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SITZMANN Franc?ois-lgnace dit Fre?re Édouard

Lexicographe, (C) (★ Wettolsheim 30.7.1836 † Ehl, commune de Benfeld, 2.2.1918). Fils de Joseph Sitzmann, vigneron, et de The?re?se Stentz. Il entra de?s 1852 dans la toute nouvelle congre?gation enseignante des Fre?res de Matzenheim, puis il fit son noviciat a? Hilsenheim (« La Providence » fonde?e par le pe?re Euge?ne Mertian ©) et prononc?a en 1859 ses vœux perpe?tuels. Il enseigna alors dans les e?coles primaires de Huningue, Merxheim, Reichshoffen, qui e?taient dirige?es par des fre?res de Matzenheim. En 1865, il fut nomme? directeur d’e?cole de Zillisheim ou? il demeura en fonction jusqu’en 1889, date a? laquelle il fut nomme? a? Brumath. En 1901 enfin, on lui confia la direction de l’Institut Saint-Materne d’Ehl qu’il conserva jusqu’a? sa retraite en 1906. Celle-ci venue, il demeura a? Ehl jusqu’a? sa mort. Durant cette longue carrie?re toute au service de la jeunesse alsacienne, le Fre?re Sitzmann se consacra e?galement a? la recherche historique a? propos de l’Alsace, publiant divers travaux. Mais en 1892 commenc?a vraiment son grand œuvre. En effet, si la richesse me?me de son histoire avait amene? la multiplication des ouvrages sur l’Alsace: monographies locales et biographies de ses grands hommes, nul encore, a? l’exception des Biographies alsaciennes d’Antoine Meyer © parues a? Colmar entre 1883 et 1890 et qui ne traitaient pratiquement que de contemporains ou de personnalite?s du XIXe sie?cle, n’avait entrepris un dictionnaire syste?matique de biographies de l’Alsace. Ce fut le titre de gloire du Fre?re Sitzmann que de publier en 1909 un tel dictionnaire. Le succe?s de l’ouvrage a pour preuve le titre qu’on lui donna d’emble?e, puisque depuis sa parution on ne parle que du « Sitzmann » comme on parle du Littre? ou du Robert. C’est donc a? cette date de 1892 qu’il se lanc?a dans les innombrables e?tudes et recherches que lui imposait son Dictionnaire de biographie des hommes ce?le?bres de l’Alsace. Il s’agissait la? d’un ouvrage conside?rable consacre? tout entier a? la gloire des Alsaciens des sie?cles passe?s, qui « n’avaient cesse? de donner au monde les preuves les plus marquantes, les plus manifestes, du ge?nie et du vrai me?rite ». Dans la pre?face d’ailleurs, il apparai?t clairement que le Fre?re Sitzmann s’est e?galement consacre? a? cette œuvre, dans le grand mouvement du renouvellement des e?tudes alsatiques qui a suivi le de?chirement de 1871. Ainsi explique-t-il lui me?me qu’ « en fils de?voue? de la patrie restreinte, (il avait) pense? faire œuvre du plus pur patriotisme, en e?levant le monument qu’e?tait (son) Dictionnaire de biographie, afin de recueillir, de tirer ou pre?server de la nuit de l’oubli les Alsaciens qui s’e?taient le plus distingue?s… ». Il de?clara lui-me?me que «cet ouvrage qui comblait une lacune de notre litte?rature, e?tait appele? a? rendre de re?els services » et cela d‘autant plus qu’aux Alsaciens de souche il n’avait pas he?site? a? adjoindre et « a? placer dans le Panthe?on e?leve? en l’honneur des grands hommes de l’Alsace », tous ceux qui en avaient fait leur patrie d’adoption, « l’avaient aime?e comme leur terre natale, y avaient ve?cu, travaille?, en avaient partage? les joies dans les jours de gloire ou porte? le deuil dans le malheur ». Avec quelle habilete? e?gale-ment, le Fre?re Sitzmann esquiva les reproches qu’on pourrait lui faire, soit au sujet du choix me?me des personnages, soit a? propos des erreurs quasi-ine?vitables dans un travail de cette envergure. Quant au fait d’avoir e?te? trop succinct dans les notices et de n’avoir pas toujours pre?sente? ses personnages sous toutes leurs faces, c’est avec beaucoup de simplicite? qu’il se de?fend de n’avoir fait en de?finitive autre chose qu’un lexique et renvoie pour plus de de?tails le lecteur a? la bibliographie qui finit chaque article. Il reconnai?t me?me un manque de proportion parfois, entre l’importance re?elle des personnages et la place qui leur est donne?e dans son œuvre. Cependant, c’est par un sentiment de fierte? qu’il conclut envers « un travail e?norme » qui l’a amene? a? « parcourir des e?crits sans nombre ». Il n’a pas la pre?tention « d’avoir fait une œuvre parfaite et les de?fauts de (son) travail, (il) les connai?t mieux que personne ». Du moins pense-t-il e?tre parvenu « a? mieux faire connai?tre l’Alsace et ce qui constitue les plus beaux fleurons de sa couronne, c’est-a?-dire ses hommes illustres ». Or il semble que le Fre?re Sitzmann ait e?te? en cela un excellent critique de sa propre œuvre. En effet, le choix de certains personnages sur lesquels il s’e?tend complaisamment, peut parfois surprendre; en effet, ses notices biographiques comprennent un certain nombre d’erreurs de dates, de noms ou de filiation ; en effet, certains noms pourtant d’une importance insigne sont oublie?s; en effet, le digne eccle?siastique tombe parfois dans la peinture des caracte?res de ses he?ros, dans un moralisme agac?ant, mais, ainsi qu’il l’a lui-me?me de?clare? avec un robuste bon sens, « si pour publier une œuvre, il fallait attendre qu’on en fu?t content, on ne publierait certainement jamais ». Et en de?finitive, ce sont la? pe?che?s bien ve?niels a? co?te? de l’immense effort fourni par fre?re Sitzmann pour re?aliser une œuvre a? laquelle tout chercheur alsacien ou s’occupant des choses de l’Alsace se re?fe?ra longtemps quotidiennement en se disant a? chaque fois avec reconnaissance : « Si nous n’avions pas le Sitzmann! ».

Brève histoire de Belfort ; Aperçu sur l’histoire politique et religieuse de l’Alsace depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Belfort, 1878 ; Geschichte des Dorfes Zillisheim, Rixheim, 1882 ; « Une cité gallo-romaine ou Ehl après Benfeld », Revue catholique d’Alsace, 1903 ; Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, 2 tomes, Rixheim, 1909-1910 (ouvrage réédité par les éditions du Palais Royal en 1973 avec une introduction de G. Foessel). Un troisième recueil de notices manuscrites a paru sous forme multi graphique en 1984 à l’initiative du Frère Denis (Joseph Sibler), collège de Matzenheim, 107 p. ; Un castel féodal ou le château de Werde et ses propriétaires, Strasbourg, 1912.
Frère Denis Sibler, « À la mémoire du Frère Édouard Sitzmann », L’Étoile de Notre-Dame, n° 29, juin 1968, multigraphie ; idem, « Frère Édouard Sitzmann, sa vie, son œuvre d’historien et d’éducateur », Annuaire de la société d’histoire des Quatre Cantons, 1984, p. 33-44.

† Georges Foessel (2000)