Premier grand rabbin du Consistoire central des Israe?lites de France, (I) (★ Tre?ves 1745 d. Paris 9.11.1812, inhume? au Pe?re Lachaise). Fils d’Isaac Sintzheim, rabbin a? Tre?ves avant d’e?tre nomme? rabbin des États du Directoire de la Noblesse imme?diate de Basse Alsace avec sie?ge a? Niedernai. ? Esther Berr (★ 1743 d. 1793), fille de Dov Berr de Medelsheim et sœur de Cerf Berr de Medelsheim © ; 1 fille, Gu?ttel (★ 1768 d. 1806), e?pouse du grand rabbin Auerbach (★ 1760 d. 1845). Il e?tudia chez son pe?re et dirigea une petite e?cole rabbinique a? Bischheim de 1786 a? 1792. En mai 1789, il participa a? Strasbourg a? la re?daction du cahier de dole?ances des juifs d’Alsace. Elu de?pute? avec Joseph Brunschweyg d’Uffholtz, Sintzheim qui re?sidait a? Bischheim fut charge? de porter le cahier des vœux des juifs d’Alsace a? Paris. En mars 1792, Sintzheim se trouva a? la te?te d’une de?le?gation juive qui protestait aupre?s de la municipalite? de Bischheim contre son refus de recevoir le serment civique de la population juive. Les perse?cutions de la Terreur le contraignirent a? s’enfuir de Bischheim avec ses e?le?ves en 1793. Sous couvert d’une fabrique de tabac mise en service a? Strasbourg, il continua d’enseigner avec l’aide de son neveu et gendre le rabbin Abraham Auerbach ©. Il disposait d’une bibliothe?que de 800 volumes imprime?s et de 23 manuscrits, ce qui lui permit de re?diger une grande partie de son encyclope?die talmudique, connue sous le titre de Yad David (La main de David), faite a? partir du traite? Berakhot et de l’ordre Moed, portant sur l’ouvrage de ‘Hayim Benveniste, Knesseth Hagedolah (La grande assemble?e) et dans laquelle se trouvent nombre de renseignements biographiques. Son gendre, le rabbin Auerbach, fut emprisonne? au Grand Se?minaire de Strasbourg jusqu’en aou?t 1794 et sa fille Gu?ttel dut comparai?tre devant le tribunal de police de Strasbourg pour avoir porte? « un ve?tement qui de?signe l’attachement a? une secte religieuse et fanatique ». Sous le Consulat et au de?but de l’Empire, la population juive de Strasbourg s’organisa en une communaute? structure?e (1476 juifs en 1807 sur un total de 54 454 habitants). Sintzheim e?tait rabbin de Strasbourg et a? ce titre prononc?a un discours dans la grande synagogue de Strasbourg, rue des Fribourgeois, pour ce?le?brer les victoires de l’empereur (24 octobre 1805). En 1806, il fut appele? a? participer aux travaux de l’Assemble?e des notables convoque?e par Napole?on a? Paris. Il fut charge? par ses colle?gues de re?pondre a? un questionnaire en 12 points pour que le gouvernement puisse juger si les rites que les juifs observaient permettraient de les placer sur un pied d’e?galite? avec le reste de la population. Sans violer le moindre principe du droit juif, il re?ussit a? convaincre Napole?on Ier que les juifs accepteraient l’autorite? de l’État et rempliraient leurs obligations de citoyens sans pour autant abandonner leur foi et leurs traditions. C’est ainsi qu’il fut de?signe? comme pre?sident du grand Sanhe?drin de 1807 ou? il sut faire preuve de fermete? et de dignite? face aux exigences d’un pouvoir assimilateur. Nomme? pre?sident du Consistoire israe?lite du Bas-Rhin, puis du Consistoire central en 1808, on le conside?re comme le premier grand rabbin de France. Il re?digea a? Paris en 1809 et en 1810 une partie de son encyclope?die talmudique qu’il intitula Min’hat Ani (L’offrande du pauvre) alors qu’il avait la charge de pre?sident du Consistoire central et de grand rabbin de France et d’Italie. Ses nouvelles fonctions l’immobilisaient a? Paris. Sa bibliothe?que renfermait imprime?s et manuscrits parmi lesquels la Bible de Joseph Athias, les Responsa du rabbin Salomon Cochem, les traite?s rituels du rabbin Joram Provenc?al, la gram maire de Kim’hi, le dictionnaire biographique de ‘Hayim Joseph Azulai, de nombreux manuscrits de la main de Sintzheim contenant ses recherches, ses annotations et observations sur le Talmud. Le Consistoire central lui devait un traitement annuel de 6000 francs, mais, faute d’argent dans les caisses, ne le payait pas, de sorte qu’il connut l’indigence, refusant de vendre sa maison de Strasbourg ou? il gardait l’espoir de finir ses jours.
Yad David, Offenbach, 1799; Min’hat Ani, e?dite? et annote? par le rabbin Y. Schlesinger; Ma’hon Je?rusalem, 10 volumes parus et 10 en cours de publication.
Archives départementales du Bas-Rhin, 7 M 190; Archives municipales de Strasbourg, proce?s-verbaux du corps municipal, 12 nivo?se an 4 (= 2 janvier 1796), p. 253; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 101 499 Discours de David Sintzheim dans la grande synagogue de Strasbourg, 24 octobre 1805; The Jewish Encydopedia, Nex York, 1905, p. 396; Encyclopaedia Judai?ca, vol. 14, Je?rusalem, 1971, p. 1616-1617; Z.-E. Harsany, La vie a? Strasbourg sous le Consulat et l’Empire, Strasbourg, 1976, p. 143-144; A. Blum, « Sintzheim, porte-parole des Ashkenazim », dans B. Blumenkranz, A. Soboul, Le Grand Sanhe?drin de Napole?on, Paris, 1979, p. 119-131; S. Schwarzfuchs, Napole?on, The Jews, and the Sanhe?drin, Oxford, 1979; R. Weyl, « Le grand rabbin David Sintzheim a? Paris d’apre?s des documents re?cemment de?couverts », Revue des études juives, CXXXIX (1-3), janv.-sept. 1980, p. 225-227; R. Weyl, J. Daltroff, « Le cahier de dole?ances des juifs d’Alsace », Revue d’Alsace, 109, 1983, p. 65-80; Encyclopédie de l’Alsace, X, 1985, p. 6215; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 405-406; J. Katz, Exclusion et tole?rance. Chre?tiens et juifs du Moyen Age a? l’e?re des Lumie?res, Paris, 1987, p. 240-255; R. Weyl, « La communaute? juive de Strasbourg entre le libe?ralisme et la tradition (1808-1988) », Communaute? nouvelle, sept.-oct. 1988, p. 110; J. Godechot, « «Juifs» sous le Premier Empire », sous la direction de J. Tulard, Dictionnaire Napole?on, Paris, 1989, p. 986-990; R. Badinter, L’e?mancipation des juifs, 1789-1791, Paris, 1989; S. Schwarzfuchs, Du juif a? l’israe?lite, Histoire d’une mutation 1770-1870, Paris, 1989, p. 188-232; Dictionnaire encyclope?dique du judai?sme, trad. de l’anglais et adapte? sous la direction de S. A. Goldberg, Paris, 1993 (re?e?d. 1996), p. 1060-1061.
Jean Daltroff (2000)