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SPETZ Jean-Baptiste Mathias Georges

Écrivain et poe?te, compositeur, artiste-peintre et collectionneur, (C) (★ Issenheim 31.5.1844 † Issenheim 11.11.1914). Fils de Jean-Baptiste Spetz ©. Ce?libataire. Apre?s le de?ce?s de sa me?re en 1853, le jeune Spetz passa son enfance a? Colmar aupre?s de sa grand-me?re maternelle Charlotte Franc?oise de Gombault, et y fre?quenta le colle?ge libre. Il poursuivit ses e?tudes au colle?ge Sainte-Barbe a? Paris. Bachelier e?s sciences, il e?tait destine? a? rejoindre l’entreprise familiale d’Issenheim, ou? il revint effectivement se fixer. Mais, nourrissant une passion exclusive pour l’art, il se de?sinte?­ressa des affaires industrielles et, apre?s e?tre devenu coproprie?taire de la manufacture J.-B. Spetz & Cie en 1878, il se de?chargea entie?re­ment de ses responsabilite?s a? cet e?gard sur son beau-fre?re Euge?ne Louis Constant Carpentier. Attire? tre?s to?t vers la peinture, Spetz se perfec­tionna aupre?s de l’artiste suisse Franz Ludwig von Niederhaeusern ©, qui s’e?tait fixe? a? Mulhouse en 1862. Il travailla e?galement a? Rome ou? il passa les hivers 1868 et 1869, puis fre?quenta a? Paris les peintres Jean-Jacques Henner © et surtout Auguste Boulard. à l’exemple de ce dernier, Spetz se re?ve?la surtout comme paysagiste, voue? aux vues champe?tres de l’Alsace en ge?ne?ral et des environs d’Issenheim en particulier. Il exposa a? plusieurs reprises au Salon des artistes franc?ais, de sa re?ception en 1870 a? sa mort en 1914, ainsi qu’a? la Socie?te? des arts de Mulhouse, de 1886 a? 1914. Spetz devint aussi l’un des animateurs du comite? des arts de la Socie?te? industrielle de Mulhouse, qui lui de?cerna en 1912 sa grande me?daille d’or pour son œuvre si richement diversifie?e. En effet, a? partir de l’a?ge de 30 ans, Spetz se mit e?galement a? composer des œuvres musicales remarque?es, ainsi L’Alsacienne sur des paroles de Louis Ratisbonne ©, Au bord de l’eau sur des paroles de Sully Prudhomme, trois me?lodrames pour re?citant et piano : Le Pauvre, Les trois hussards, Le Sphynx, des chants reli­gieux, des lieder dont L’inconsole?. Parmi ses ope?ras de salon, La premie?re pie?ce d’or, La montre, La belle au bois dormant et Cendrillon furent repre?sente?s a? Mulhouse avec un grand succe?s. Apre?s la musique de chant, il se consa­cra essentiellement a? des adaptations musi­cales dont il fut, avec le compositeur Francis Thome?, l’un des plus remarquables initiateurs. Il e?crivit en outre de nombreuses pie?ces pour piano, harpe et violoncelle. Dans ces cre?ations, Spetz put compter, outre sur son incontestable talent, avec l’assistance d’un excellent musi­cien dont il s’e?tait fait un intime, Auguste Stoecklin, plus tard maire de la commune. Également habile a? la plume, Spetz laissa de nom­ breux poe?mes comme Le retour au pays, Un soir d’e?te?, La dame blanche du Pflixbourg, L’Alsace a? Jean-Jacques Henner, Chrysanthe?mes et premie?re neige. L’une de ses œuvres les plus attachantes, The?odelinde Waldner de Freundstein, fut publie?e a? Paris en 1910 avec 26 gravures de Maurice Achener. Cependant, ses deux mai?tres ouvrages restent : Le?gendes d’Alsace, Strasbourg 1905 et 1910, et L’Alsace gourmande, poe?me gastronomique suivi de 140 recettes alsaciennes, publie? a? Strasbourg en 1914. Enfin, Spetz se mit a? consti­tuer a? partir de 1875 une magnifique collection d’objets d’art qui, de?ploye?e dans son impo­sante villa d’Issenheim, devint l’une des plus prestigieuses d’Alsace et acquit une re?putation internationale. Parmi les pie?ces mai?tresses de sa collection de sculptures figuraient une Vierge a? l’Enfant de la fin du XVe sie?cle provenant de l’ancienne commanderie des Antonins d’Issenheim et conserve?e aujourd’hui au muse?e du Louvre, ainsi qu’une Nativite? des alentours de 1480 qui se trouve actuellement au muse?e d’Amsterdam et aurait e?te? re?alise?e pour un cou­vent colmarien de Dominicaines (Unterlinden ou les Catherinettes). La fabuleuse collection Spetz fut disperse?e par les he?ritiers apre?s avoir d’abord e?te? mise sous se?questre par les autorite?s allemandes a? Strasbourg en 1915, ensuite expose?e a? Colmar, puis a? la Bibliothe?que huma­niste de Se?lestat de 1919 a? 1924. Mene?es dans l’intervalle, des ne?gociations entre la famille Carpentier et la ville de Colmar, qui souhaitait acque?rir l’ensemble pour le muse?e d’Unterlinden, ne purent aboutir et l’Alsace fut ainsi prive?e d’un patrimoine inestimable. Du vivant de Spetz, cette collection attira a? Issenheim de nombreuses personnalite?s et relations de son proprie?taire, ainsi la comtesse de Noailles, Maurice Barre?s, Rene? Bazin, Andre? Hallays, Mgr Herscher ©, Édouard Schure? ©, Charles-Marie Widor ©. Lorsque de?buta la Premie?re Guerre mondiale, Spetz, bien que gravement malade, eut la joie de pouvoir donner l’hospita­lite? dans sa villa au ge?ne?ral de division Mazel, lors de l’e?phe?me?re avance?e franc?aise en Alsace, le 19 août 1914. Mais le de?part des Franc?ais a? la fin du mois le perturba profonde?ment et ha?ta sa fin. Au-dela? du renom international que lui avaient apporte? ses œuvres et ses collections, Spetz s’e?tait largement investi au plan local.

Archives municipales de Colmar, Fonds Socie?te? Schongauer, 22 (copie de l’inventaire de succession et dossier relatif a? la collection Spetz) ; A. Laugel, Georges Spetz, Revue alsacienne illustrée, t. II, n° 4, de?c. 1900, p. 141-168 ; « Georges Spetz », Le Messager d’Alsace-Lorraine, du 18.11.1905; A. Girodie, Notes d’art et d’arche?ologie : Georges Spetz, s.l.n.d. ; A. Oberdoerffer, Nouvel aperc?u historique sur l’e?tat de la musique en Alsace, Strasbourg, 1914, p. 36; « Die Sammlung Spetz in Colmar », Frankfurter Zeitung du 30.8.1918 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 805-806; L. Armbruster, Un poe?te alsacien, Georges Spetz, Paris-Nancy, 1917; « Der Ankauf der Spetzer Sammlung », Le Re?publicain du Haut-Rhin du 21.6.1919 ; V. Masset, Monsieur Georges Spetz, 50e anniversaire de la Musique des sapeurs-pompiers d’Issenheim, Colmar, s.d. (1925), p. 27-29 ; P. P. Meyer, « Georges Spetz, peintre, poe?te, musicien, collectionneur et  industriel », L’Alsace des 31.5. et 1.6.1979 ; L. Sittler, « Une Nativite? alsa­cienne a? Amsterdam », L’Alsace du 24.12.1980; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, p. 356 ; J. P. Mattauer, « Écrit au de?but du sie?cle, un poe?me gas­tronomique pour ce?le?brer la cuisine alsacienne », L’Alsace du 29.12.1991 ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 6974; Histoire d’Issenheim, Guebwiller, 1992.

Jean-Marie Schmitt (2000)