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SIMON Marcel Alexandre

Professeur, doyen de la faculte? des Lettres de Strasbourg, historien des religions, membre de l’Institut, (C, puis anglican) (★ Husseren-Wesserling 10.4.1907 † Strasbourg 26.10.1986). Fils de Paul Simon, cadre administratif, et de Marianne Mutterer. ∞ I Raymonde Charbonnel; 4 enfants, ∞ II Odile Kraft. La carrie?re de Simon s’est de?roule?e presque uniquement a? l’Universite? de Strasbourg. Études secondaires au colle?ge Scheurer-Kestner de Thann, lyce?e Louis-le-Grand (Paris), ENS (rue d’Ulm), puis École de Rome, e?le?ve de Charles Guignebert (1867-1939) qui le marqua profonde?ment (RH 1940), agre?ge? d’histoire (1931) et docteur e?s lettres (1946). Professeur au lyce?e Fustel de Coulanges. à la mort de Fritz Kiener © (4 novembre 1942), il fut charge? d’enseignement (histoire d’Alsace) a? l’Universite? de Strasbourg replie?e a? Clermont-Ferrand. Arrive? comme officier du bataillon de volontaires alsaciens et lorrains leve?s a? Clermont-Ferrand, il participa avec les professeurs Boutruche et Ponteil aux cours d’humanite?s franc?aises organise?s a? Strasbourg de?s le de?but 1945. Publia Pour comprendre l’Alsace sous les auspices de la Xe Re?gion militaire pour les cadres de la Ière Arme?e. Directeur de l’Institut des hautes e?tudes alsaciennes (1941-1946), professeur d’histoire des religions (chaire d’Alfaric: 1947). Succe?da a? Ernest Hoepffner © comme doyen de la faculte? des Lettres et fut re?e?lu a? diffe?rentes reprises (1948 a? 1963). Il fut en 1949 l’un des signataires, avec d’autres doyens et assesseurs, d’une lettre ouverte au maire de Strasbourg contre le projet de cre?ation d’une universite? europe?enne dans cette ville. Membre de l’Institut (Acade?mie des Inscriptions et Belles- Lettres) en 1969. Cre?ateur et directeur du Centre d’histoire des religions, Simon fut pre?sident de l’Association internationale de l’histoire des religions (1970). En tant qu’administrateur, apre?s les e?preuves de la guerre, et avec ses assesseurs, Yves Be?quignon, puis G. Livet, Simon fut le « doyen de la reconstruction » mate?rielle et morale: re?installation de la faculte? dans les ba?timents du Palais universitaire, maintien et distribution du syste?me des instituts, particulier a? Strasbourg, cre?ation sous l’e?gide de Gaston Berger, des centres de recherche, en liaison avec les faculte?s de The?ologie catholique et de The?ologie protestante, ouverture linguistique par la cre?ation de nombreux lectorats de langues (ne?erlandais, norve?gien, portugais, sue?dois, he?breu moderne, phone?tique, russe, bre?silien et persan…) ou mai?trises de confe?rences (he?breu moderne…) ; de postes d’assistants et de mai?tres assistants, en rapport avec la monte?e du nombre des e?tudiants qui commenc?ait alors. « Son activite? discre?te, mais combien efficace, dota la faculte? d’un e?ventail d’enseignements qui ne se retrouve gue?re en nombre et en varie?te? qu’a? la Sorbonne » (Doyen Wendel, Rapport ge?ne?ral 1962-1963), et mieux encore a? l’École pratique des Hautes e?tudes dont, en secret, il voulait doter Strasbourg. Énergique et de?cide?, il protesta a? diverses reprises « contre la mise?re et l’impe?cuniosite? de l’Universite?: l’argent est le nerf de la guerre et aussi celui du travail scientifique ». Sa formule? « L’Europe a les yeux sur nous ». En franc?ais ou en anglais il a parle? dans maintes universite?s ame?ricaines ou europe?ennes. En 1957-1958, il fut e?lu membre de l’Acade?mie norve?gienne des sciences et lettres et fut invite? a? l’inauguration des nouveaux locaux de l’Universite? he?brai?que de Je?rusalem. Membre du Comite? consultatif des universite?s, il e?tait docteur honoris causa des universite?s de Saint-Andrews et d’Upsal. Au moment des « troubles de 1968 », il exerc?a avec bonheur une œuvre de me?diation entre les diffe?rents courants de pense?e qui traversaient la faculte?. Il pre?sida l’assemble?e constitutive qui aboutit a? la constitution des trois universite?s, la faculte? des Lettres, formant, avec les the?ologies, l’Universite? des sciences humaines. Officier de la Le?gion d’honneur; commandeur de l’ordre national du Me?rite; croix de Guerre 1939-1940; commandeur des Palmes acade?miques; titulaire de divers ordres e?trangers (ordre du Drapeau du gouvernement yougoslave, ordre de Nassau des gouvernements luxembourgeois et hollandais; ordre royal de Danebrog (Danemark)…).
Simon resta fide?le a? l’histoire de sa province, donnant e?tudes ge?ne?rales et monographies. Dans les Vues ge?ne?rales sur l’histoire de l’Alsace, il e?tudia « le passe? le plus recule?: la pe?riode celtique, le Moyen Age germanique, les rapports avec les voisins ». Pour lui, l’Alsace a bru?le? une e?tape, celle de l’unite? provinciale. Elle est passe?e directement « du stade du morcellement fe?odal a? celui de l’inte?gration a? une unite? nationale forte ». Elle a re?uni deux e?tapes en une seule: « c’est a? la suite de son inte?gration a? l’unite? franc?aise et, de ce fait me?me, que la province d’Alsace, la personne Alsace prennent corps ». Sensible au proble?me des origines, il donna une monographie : La de?faite d’Arioviste et l’installation des Triboques en Alsace. Au retour de Clermont-Ferrand ou? il avait « maintenu la tradition, initiant ses auditeurs au passe? alsacien », Simon joua un ro?le dans la constitution de la Socie?te? savante d’Alsace et des re?gions de l’Est, et fit partie du comite? directeur. Il s’inte?ressa e?galement a? la constitution a? Colmar de la Fe?de?ration des socie?te?s d’histoire et d’arche?ologie d’Alsace (Revue d’Alsace 1954). Il donna un avant-propos a? l’ouvrage du Comite? re?gional du tricentenaire des traite?s de Westphalie, Deux sie?cles d’Alsace franc?aise, Paris-Strasbourg, 1948. Mais c’est a? l’histoire des religions, et tout particulie?rement aux rapports entretenus par le judai?sme, le christianisme et le monde pai?en que Simon consacra ses plus beaux ouvrages.
On rele?vera spe?cialement sa the?se de doctorat e?s lettres, Verus Israe?l. Études sur les relations entre chre?tiens et juifs dans l’empire romain (135-425), dont la premie?re e?dition, au lendemain de la guerre (1948), eut un grand retentissement. Bibliographie dans Bull. Soc. acad. du Bas-Rhin, t. XCI et XCII, 1969-1970, p. 28-33. De nombreux articles de Simon ont e?te? re?unis dans le recueil de M. Simon, Le christianisme antique et son contexte religieux. Scripta varia, l-ll, Tu?bingen, 1981 (Esquisse d’une autobiographie intellectuelle, VI-XV).

DNA du 10.4.1949; G. Livet, chanoine Bockel, A. Benoit, Mgr Ne?doncelle, H.l. Marrou, recteur Guyard, « Hommage au doyen Marcel Simon, membre de l’Institut. 18 juin 1970 », Bull. Soc. acad. du Bas-Rhin, t. XCI et XCII, 1969-1970; A. Benoit, M. Philonenko, C. Vogel, Me?langes offerts a? Marcel Simon. Paganisme, judai?sme, christianisme. Influences et affrontements dans le monde antique, Paris, 1978.

† Georges Livet et Marc Philonenko (2000)