Manufacturier, (Pr) (★ Mulhouse 10.3.1715 † Ribeauvillé 1778). Fils de Jean Steffan et d’Élisabeth Bouchard. ∞ 11.11.1738 à Sainte-Marie-aux-Mines Élisabeth Goetz, fille de Jean Goetz, maître tanneur et receveur de la paroisse réformée.
Établi à Sainte-Marie-aux-Mines à la suite de son mariage, Steffan travailla d’abord dans l’entreprise de tannerie de son beau-père. Vers 1749, il créa dans cette ville un tissage de toiles de coton en association avec le passementier mulhousien Médard Zetter, qui était devenu son beau-frère en épousant Marie Barbe Goetz en 1745. Par ailleurs, Steffan s’associa en 1754 avec Zetter et trois autres mulhousiens, Jean Georges Reber ©, Philippe Henri Bregenzer et Jean Hofer ©, afin d’établir un tissage de rubans de soie à Illzach, aux portes de Mulhouse. Mais cette entreprise se heurta à l’opposition des passementiers de la ville voisine et dut être fermée peu après. Parallèlement, en 1755, Steffan présenta une requête à l’intendant d’Alsace Jacques Pineau de Lucé ©, afin d’obtenir un privilège pour son tissage de coton, ce qui lui fut accordé le 20 mars 1756 avec un monopole étendu à toute la province. Il décida alors ses associés à le rejoindre à Sainte-Marie-aux-Mines pour reprendre et développer son entreprise sous la raison Steffan & Cie, bénéficiant également du soutien de Jean David de Papelier ©, chancelier du comté de Ribeaupierre. En outre, Steffan entra en 1762 dans la firme Sandherr, Courageot & Cie formée pour l’exploitation de la nouvelle manufacture de toiles imprimées établie à Wesserling, où il fut chargé plus spécialement de diriger le filage du coton et la fabrication des toiles écrues. Deux ans plus tard cependant, il quitta l’établissement de Wesserling, puis également le tissage de Sainte-Marie-aux-Mines, laissé à la gérance de Jean Georges Reber. Steffan ouvrit alors, en 1766, une manufacture de toiles imprimées à Ribeauvillé en association avec ses gendres Paul Brenner et Jean Schwartz. Cette nouvelle entreprise obtint un privilège du duc de Deux-Ponts, comte de Ribeaupierre, ainsi que le titre de Manufacture ducale de Deux-Ponts. Comptant parmi les premiers pionniers du textile en Alsace (hors Mulhouse), Steffan fut ainsi le véritable fondateur de l’industrie à Sainte-Marie-aux-Mines et à Ribeauvillé.
Archives départementales du Haut-Rhin, C 1118 n° 50, E 2692 et 2775 ; E. Muhlenbeck, Histoire des mines de Sainte-Marie côté Alsace, Sainte-Marie-aux-Mines, 1898, p. 111-113 ; E. Blech, « Les origines de l’industrie textile à Sainte-Marie-aux-Mines », Revue d’Alsace, 1901, p. 76-103 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 818-819 ; R. Faller, « Les anciennes manufactures de Ribeauvillé », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Ribeauvillé, t. XI, 1948, p. 11-42; Jean-Marie Schmitt, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace. Investissements et relations sociales dans la vallée de Saint-Amarin au XVIIIe siècle, Strasbourg, 1980, p. 186, 205, 217, 225-226, 243.
Jean-Marie Schmitt (2000)