Religieux, e?ve?que (★ Irmstett 10.8.1873 † Bertigny, canton de Fribourg, Suisse, 6.4.1951). Fils de Florent Sieffert, vigneron, et d’Euge?nie Heim. Les maisons de formation pour futurs religieux ayant disparu du Reichsland apre?s le Kulturkampf, le jeune Sieffert dut s’expatrier pour suivre sa vocation. Il fit ses humanite?s au colle?ge Saint-Pierre Fourier a? Lune?ville, Meurthe-et-Moselle, puis a? l’e?cole apostolique que dirigeait la Compagnie de Je?sus a? Littlehampton, Sussex. En 1891, il entra dans le noviciat franc?ais de la Congre?gation du Tre?s-Saint-Re?dempteur, installe? a? Stratum, Pays-Bas, depuis l’entre?e en vigueur des lois anti-congre?ganistes sur le territoire de la Re?publique. Religieux profe?s le 15 octobre 1892, il commenc?a l’e?tude de la philosophie au scolasticat re?demptoriste de Dongen, Pays-Bas. À la faveur d’une accalmie dans la lutte entre l’Église catholique et l’État, la congre?gation rapatria ses jeunes clercs en France en 1893. Le se?jour a? Thury-en-Valois, Oise, ne fut que de courte dure?e, une nouvelle expulsion les conduisant a? Luxembourg en 1895. Sieffert fut ordonne? pre?tre le 10 août 1897. Les autorite?s politiques du Reichsland tole?rant a? nouveau les Re?demptoristes en Alsace-Lorraine, le jeune religieux rec?ut sa premie?re obe?dience pour le couvent du Bischenberg en 1899. Pendant un an, il s’adonna a? la pre?dication de missions paroissiales. En 1900, il fut appele? a? Echternach, Luxembourg, comme pre?fet des e?tudes du scolasticat recevant des postulants originaires du Reichsland. La fondation d’un juve?nat e?tant toujours interdite en Alsace-Lorraine, la vice-province strasbourgeoise de la congre?gation de?cida d’ouvrir un tel e?tablissement a? Bertigny, en Suisse. De 1909 a? 1919, Sieffert en fut le directeur. Au lendemain de la Premie?re Guerre mondiale, il fut de?signe? comme visiteur des couvents re?demptoristes en Bolivie; en 1920, il fixa sa re?sidence a? La Paz. Quatre ans plus tard, il fut nomme? supe?¬rieur de la nouvelle vice-province de Bolivie dont l’encadrement e?tait forme? en grande par¬ tie par des religieux alsaciens et lorrains. De?s le 4 novembre 1924, le Saint-Sie?ge le nomma e?ve?que de La Paz; la conse?cration e?piscopale eut lieu le 15 mars 1925. Ce grand dioce?se, e?rige? en 1605, souffrait d’un manque ende?mique de pre?tres se?culiers et d’une christianisation superficielle de la population. Pour pallier provisoirement la carence de collaborateurs eccle?siastiques, il fit venir des religieux d’Europe. Cependant, seul un recrutement local de qualite? pouvait assurer la rele?ve du clerge? e?tranger. Il ouvrit un petit se?minaire et exigea de ses pre?tres l’assistance a? des confe?rences spirituelles mensuelles et a? des retraites annuelles. Soucieux de la formation chre?tienne des adultes, Mgr Sieffert introduisit l’Action catholique dans son dioce?se en 1929. Sensible a? la mise?re de la population indienne, l’e?ve?que estimait que l’annonce de l’Évangile devait obligatoirement s’accompagner d’une formation intellectuelle et professionnelle; dans ce but, il cre?a une œuvre appele?e Cruzada pro Indio. Imme?diatement, les milieux conservateurs, qui tiraient profit de l’ignorance des Indiens, s’oppose?rent farouchement a? une e?mancipation potentielle de la classe la plus pauvre de la population. La bourgeoisie locale, soutenue par le pre?sident de la Re?publique, fit pression sur l’e?ve?que qui dut renoncer a? son projet. Elle mena contre Mgr. Sieffert une campagne de calomnie et de xe?nophobie. Paralyse? dans son apostolat, l’e?ve?que pre?senta sa de?mission au Saint-Sie?ge en 1934. Son de?part pre?cipite? de Bolivie accentua les attaques de la presse libe?rale contre sa personne et la partie du clerge? qui le soutenait. Revenu en Europe, il se retira dans la communaute? de Bertigny ou? il se consacra a? la pre?dication de retraites et de missions paroissiales. Chevalier de la Le?gion d’honneur (1933); chanoine honoraire de la cathe?drale de Luxembourg (1947); commandeur de l’ordre grand-ducal de la Couronne de Che?ne (Luxembourg, 1947).
Mgr Sieffert a re?dige? des biographies de religieux re?demptoristes dans Nouvelles figures de religieux re?demptoristes de la province, Strasbourg, 1949.
C. Dungler, Mgr Auguste Sieffert, Colmar, 1953; G. Knittel, Éve?ques missionnaires d’Alsace, Strasbourg, 1963, p. 169-172; A. Chapeau, F. Combaluzier, Épiscopologe franc?ais des temps modernes, Paris, 1973, n° 2878; 11, 1985, p. 6874-6875; « Monseigneur Auguste Sieffert, re?demptoriste », Maria Immerhilf, 1987, n° 9, p. 59-62 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 399-400.
Jean-Paul Blatz (2000)