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SPAHN Martin

Historien, publiciste et homme politique, (C) (★ Marienburg 7.3.1875 † Seewalchen am Attersee, Haute-Autriche, 12.5.1945). Fils de Peter Spahn ©. ∞ 1902 Elisabeth Bracht, sœur du ministre de l’Inte?rieur du gouvernement Schleicher en 1932-1933. Apre?s des e?tudes secondaires a? Marienburg, Berlin, Bonn, a? nouveau Berlin, Spahn fit des e?tudes d’histoire a? Bonn, Berlin et Innsbruck. Il se spe?cialisa en histoire moderne avec un doctorat, en 1896, sur Die innerpoli­tische Entwicklung des Herzogtums Pommern von 1478 bis 1625, dirige? par Gustav Schmoller, puis, en 1898, avec une habilitation sur un the?ologien catholique de l’e?poque de la Re?forme, Johannes Cochla?us, sous la direction de Max Lenz. Ce dernier ouvrage fut tre?s appre?cie? dans les milieux protestants, mais cri­tique? dans les milieux catholiques. Spahn tint de?sormais une place originale dans le catholi­cisme allemand en s’opposant a? la tradition ultramontaine et en de?fendant une conception prussienne et petite-allemande de l’Allemagne. Il e?tait e?galement tre?s proche du Reformkatholizismus, favorable, mais sans les exce?s du modernisme, a? une re?conciliation de l’Église avec la culture et la science moderne, mouvement dont Albert Ehrhard © e?tait un e?minent repre?sentant. En 1896-1897, Spahn fut charge? de la re?daction du supple?ment scienti­fique de la Germania, l’organe du Zentrum ber­linois, mais en fut e?carte? pour avoir publie? des catholiques libe?raux comme Hermann Schell. Spahn enseigna comme Privatdozent a? l’Universite? de Berlin de 1898 a? 1901. À partir de 1899, il fut l’un des directeurs de la se?rie Weltgeschichte in Charakterbildern, ou? il publia, en 1902, Die Wiedergeburt Deutschlands im 17. Jahrhundert. Soutenu par le directeur ministe?riel prussien Friedrich Althoff ©, partisan d’une parite? confessionnelle a? l’Universite?, il fut nomme?, de?but 1901, professeur extraordinaire a? l’Universite? de Bonn, puis, en octobre 1901, professeur ordinaire sur une chaire d’histoire moderne nouvellement cre?e?e a? l’Universite? de Strasbourg. En cre?ant une chaire d’histoire et une chaire de philosophie re?serve?es a? des catholiques, le gouvernement allemand espe?­rait obtenir l’assentiment de?finitif du Saint-Sie?ge a? la fondation d’une faculte? de The?ologie catholique a? Strasbourg. Le principe me?me d’une telle nomination suscita de violentes cri­tiques de la part des milieux universitaires libe?­raux allemands et, en particulier, un article ce?le?bre de The?odore Mommsen sur la « science sans pre?suppositions » et contre la politique universitaire d’Althoff dans les Mu?nchener Neueste Nachrichten. Cette nomination ne satisfit pas non plus les milieux catholiques qui reprochaient a? Spahn son hostilite? a? l’ultramonta­nisme. C’est ainsi que Mgr Fritzen, e?ve?que de Strasbourg, interdit la fre?quentation de ses cours aux se?minaristes. Par ses qualite?s d’en­seignant, Spahn parvint cependant a? s’imposer et suscita de nombreuses recherches sur l’histoire re?gionale. De 1906 a? 1915, il publia les Strassburger Beitra?ge zur neueren Geschichte. Publiciste tre?s actif — il publia en particulier de nombreux articles dans la revue Hochland de Carl Muth — Spahn e?tait attire? par l’action politique. Il e?tait partisan d‘une de?confessionnalisation du Zentrum allemand, afin d’en faire un grand parti national et conservateur. Il e?tait hostile a? la ten­dance parlementaire du Zentrum dirige?e par Matthias Erzberger. En Alsace, il œuvra dans le sens d’un ralliement au Zentrum et adhe?ra au Centre alsacien-lorrain. De 1908 a? 1918, il sie?­gea au conseil municipal de Strasbourg, ou? il dirigea le groupe centriste. En 1910, il prit la pre?sidence de la section strasbourgeoise du Centre alsacien-lorrain et sie?gea a? ce titre, a? partir de mai 1913, au directoire de I’Elsa?sser, le grand quotidien catholique de Basse Alsace. De 1910 a? 1912, il fut e?galement pre?sident de la Commission de?partementale et membre du Comite? directeur du Centre alsacien-lorrain. En aou?t 1910, lors d’une e?lection partielle, Spahn fut e?lu de?pute? au Reichstag, comme candidat du Zentrum, dans la circonscription de Warburg-Ho?xter en Westphalie. Son entre?e au groupe parlementaire fut violemment conteste?e et pro­voqua une seconde « affaire Spahn ». Lors de la discussion sur le projet de loi d’autonomie pour l’Alsace-Lorraine en 1911, il se prononc?a, pour des raisons d’ordre national, en faveur d’une autonomie restreinte. Apre?s le vote de la loi d’autonomie, il s’efforc?a en vain d’empe?cher la rupture entre le Centre alsacien-lorrain et le Zentrum. En octobre 1911, il fut candidat mal­heureux du Centre alsacien-lorrain dans la cir­conscription de Mulhouse-campagne aux e?lec­tions a? la Seconde Chambre du Landtag d’Alsace-Lorraine. En janvier 1912, il ne put se  repre?senter aux e?lections au Reichstag. Son influence au sein du Centre alsacien-lorrain de?clina, malgre? le de?veloppement du Windthorstbund, l’organisation des jeunes du Zentrum, relance?e a? Strasbourg, en 1911, par son e?le?ve Eduard Stadtler ©. De plus en plus marque? par son nationalisme, il poussa le rec­teur Albert Ehrhard a? dissoudre le Cercle des e?tudiants alsaciens-lorrains en juin 1911. Pendant la guerre, Spahn dirigea l’Office du lait de Strasbourg. Il participa activement a? la propa­gande allemande dans le cadre du Heimatdienst et de la Strassburger Gesellschaft fu?r deutsche Kultur. Partisan de l’expansion allemande dans le monde, il publia, en 1918, une brochure demandant l’annexion des mines de fer de Briey et de Longwy. En novembre 1918, Spahn quitta l’Alsace, peu avant l’entre?e des troupes franc?aises a? Strasbourg. En 1919, il publia un ouvrage intitule? Elsass-Lothringen qui te?moignait d’un effort d’objectivite?. Il fut nomme? professeur a? la nouvelle universite? de Cologne en de?cembre 1919. En septembre 1921, il adhe?ra a? la Deutschnationale Volkspartei. Membre du Reichstag de 1924 a? 1933, il adhe?ra le 9 juin 1933 au groupe parlementaire de la NSDAP. Re?e?lu en 1936 et 1938, il adopta, cependant, a? partir de 1935, une atti­tude re?serve?e a? l’e?gard du nazisme. En 1940, sa prolongation de professeur a? l’Universite? de Cologne lui fut refuse?e.

Pour la bibliographie des publications de Martin Spahn, se reporter a? G. Clemens, Martin Spahn und der Rechtskatholizismus in der Weimarer Republik, Mayence, 1983, p. IX-XXII ; « Wirtschaft und Staat im elsass-lothringischen Schicksa »l, Das Reichsland Elsass-Lothringen 1870-1918, Institut der Elsass-Lothringer im Reich an der Universität Frankfurt, Francfort,  I, 1931, p. 3-27.

Elsa?sser du 1.4.1925 ; Le Nouvel Alsacien du 12.5.1950 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, II, p. 171 (por­trait); W. Kosch, Biographisches Staatshandbuch, II, Berne, 1960; Chr. Baechler, L’Alsace entre la guerre et la paix. Recherches sur l’opinion publique, 1917-1918, Strasbourg, 1969; W. Ferber, « Der Weg Martin Spahns. Zur Ideengeschichte des politischen Rechtskatholizismus », Hochland, 62/1, 1970, p. 218-229 ; J.-M. Mayeur, Autonomie et politique en Alsace. La constitution de 1911, Paris, 1970; J. Freund, « La science sans pre?suppositions. La querelle autour d’une chaire d’histoire a? i’Universite? de Strasbourg », Revue des Sciences sociales de la France de l’Est, 1973 ; R. Morsey, « Martin Spahn (1875-1945) », in J. Aretz, R. Morsey, A. Rauscher (e?d.), Zeitgeschichte in Lebensbildern, 4, Mayence, 1980, p. 143-158 ; Chr. Weber, « Der Fait Spahn » (1901). Ein Beitrag zur Wissenschafts- und Kulturdiskussion im ausgehenden 19. Jahrhundert, Rome, 1980; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 294 ; Chr. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland a? la Re?publique jacobine, Strasbourg, 1982 ; G. Clemens, Martin Spahn und der Rechtskatholizismus in der Weimarer Republik, Mayence, 1983; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 412.

Christian Baechler (2000)