Skip to main content

SEITHER Daniel

Officier et résistant alsacien (Mulhouse 23.8.1914, † Luppach (Bouxwiller) 25.1.2015).

Lieutenant de réserve dans l’armée française, Daniel S. est affecté à la mobilisation en 1939, au 171° R.I.F., régiment d’infanterie de forteresse du secteur fortifié d’Altkirch. Chef de la section antichar du régiment, il est fait prisonnier les armes à la main et est interné à la prison de Lübeck.

Libéré comme tous les soldats alsaciens-mosellans, il rejoint la résistance et devient le bras droit de Paul Winter © alias commandant Daniel, chef de la 7e colonne d’Alsace qui deviendra ensuite le réseau Martial. Chargé du réseau de renseignement de Mulhouse, il organise une filière d’évasion vers la Suisse pour les réfractaires à l’incorporation de force à partir de l’été 1942. Recherché par la Gestapo et le Sicherheitsdienst, le service d’espionnage nazi, il est obligé lui-même de passer en Suisse le 2.12.1943, où il est interné au camp de Mogelsberg, dont il est nommé adjoint au commandant suisse.

Le commandant Georges (Georges Jouneau), désigné pour fédérer les prisonniers français en Suisse, obtient, en juin 1944, des autorités suisses d’y regrouper environ 200 évadés alsaciens de la Wehrmacht. Placés sous le commandement du lieutenant S. qui les soumet à un entraînement physique intensif, ils sont rejoints par 1800  réfractaires alsaciens et mosellans, recrutés par Georges grâce à de faux ordres de mobilisation envoyés début septembre 1944. Ils forment le Groupe Mobile d’Alsace (GMA Suisse) qui, après son incorporation dans la 1re Armée française le 21 septembre 1944, donnera naissance au 1er et au 4e bataillons de Chasseurs à pied. Stationnés à Ornans et entraînés à la mise en œuvre du matériel américain au camp de Valdahon, ces deux bataillons participeront, aux côtés de la 9e D.I.C. à la libération de Belfort et de Mulhouse et à l’entrée des troupes françaises en Allemagne.

Le lieutenant S. terminera la guerre dans les services de renseignement militaires en zone française d’occupation en Autriche. Démobilisé en 1948, il devient directeur d’exportation des tissages de Bourtzwiller, avant de reprendre du service comme capitaine, commandant la sécurité militaire à Tunis. Définitivement admis à faire valoir ses droits à la retraite, il est nommé commandant honoraire.

Chevalier de la Légion d’honneur le 14.1.1948, promu officier le 6.5.1998.

 

 

 

Norbert Lombard (mai 2015)

Bibliographie :

Daniel Seither, Et ainsi ce fut en Alsace, 1940-1945, Colmar, Do Bentzinger, 2009, 205 p.