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SPENLÉ Jean Édouard

Universitaire germaniste, (Pr) (★ Mulhouse 20.1.1873 † Nice, Alpes-Maritimes 17.10.1950. Fils de Jean-Henri Spenlé, professeur, et de Marie-Catherine Stahlecker. ∞ 15.9.1914 a? Aix avec Marguerite Sophie Monteur ne?e Guggenheim; 1 enfant. Études d’allemand dans une univer­site? franc?aise. De 1892 a? 1894, il s’inscrivit a? Nancy, foyer des e?tudes germanistes dirige? par Henri Lichtenberger ©, de dix ans son ai?ne?, mulhousien comme lui, et amateur de Wagner et Nietzsche. Agre?ge? d’allemand en 1894, il fut nomme? professeur a? Montauban. Une bourse de la Fondation Thiers lui permit, de 1896 a? 1899, de s’engager dans une the?se dirige?e par H. Lichtenberger (devenu professeur a? Paris). Docteur en 1903. Il continua sa carrie?re de professeur au lyce?e du Havre, puis au lyce?e Buffon de Paris puis a? celui de Versailles. En 1904, il fut charge? de cours de litte?rature e?trange?re a? l’uni­versite? d’Aix, et fut promu professeur en 1911. En 1920, par un e?change de poste avec Albert Le?vy-Se?e ©, il fut nomme? a? Strasbourg, par de?cret du 1er avril 1921. Il occupa la chaire de litte?­rature allemande contemporaine, mais choisit de donner e?galement a? son enseignement une ouverture sur les questions de civilisation et l’histoire des ide?es. De?s son arrive?e, il fut aussi sollicite? pour donner des cours d’histoire des doctrines morales et sociales allemandes au Centre d’e?tudes germaniques de Mayence. Place? sous le patronage de l’universite? de Strasbourg, inaugure? le 2 novembre 1921 en pre?sence du recteur Charle?ty, ce centre avait pour mis­sion de former d’une part des fonctionnaires et des officiers de?sireux de se perfectionner dans l’e?tude de l’histoire et des re?alite?s de l’Allemagne, et d’autre part des e?tudiants ger­manisants venus poursuivre leurs e?tudes dans ce territoire occupe? par la France. É. Spenlé assura biento?t la coordination des cours et fut de?tache? a? la te?te du centre a? la rentre?e 1922. L’École de droit de Mayence, autre antenne de l’universite? de Strasbourg, sous l’e?gide de la faculte? de Droit, fut associe?e a? la nouvelle structure. Une quarantaine d’e?tudiants e?taient inscrits au diplo?me d’e?tudes germaniques de droit et d’histoire en pays rhe?nan, appele? par commo­dite? DHCF (Diplo?me du Haut-commissariat franc?ais). Les enseignants strasbourgeois de toutes les disciplines des lettres et du droit assuraient tour a? tour des cours pour ce public inhabituel mais motive?. Le centre fut rapatrie? a? Strasbourg en 1930 lorsque la Rhe?nanie fut e?vacue?e. Apre?s deux candidatures malheu­reuses a? la Sorbonne, É. Spenlé quitta l’Alsace en 1932, pour prendre la fonction de recteur de l’acade?mie de Dijon. En 1933, l’anne?e du cin­quantenaire de la mort de Wagner, il se rendit a? Bayreuth pour y assister a? une repre?sentation des Mai?tres-chanteurs, dont il rendit compte dans le Mercure de France : « Une chose est d’appeler l’e?lite a? communier a? Bayreuth, autre chose de l’enfermer dans des camps de concentration ». Toutefois, invite? dans plusieurs universite?s allemandes, lors d’une tourne?e de confe?rences en de?cembre 1938, apre?s la Nuit de cristal, il envoya un compte rendu de son se?jour au ministe?re des Affaires e?trange?res dans lequel il insistait sur l’accueil chaleureux qui lui avait e?te? re?serve? et sur le toast cordial porte? par Abetz, futur ambassadeur d’Allemagne, ce?le?brant « la collaboration intel­lectuelle et artistique entre nos deux pays », auquel il avait re?pondu sur le me?me ton. Il prit sa retraite en 1940. Il se mit alors au service du re?gime nazi, en acceptant d’abord de donner des confe?rences sur la nouvelle universite? alle­mande, puis en prenant la direction, en mars 1941, du Centre universitaire me?diterrane?en, situe? a? Nice, sans que son titulaire pre?ce?dent, qui n’e?tait autre que Paul Vale?ry, fu?t averti de son limogeage par le gouvernement de Vichy. À la Libe?ration cette fonction lui fut retire?e et ren­due, le 1er mars 1945, a? son titulaire pre?ce?dent, sur de?cision du ministre de l’e?poque, Rene? Capitant ©. É. Spenlé choisit alors de s’exiler en Suisse, a? Nion-Waadt, ou? ses cendres furent transfe?re?es le 2 mai 1951. Sa mort, l’anne?e pre?ce?­dente, des suites d’une ope?ration a? Nice, e?tait passe?e inaperc?ue dans la sphe?re acade?mique. Durant sa pe?riode universitaire, Spenlé avait publie? sur la socie?te? allemande plusieurs ouvrages qui servirent de re?fe?rence a? plusieurs ge?ne?rations d’e?tudiants, ainsi que des articles dans des revues, en particulier le Mercure de France, mais quand il eut publie?, en 1943, Nietzsche et le proble?me europe?en, ou? il louait l’e?ducation nationale-socialiste et soutenait des the?ses racistes, il se coupa de ses anciens colle?gues. Charge? de la notice ne?crologique d’É. Spenlé pour la revue Études germaniques, le recteur Dresch ©, qui l’avait connu comme enseignant a? Strasbourg puis dans sa fonction de recteur, avoua son embarras d’avoir a? rendre compte de ce retournement ide?ologique. Le?gion d’hon­neur en juillet 1926.

Novalis devant la critique, the?se, Paris 1903; Essai sur l’ide?a­lisme romantique en Allemagne, the?se comple?mentaire, Paris, 1903; Rahel. Madame Varnhagen, histoire d’un salon roman­tique en Allemagne, Paris, 1910 ; La pense?e allemande de Luther jusqu’a? Nietzsche, Paris, 1934; « Deux conceptions de l’e?duca­tion: humanisme et racisme », Mercure de France, 15.6.1936; « L’esprit nouveau dans l’universite? allemande », Mercure de France, 15.3.1938; Nietzsche et le proble?me europe?en, Paris, 1943.

Rapport des doyens, 1921, 1932; Michel Espagne, Les e?tudes germaniques en France, 1900-1970, 1994, p. 260; L. Febvre, Lettres a? Henri Berr, pre?sente?es et annote?es par Jacqueline Pluet et Gilles Candar, 1997, p. 117; Élisabeth De?cultot, « Spenle?, Jean Édouard », Internationales Germanistenlexikon, tome III, p. 1767; J. Dresch, « Ne?crologie d’É. Spenle? », Études germaniques, 1952, p. 229-230 ; Archives ADN 270, compte-rendu du 9 décembre 1938, cite? par D. Bosquel, « Voyages et se?jours des ger­manistes franc?ais dans les anne?es 30 », in Michel Espagne, op. cit..

Franc?oise Olivier-Utard (2006)