Pasteur, pe?re du pie?tisme (★ Ribeauville? 13.1.1635 † Berlin 5.2.1705). Fils de Johann Philipp Spener, juriste, conseiller et archiviste des seigneurs de Rappoltstein/Ribeaupierre ©, originaire de Strasbourg, et d’Agatha Saltzmann, originaire de Strasbourg, ∞ 23.6.1664 a? Strasbourg Susanna Erhardt, fille de Jean Jacques Erhardt, membre des conseils des XIII, XV et XXI, et de N. Hartung. Ses parents le destinaient de?s son plus jeune a?ge au service de Dieu, prirent soin de l’e?duquer dans ce sens. Cette e?ducation fut comple?te?e par sa marraine, Agatha von Rappoltstein. Une autre influence fut celle du pre?dicateur de la cour Joachim Stoll, arrive? a? Ribeauville? en 1647. Parmi les lectures qui ont forme? la pense?e du jeune homme, il convient de citer en premier lieu : Le vrai christianisme (Sechs Bucher vom wharen Christentum) de Johann Arndt. En mai 1651, Spener s’inscrit a? l’Universite? de Strasbourg, ou? il entreprit des e?tudes d’histoire, de philosophie et de langues, mais tre?s vite il s’orienta vers la the?ologie. Un de ses mai?tres les plus e?minents fut Johann Conrad Dannhauer © (1603-1666). De 1654 a? 1656, Spener fut pre?cepteur des fils du comte palatin Christian von Zweibru?cken-Birkenfeld. Dans cette famille, il eut l’occasion de s’inte?resser aux e?tudes ge?ne?alogiques et he?raldiques auxquelles il consacra plusieurs ouvrages qui firent autorite? longtemps. Il revint, a? partir de 1656, a? ses e?tudes the?ologiques et soutint sa the?se en 1659 (U?ber den Bindeschlu?ssel), mais il n’abandonna pas pour autant ses e?tudes profanes, en particulier pendant ses voyages (1659-1662) qui le conduisirent a? Ba?le et a? Gene?ve ou? il fit un se?jour prolonge?. Il e?tudia la constitution de l’Église re?forme?e et fit la connaissance du chantre de l’Éveil, Jean de Labadie. Puis il se rendit a? Stuttgart et a? Tübingen et entra en contact avec des the?ologiens wurtembergeois. En octobre 1662, Strasbourg lui proposa une cure qu’il refusa afin de pouvoir poursuivre ses e?tudes. En revanche, il accepta l’anne?e suivante la charge de pre?dicateur a? la cathe?drale de Strasbourg. En 1666, Spener fut pressenti pour le poste d’Oberpfarrer a? Francfort sur le Main. Le pouvoir eccle?siastique e?tait entre les mains du Magistrat de la ville libre. En aou?t de cette anne?e, Spener entra en fonction a? Francfort et s’attaqua rapidement a? la petite, mais active communaute? des huguenots en faisant opposition a? leur demande d’obtenir un lieu de culte intra muros a? Francfort, une de?marche qu’il regretta plus tard. À Francfort, Spener composa l’e?crit qui devait constituer la base de sa foi pie?tiste, les Collegia pietatis (1675), suivi la me?me anne?e de ses Pia desideria, la bible de son petit cercle d’adhe?rents, un programme de re?forme de la pie?te? luthe?rienne qui souligne la conception individualiste du christianisme doctrinal et for mule des re?gles de vie. Son ide?e centrale — la renaissance (Wiedergeburt) individuelle — suscita des re?actions hostiles, en particulier a? Wittenberg et Leipzig. Était vise?e surtout son ide?e des re?unions d‘e?dification prive?es qui e?veilla me?me les soupc?ons de la police de Francfort contre les conventicules. Une de ses influences pre?ponde?rantes se situe dans le domaine de l’e?ducation religieuse de la jeunesse par le truchement de ses se?ances de cate?chisme suivies d’examens. Il en tira son Petit cate?chisme inspire? de Luther qui a garde? son influence jusqu’a? nos jours. Il entretint une abondante correspondance ou? nous trouvons en bonne place les lettres de Leibnitz. Ce que Spener n’avait pas pu pre?voir, c’est que la nouvelle conception de la foi et du ro?le atte?nue? de l’Église officielle allait donner naissance a? des tendances se?paratistes qui alimente?rent la pole?mique contre lui et sa doctrine. Spener se distanc?a des se?paratistes. Les inimitie?s qu’il eut a? endurer a? Francfort le de?cide?rent, en 1686, d’accepter la fonction de premier pre?dicateur a? la cour de Dresde. La le?ge?rete? des mœurs a? cette cour amena la rupture entre Spener et le prince e?lecteur de Saxe. Les attaques les plus virulentes vinrent de l’Universite? de Leipzig, qui re?pandit le qualificatif vexatoire de « pie?tisme » a? l’e?gard du mouvement de Spener. Une fois de plus, il dut quitter sa fonction pour donner suite a? un engagement a? Berlin (juin 1691) ou? le pie?tisme jouissait d’une grande conside?ration. Il put me?me exercer une influence sur la nouvelle Universite? de Halle en s’alliant avec A. H. Francke. Ils eurent a? faire front contre des adversaires de plus en plus nombreux qui les accusaient de sectarisme et d’e?tre a? l’origine des exce?s des chiliastes, enthousiastes et extatiques. Spener publia entre 1691 et 1698 quelque cinquante pamphlets contre ses de?tracteurs. Il exerc?a une forte influence, en particulier sur la communaute? des Fre?res moraves du comte de Zinzendorf.
Theatrum nobilitatis Europeae, 3 vol., 1668-1678; 1717; Theologische Bedenken (1673-1700); Letzte theol. Bedenken (1667-17051; Concilia et judicia theologica latina (1667-1704); Thätiges Christentum, Lauterkeit des ev. Christentums (1666-1704); Vollsta?ndiger Catalogus aller… Predigten, Leipzig, 1715; Opus heraldicum, 2 vol., 1717; Erste geistliche Schriften (1677 sq.), Kleine geistl. Schriften (1653 sq.); Briefwechsel Frankes und Speners, hrsg. von G. Kramer, Halle, 1861 ; Speners Hauptschriften, hrsg. von P. Gru?nberg, Hildesheim, Zurich, New York, 1988.
Gerber, Historie des Wiedergeborenen, t. Il, 1726; V. Ganstein, Lebensbeschreibung Speners, 1729; Wildenhahn, Ph. J. Spener, 1843; W. Horning, Spener in Rappoltsweiler, Colmar, Strasbourg, 1883 ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, I, n° 32, p. 175-180 (portrait); A. Ritschl, Geschichte des Pietismus, t. 2, 1884; P. Gru?nberg, Ph. J. Spener, Go?ttingen, 1893-1906; H. Leube, « Die Entscheidungsjahre der Reformbestrebungen Ph. J. Speners », Neue Kirchl. Zeitschrift, 36, 1925; A. Stumpff, Ph. J. Spener u?ber The?ologien und Seelsorge als Gebiet der kirchl. Neugestaltung, Diss, Tu?bingen, 1934; H. Appel, Ph. J. Spener, Vater des Pietismus, Berlin, 1964; Chr. Wolff, « Les seize quartiers de Ph. J. Spener, pe?re du pie?tisme », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 71, 1985, p. 512-513, 73, 1986, p. 6 1 7 ; J. Wallmann, Ph. J. Spener, Geschichte des Pietismus’s, 1995, Bd. 2.
Portrait a? l’e?glise protestante de Ribeauville?.
Jules Keller (2000)