des Arts décoratifs) et au château de Wolfegg. Ses sujets sont tous d’ordre religieux, à l’exception d’un portrait de femme (Musée des Arts Décoratifs de Paris) qui, selon H. Haug, serait vraisemblablement celui de Sophie Bock, comtesse Ludovic de Loewenstein, morte en 1510. L’art de Stetter trahit des influences danubiennes et particulièrement celles d’Albrecht Durer et de Hans Baldung Grien, lequel recevait en 1510 les premières commandes de la part de la commanderie de Saint-Jean-à-l’Île-Verte.

W. Hügelshofer, « Der Meister W. Stetter mit dem Malteserkreuz. Ein Elsass-lothringischer Maler der Baldungszeit », Oberrheinische Kunst, 4, 1929-1930, p. 48-55, pl. 28-33 ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, Stuttgart, III, p. 106-111 ; H. Haug, Musées de Strasbourg. Catalogue de la peinture ancienne, 1938, p. 35-37 ; G. Pariset, « Le Couronnement d’épines du maître à la croix de Malte », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 8, 1939-1946, p. 101-102 ; J. Rott, « Le maître W. S. à la croix de Malte, Wilhelm Stetter », Revue d’Alsace, 9, 1952, p. 112-119; H. Haug, « Le maître W. Stetter à la croix de Malte portraitiste? », ibidem, p. 108-111 ; V. Beyer, « Wilhelm Stetter », Le Petit Larousse de la peinture, Paris, 1979, p. 1750 ; Encyclopédie de l’Alsace,, XI, 1985.

Victor Beyer (2000)