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SELTZ Thomas

Journaliste et homme politique, (C) (★ Artolsheim 22.12.1872 † Vittefleur, Seine- Maritime, 17.7.1959). Fils de Madeleine Seltz, fille de boulanger. ∞ 6.9.1900 a? Strasbourg Élisabeth He?le?ne Schalk, fille d’un mai?tre-boulanger. Apre?s des e?tudes primaires et secondaires au colle?ge Saint-Joseph de Matzenheim (1882-1886) et au colle?ge e?piscopal de Strasbourg (1886-1890), Seltz e?tudia la litte?rature, la linguistique, l’histoire, la philosophie et l’e?conomie politique a? l’Universite? de Strasbourg de 1890 a? 1895. Il adhe?ra a? la corporation e?tudiante catholique Merovingia. Il fut e?galement membre du Cercle des e?tudiants alsaciens-lorrains qui se fit remarquer par ses manifestations francophiles. Tre?s to?t, il s’inte?ressa a? la vie politique et participa en 1887 a? la campagne e?lectorale du Dr Sieffermann ©, candidat protestataire, contre Hugo Zorn de Bulach © dans la circonscription e?lectorale de Molsheim-Erstein. En 1888, il fut tre?s marque? par la rencontre a? Fribourg en Brisgau de Windthorst, le chef du catholicisme politique allemand, dont il fit son mode?le politique. En 1893, il participa a? la campagne e?lectorale pour le Reichstag de l’abbe? Muller-Simonis © a? Strasbourg, puis a? celle du social-de?mocrate Bebel au second tour du scrutin. Le 1er octobre 1895, Selz entra a? la re?daction de I’Elsa?sser, le grand quotidien catholique de Strasbourg. Il fut charge? de la chronique illustre?e du samedi, Stimmen aus dem Elsass, dans laquelle il de?veloppa la cri¬tique litte?raire et artistique. On lui confia tre?s vite les rubriques de politique re?gionale et de politique e?trange?re. En 1898, il devint re?dacteur responsable, puis, le 1er septembre 1906 re?dacteur en chef de I’Elsa?sser. Il occupa cette fonction jus¬ qu’en 1919. Seltz joua un ro?le tre?s important dans la vie litte?raire et artistique alsacienne. Tre?s ouvert aux œuvres contemporaines, il contribua, par ses chroniques signe?es Paul Lai?ne?, a? faire connai?tre de jeunes auteurs alsaciens comme les fre?res Matthis ©, Friedrich Lienhard ©, Lucien Pfleger © et Rene? Schickele ©. Une chronique enthousiaste sur les Sommerna?chte lanc?a Schickele en 1902. Il publia, sous divers pseudonymes, des contributions dans les revues litte?raires Der Stu?rmer et Der Merkur de 1902 a? 1904. Politiquement tre?s proche de Wetterle? © et de Preiss © dans les anne?es 1890, il e?tait partisan d’une large union des Alsaciens-Lorrains pour revendiquer l’autonomie politique. Tre?s francophile, proche des ide?es protestataires, il se prononc?a contre un ralliement des catholiques alsaciens au Zentrum allemand. Par la suite, il e?volua dans un sens plus favorable au rapprochement et devint membre du bureau de la section strasbourgeoise du Centre alsacien-lorrain, fonde? en 1906. En 1911, il n’approuva pas la cre?ation du Nationalbund, lance? par ses anciens amis Wetterle? et Preiss. Comme journaliste politique, Seltz e?tait d’une grande prudence et condamna l’attitude de Joseph Kaestle? © qui, en son absence, lanc?a en novembre 1913, la fameuse « Affaire de Saverne » par une se?rie d’articles contre le lieutenant von Forstner ©. Seltz participa re?gulie?rement aux re?unions de I’Augustinus-Verein, l’association des e?diteurs et re?dacteurs de la presse catholique du Reich. Pendant la guerre de 1914-1918, Seltz continua son travail a? I’Elsa?sser et prit en main la re?daction du Volksfreund, hebdomadaire catholique. Gra?ce a? ses fonctions, et malgre? les rigueurs de la censure et de la dictature militaire, il put maintenir un minimum de liens entre les membres du Centre alsacien-lorrain, comme en te?moignent ses Carnets intimes. Du 11 novembre 1918 au 30 novembre 1919, Seltz fut membre de la Commission municipale charge?e d’administrer la ville de Strasbourg. En de?cembre 1918, il prit l’initiative d’une re?union d’anciens membres du Centre alsacien-lorrain qui aboutit a? la fondation d’un nouveau parti catholique, l’Union populaire re?publicaine (UPR), en fe?vrier 1919. Élu pre?sident de la section strasbourgeoise en 1919, il devint, en avril 1922, pre?sident du Comite? de?partemental de l’UPR du Bas-Rhin. Apre?s la de?mission de Joseph Pfleger © de la pre?si¬dence du parti, il fut d’abord e?lu vice-pre?sident, en juin 1922, puis pre?sident du parti le 23 novembre 1922. Il exerc?a ces fonctions jusqu’au 21 novembre 1928. Bien que tre?s patriote, il e?tait, au sein du parti, le repre?sentant d’une tendance fermement re?gionaliste, particulie?rement intransigeante dans le domaine linguistique et religieux. Occupant une position « centriste » au sein du parti, il fut choisi comme pre?sident de conciliation entre les deux ailes. Élu de?pute? du Bas-Rhin sur une liste d’Union nationale en novembre 1919, il s’inscrivit au groupe de l’Entente re?publicaine de?mocratique d’Arago. Re?e?lu en 1924, il s’inscrivit au Groupe des de?mocrates. Il se spe?cialisa dans les questions agricoles et participa aux travaux de la Commission de l’agriculture. En 1924-1925, il participa a? la protestation des catholiques alsaciens contre la politique anticle?ricale du gouvernement Herriot, mais en laissant le devant de la sce?ne a? Michel Walter ©. En 1927, il se fit remarquer par ses interventions sur la question linguistique et attira, par deux fois, l’attention du pre?sident du Conseil Poincare? sur la situation explosive de la question linguistique et la ne?cessite? d’une re?forme dans le sens du bilinguisme. Élu de?pute? d’Erstein en avril 1928, il fut re?e?lu en 1932 et en 1936. Il s’inscrivit au Groupe des de?mocrates populaires, puis, en 1936, au Groupe inde?pendant d’action populaire cre?e? par les de?pute?s UPR et quelques colle?gues alsaciens et lorrains. Sa de?mission de la pre?sidence de l’UPR, en octobre 1928, laissa la porte ouverte a? la scission, qui se concre?tisa en novembre avec le de?part de l’aile droite du parti. De?s lors, il s’efforc?a de favoriser une re?conciliation des catholiques alsaciens et se tint a? l’e?cart du Volksfront, alliance entre l’UPR et les partis autonomistes. En 1935, il fut e?lu conseiller ge?ne?ral du canton d’Erstein. Seltz publia de nombreux articles d’actualite? ou historiques dans I’Elsa?sser, Die Heimat et dans la Gazette d ‘Erstein, souvent sous le pseudonyme M.R. Le 10 juillet 1940, il vota le projet de loi accordant les pleins pouvoirs constituants au mare?chal Pe?tain. Pendant la dure?e de la guerre, il ve?cut a? Vichy, a? l’e?cart des milieux gouvernementaux. Le 4 septembre 1942, il participa a? une re?union d’e?lus du Bas-Rhin qui re?digea a? l’adresse du gouvernement une protestation contre l’incorporation de force de?cre?te?e dix jours plus to?t dans les trois de?partements de l’Est. Le 27 octobre, devant l’absence de re?action du gouvernement de Vichy, les e?lus alsaciens et mosellans adopte?rent une protestation solennelle destine?e au mare?chal Pe?tain. En fe?vrier 1945, il fut e?lu membre du comite? exe?cutif provisoire du nouveau parti catholique alsacien dans le Bas-Rhin, le Parti re?publicain populaire, qui adhe?ra au Mouvement re?publicain populaire (MRP) en juillet 1945. Seltz dut renoncer a? e?tre candidat a? l’Assemble?e constituante, mais resta membre du Comite? directeur du MRP du Bas-Rhin. À partir de 1945, il collabora a? la Kleine Revue, le supple?ment litte?raire du Nouvel Alsacien.

Carnets intimes de Th. Seltz, re?dige?s de 1910 a? 1947 et de?pose?s au colle?ge de Matzenheim; L’Ami de Matzenheim du 15.1.1933 et du 11.12.1959; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar (portrait); Honneur et Patrie du 22.12.1952; « Th. Seltz », Elsass, 1959, n° 6 ; « Th. Seltz », Élan, 1959, n° 6; Chr. Baechler, L’Alsace entre la guerre et la paix. Recherches sur l’opinion publique (1917-1918), the?se, Strasbourg, 1969; J.-L. Hirtler, Le Mouvement Re?publicain Populaire dans le Bas-Rhin en 1945-1946, Strasbourg, 1970; Chr. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland a? la Re?publique jacobine, Strasbourg, 1982; idem, « Thomas Seltz ou la me?moire de l’Alsace 1872-1959 », Le Nouvel Alsacien du 2.4.1985 (portrait); François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 292; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 6859-6860; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 396-398 ; A. Irjud, « De l’e?preuve de la guerre a? la libe?¬ration, 1939-1947 », in Chr. Baechler et coll., Le docteur Alfred Oberkirch, 1876-1947. Un me?decin alsacien dans la tourmente politique, Strasbourg, 1990, p. 119-136.

Christian Baechler (2000)