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SIGISMOND (SIGMUND)

Duc, puis archiduc (1477) d’Autriche, comte de Ferrette, landgrave de Haute-Alsace (★ Innsbruck 26.10.1427 † 6.3.1496). Fils de Fre?de?ric IV et d’Aime? de Brunswick-Lunebourg. ∞ I 1449 Éle?onore d’Écosse (1433-1480), sœur du roi Jacques II. ∞ II 26.2.1484 Catherine de Saxe, fille du duc Albert; pas d’enfants le?gitimes, mais 40 ba?tards. Connu sous le sobriquet « der Mu?nzreiche », « le fortune? », qui se rapporte a? la cre?ation de l’atelier mone?taire de Hall, pre?s d’Innsbruck, en 1477 (?), Sigismond de Habsbourg est se?ve?rement juge? par Commynes qui le range parmi « les princes… qui ne veulent savoir de leurs affaires sinon ce qu’il plai?t a? leurs serviteurs leur en dire », une assertion qui se ve?rifie pleinement dans ses Voriande du Rhin supe?rieur. Éleve? a? Innsbruck dans un climat qui annonce l’humanisme, Sigismond eut pour percepteur le cure? thannois Conrad Pirkner (1437) et subit l’influence du ce?le?bre Aeneas Silvius Piccolomini, futur pape Pie II, proche collaborateur de son cousin Fre?de?ric III qui fut charge? de sa tutelle a? la mort de son pe?re, en 1439, en compagnie de son fre?re cadet Albert VI. La re?gence des « pays ante?rieurs » ayant e?te? confie?e a? ce dernier, Sigismond attendit le 10 mai 1458 pour en prendre possession: dans un premier temps, il s’e?tait contente? de gouverner le comte? de Tyrol et ses de?pendances les plus proches (1446, deux ans apre?s sa majorite?). Sa premie?re apparition sur les rives du Rhin fut e?courte?e par les de?boires rencontre?s en Suisse centrale (Fribourg avait quitte? la mouvance de l’Autriche pour se rapprocher de la Savoie depuis 1452, tandis que les Confe?de?re?s s’e?taient rendus mai?tres de la Thurgovie en 1460-1461). Son premier se?jour se limita au renouvellement des fiefs autrichiens, a? la confirmation des privile?ges locaux (8 décembre 1458) et a? la conclusion d’une alliance platonique avec Strasbourg (19 décembre 1458) Le 30 mars 1461, jouant de la rivalite? entre l’empereur Fre?de?ric III et son fre?re Albert VI, il avait remis a? celui-ci l’administration des terres qu’il avait tenues entre 1444 et 1458. Ce n’est qu’apre?s la mort d’Albert, a? Vienne, en 1463, qu’il s’e?tait enfin re?solu a? assumer personnellement l’he?ritage de la branche tyrolienne des Habsbourg. Pour ce faire, il ne disposait gue?re de moyens puisque l’ensemble de ses revenus domaniaux avait fait l’objet d’hypothe?ques et que les grands bailliages de la rive alsacienne e?taient domine?s par leurs engagistes. Seule nouveaute?, le remplacement du bailli Pierre de Morimont © par l’incontro?lable Thuring de Hallwyl ©, mare?chal he?re?ditaire (erbmarschall) depuis 1449. La situation politique ne?e de l’e?clipse du prince s’exacerba tre?s rapidement, donnant lieu a? des ope?rations de guerre a? la pe?riphe?rie des terres de la Maison d’Autriche — coup de main du comte de Lupfen sur Turckheim (1465), expe?ditions guerrie?res en Lorraine, fehde des comtes de Thierstein dans le Jura, pour culminer lors de la Guerre des Six deniers et de l’alliance des Mulhousiens avec Berne et Soleure (juin 1466). De retour dans les Voriande d’octobre 1466 a? mars de l’anne?e suivante, Sigismond s’efforc?a de calmer le jeu en re?tablissant la paix entre les villes de la De?capole (soutenues par l’e?lecteur palatin Fre?de?ric le Victorieux) et leurs adversaires de Moyenne Alsace (traite? de Strasbourg, 23 octobre 1466) et en ratifiant un accord de commerce avec l’e?ve?que de Strasbourg (5 février 1467). Sa politique eut pour effet d’isoler davantage les bourgeois de Mulhouse et de renforcer son alliance avec les Confe?de?re?s suisses, en laissant libre cours aux provocations de leurs voisins du Sundgau. Le 30 juillet 1467, les e?tats provinciaux re?unis a? Thann sous la pre?sidence de la duchesse Éle?onore d’Écosse furent consacre?s a? des pre?paratifs de guerre, mais les ope?rations pre?vues furent reporte?es a? plusieurs reprises, dans l’espoir d’une intervention de l’empereur Fre?de?ric III ou d ‘une de?cision du Reichstag. Annonce?es par des mouvements de troupe dans le Jura (occupation du Landskron par les Soleurois le 19 janvier 1468) ou dans les alentours de Mulhouse, les hostilite?s entre?rent dans leur phase active au de?but de l’e?te? parfois de?signe?e sous le nom de «guerre du Sundgau » ou de guerre de Waldshut (Waldshuter Krieg) l’offensive men e?e par les Confe?de?re?s suisses de?ferla jusqu’aux portes de Thann et dura une dizaine de jours (26 juin 1468-7 juillet 1468), illustrant brillamment la force et la capacite? de manœuvre des cantons. Elle se traduisit par la destruction d’une quinzaine de cha?teaux, l’occupation ou le ranc?onnement de 200 villages et la destruction de 6 000 maisons. Cependant, faute d’avoir pu livrer une bataille de?cisive, les Suisses alle?rent assie?ger la petite ville de Waldshut. Un traite? de paix conclu le 27 août 1468 consacra leur victoire politique (et, du me?me coup, vint garantir l’inde?pendance de Mulhouse): Sigismond s’engagea a? payer des dommages de guerre d’un montant de 10 000 florins. L’invasion de l’e?te? 1468 fut ressenti comme une terrible humiliation par les sujets de la maison d’Autriche. La politique de recueillement entreprise par le margrave Charles de Bade et par les e?tats provinciaux (re?unis a? Neuenburg a? partir du 19 septembre 1468) fut abandonne?e au profit d’une solution plus conforme aux ide?es de revanche de la noblesse locale. Au printemps 1469, apre?s avoir sollicite? l’appui de Louis XI et s’e?tre avance? jusqu’a? Troyes, via Belfort (13 mars 1469) sans pouvoir l’approcher, le duc Sigismond se tourna vers son grand rival Charles de Bourgogne. Les ne?gociations aboutirent a? la signature du traite? d’Arras (9 mai 1469). En contrepartie d ‘une somme de 50 000 florins, Charles le Te?me?raire se substituait au duc d’Autriche en tant que landgrave de Haute-Alsace et que comte de Ferrette, obtenant en outre la place forte de Brisach et les quatre villes forestie?res rhe?nanes situe?es en amont de Ba?le. La cession devint effective de?s le retour de Sigismond a? Thann le 21 juin suivant. Marque?e par la restauration de l’autorite? publique et par une administration plus rigoureuse, confie?e a? un bailli issu de la petite noblesse locale, le chevalier Pierre de Hagenbach ©, la domination bourguignonne fut bien accueillie par les anciens sujets de la maison d’Autriche mais suscita les plus grandes inquie?tudes dans les re?gions voisines. À partir de 1473, Sigismond, toujours mai?tre d’une partie de la rive droite du Rhin se rapprocha des villes d’Empire et des Confe?de?re?s hostiles a? la Bourgogne. Devenu leur allie? au sein de la Basse Union (Niedere Vereinigung ou Ligue infe?rieure) le 30 mars 1474 avec la be?ne?diction du roi de France, il de?nonc?a alors l’accord de Saint-Omer et remboursa les sommes donne?es par le duc Charles, en le forc?ant a? la restitution de ses terres alsaciennes. Son initiative fut double?e d’une vague de re?voltes contre P. de Hagenbach, capture?, juge?, puis exe?cute? a? Brisach a? l’issue d’un proce?s injuste, qui servit davantage a? montrer le ze?le de ses accusateurs qu’a? e?tablir sa culpabilite? re?elle (9 mai 1474). Sigismond s’abstint d’ailleurs de visiter ses possessions de la rive gauche du Rhin et demeura prudent tout au long des guerres de Bourgogne, refusant notamment sa protection aux e?tats franc-comtois en 1477 et restant insensible aux pogroms commis lors du passage de l’arme?e confe?de?re?e. Son ultime se?jour dans les Voriande eut lieu au printemps 1478 et se limita a? quelques actes officiels comme le renouvellement des fiefs ou le re?glement de petits litiges. Influence? par ses « mauvais conseillers » d’Innsbruck, notamment le comte Oswald von Thierstein ©, il s’engagea dans diverses aventures mal accueillies par ses sujets, notamment un projet de cession de l’ensemble de ses terres au duc Georges de Bavie?re et des ope?rations de guerre contre Venise. Le 10 août 1487, par sa victoire de Calliano, aux portes de Trente, le gentilhomme sundgovien Fre?de?ric Cappler © parvint a? repousser l’offensive ve?nitienne et a? re?tablir une situation largement compromise. Son coup d’e?clat fut suivi d’un sursaut politique : les e?tats ge?ne?raux re?unis a? Me?ran (23 novembre 1487), apre?s le bannissement des « mauvais conseillers », place?rent l’archiduc sous la tutelle d’un conseil de re?gence de 24 membres (dont huit pour les Vorlande). Cette constitution demeura en vigueur jusqu’a? l’abdication de Sigismond en faveur de son petit-cousin Maximilien Ier le 13 mars 1490. L’acte final eut d’ailleurs pour te?moins le baron Gaspard de Morimont-Belfort ©, le Schultheiss d’Ensisheim Ulrich Kotterer et le prieur de Saint-Valentin de Rouffach, Jean Sansetti. Une cle? de vou?te armorie?e de la colle?giale de Thann associe les blasons de Sigismond et de ses deux e?pouses ainsi que de sa fiance?e, la princesse Radegonde de France, fille de Charles VII, qui devait l’e?pouser en vertu du traite? d’alliance austro-franc?ais de 1430, mais qui mourut en 1445.

Allgemeine deutsche Biographie, t. 34, p. 286-294; J. Baumann, « Les clefs de vou?te armorie?es de la colle?giale de Thann », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, 1968-1969, p. 15-32 ; G. Bischoff, Gouverne?s et gouvernants en Alsace a? l’e?poque autrichienne, Strasbourg, 1982; W. Baum, Sigmund der Mu?nzreiche, Bozen, 1987; idem, « Sigismond le Fortune? et l’Alsace », Les amis de Thann, petite et grande histoire, n° 4,1988, p. 24-36; idem, Die Habsburger in den Vorlanden 1386-1486, Vienne-Cologne, 1993.

Georges Bischoff (2000)