Peintre de?corateur, patriote, (PI) (★ Wissembourg 14.6.1865 † Strasbourg 1.4.1939). Fils d’Antoine Laurent Spinner, peintre de?corateur a? Wissembourg, et de Madeleine Catherine Apfel. » 1898 a? SouItz-sous-Fore?ts Marie Hortense Cullmann (★ 1872 † 1945); 2 enfants. Profonde?ment marque? par la bataille du 4 août 1870 qui toucha sa ville natale, Auguste Spinner grandit dans le souvenir de la France. Apre?s des e?tudes re?alise?es a? l’École des Beaux-Arts de Karlsruhe, il reprit, dans les anne?es 1890, l’entreprise familiale. On lui doit notamment les peintures murales qui ornent l’inte?rieur du Muse?e historique de Haguenau et une peinture monumentale de la vierge de l’Immacule?e Conception dans l’e?glise de Niederlauterbach.
Passionne? d’histoire, il participa a? la fondation, en 1905, du Verein zur Erhaltung der Altertu?mer in Weissenburg und Umgegend ou Socie?te? pour la conservation des antiquite?s de Wissembourg et des ses environs, dont il devint le tre?sorier. Spinner se fit e?galement remarquer a? cette e?poque, comme l’un des principaux collectionneurs d’armes et d’uniformes d’Alsace et comme historien de la guerre de 1870 dans l’Outre-Fore?t. Il publia en 1908, l’une des premie?res e?tudes de?taille?es sur le raid du comte von Zeppelin qui fit les deux premie?res victimes de la guerre franco-allemande lors de l’affaire de Schirlenhof. À partir de 1906, il entreprit de faire e?riger a? Wissembourg, au Geisberg, un monument comme?moratif consacre? aux soldats franc?ais tombe?s au champ d’honneur sous les ordres du mare?chal de Villars (1705-1706), du mare?chal de Coigny (1744), du ge?ne?ral Floche (1793) et du ge?ne?ral Abel Douay (1870). Rapidement seconde? par Paul Bourson ©, puis par tous les leaders francophiles de l’e?poque son projet vit le jour en 1909, apre?s d’a?pres ne?gociations avec le gouvernement impe?rial. L’inauguration du monument, le 17 octobre 1909, se transforma en une fantastique manifestation pro-franc?aise, lors de laquelle plus de 50 000 Alsaciens-Lorrains entonne?rent une vibrante Marseillaise joue?e par la musique municipale de Reichshoffen, devant les autorite?s allemandes me?duse?es. Nomme? de?le?gue? ge?ne?ral du Souvenir franc?ais en Alsace, Spinner poursuivit de?s lors son action en faveur de la France en encourageant la cre?ation de nouvelles sections du Souvenir et en fe?de?rant en associations les anciens combattants franc?ais ve?te?rans de Crime?e, d’Italie, du Mexique et de 1870. En 1910, il intervint me?me au co?te? de Joseph Sansboeuf, pre?sident des anciens combattants franc?ais, et de Maurice Barre?s afin que le Parlement franc?ais cre?a?t la me?daille comme?morative de la guerre de 1870-1871. Cependant, en raison de la multiplication des proce?s politiques et des arrestations dans le milieu francophile, qui touche?rent parmi ses proches notamment l’abbe? Wetterle? ©, Hansi ©, Zislin © … Auguste Spinner se sentit menace? et pre?fe?ra s’exiler a? Nancy, au mois de septembre 1912, tout en restant tre?s actif en Alsace-Lorraine annexe?e. Il participa ainsi a? la fondation du muse?e Westercamp a? Wissembourg en 1912 a? qui il le?gua ses collections et devint vice-pre?sident du Souvenir Alsacien-Lorrain, qui fut dissout par les autorite?s impe?riales en 1913. Hansi lui de?dia alors de manie?re implicite son album intitule? Mon village – Ceux qui n’oublient pas, publie? a? Noe?l 1913, dans lequel le pe?re d’Auguste Spinner, Laurent, reste? a? Wissembourg, figurait sous les traits du veilleur de nuit. Spinner devint a? cette pe?riode, agent spe?cial du lieutenant-colonel Albert Carre? qui fut charge?, en 1913 par le Haut Commandement franc?ais, d’organiser a? Besanc?on un centre de ralliement pour les Alsaciens qui de?serteraient l’arme?e allemande en cas de conflit. Engage? volontaire dans l’arme?e franc?aise le 28 juillet 1914, Spinner fut appele? a? l’e?tat-major de l’arme?e, en tant qu’officier inter pre?te, avant me?me le de?but des hostilite?s. À la suite d’une lettre de Maurice Barre?s au ministre de la Guerre, le 22 août 1914, il fut charge? du triage des Alsaciens-Lorrains parmi les prisonniers de guerre allemands. De?core? de la Le?gion d’honneur en 1915, il fut affecte?, a? partir de 1916, au Service des Renseignements du G.Q.G. Nomme? administrateur adjoint de la ville de Wissembourg, il fut le premier soldat franc?ais a? entrer dans la ville redevenue franc?aise le 24 novembre 1918. De?mobilise? en 1919, il devint alors directeur de l’Entrepo?t des tabacs fabrique?s de Strasbourg, et occupa des fonctions importantes au sein du Souvenir franc?ais du Bas- Rhin, de la Fe?de?ration des engage?s volontaires et de diverses autres associations patriotiques. Il termina d’ailleurs sa carrie?re militaire en 1935 avec le grade de commandant interpre?te et la rosette d’officier de la Le?gion d’honneur. Collaborateur occasionnel de la revue L’Alsace franc?aise, il organisa, en 1934-1935, une importante ce?re?monie a? l’occasion du 25e anniversaire du monument de Wissembourg. Pre?side?e par le ge?ne?ral Gamelin, elle re?unit, le 28 juillet 1935, plus de 75 ge?ne?raux d’origine alsacienne et plusieurs milliers de spectateurs dont son ami Hansi. Son cercueil fut enveloppe? dans un drapeau tricolore ayant flotte? lors de la ce?re?monie d’inauguration de 1909. Un an plus tard, le monument fut dynamite? par les autorite?s nazies et sa famille contrainte a? l’exil. À la Libe?ration, son fils Georges, devenu architecte des Ba?timents de France, re?cupe?ra quelques blocs de gre?s du monument de?truit afin de re?aliser la ste?le fune?raire de son pe?re a? Wissembourg. Un nouveau monument fut inaugure? au Geisberg en 1960.
Archives départementales du Bas-Rhin, 69 AL 804, 121 AL 211, 121 AL 323, 414 D 1995 ; Journal de Wissembourg, Les Dernie?res Nouvelles d’Alsace et le Journal d’Alsace-Lorraine : plusieurs articles ne?crologiques publie?s entre le 2 et le 6 avril 1939; Le Monument Franc?ais de Wissembourg, Strasbourg, 1910; August Spinner, Graf Zeppelin Erkundigungsritt nach dem Schirlenhofe – 1870 – Die ersten Sabelhiebe, Strasbourg, 1908; Albert Carre?, Les engage?s volontaires Alsaciens-Lorrains pendant la guerre, Paris, 1923; Hansi, Mon village, ceux qui n’oublient pas, Paris, 1913; Jean-Pierre Jean, Le Souvenir Alsacien-Lorrain, son origine, son activite?, sa mort, Metz, 1913; Jean-Pierre Jean, Le Livre d’Or du Souvenir Franc?ais – Lorraine – Alsace – Lorraine sarroise – Luxembourg, Metz, 1929; Philippe Tomasetti, « Mon Village de Hansi, savant me?lange entre Morsbronn, Oberseebach et Mietesheim », L’Outre-Fore?t, n° 136, pages 56 a? 62, Strasbourg, 4e trimestre 2006.
Philippe Tomasetti (2007)