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SCHRICKER Auguste

Journaliste, homme politique, secrétaire du Sénat de l’Université de Strasbourg, directeur du Musée des arts décoratifs de Strasbourg, (PI) (★ Ratisbonne 14.11.1838 † Stephansfeld 12.5.1912). ∞ Clémentine von Anaker (★ Vérone, alors Autriche, 15.9.1847 † Strasbourg 16.1.1915), fille du général autrichien von Anaker; 3 enfants: 1. Elsa-Anna (★ Strasbourg 24.4.1874), ? 2.4.1894 à Berlin Otto von Bulow (★ Berlin 279. 1854), fonctionnaire, juge au Tribunal mixte international d’Alexandrie, fils de Hans Otto Theodor von Bulow, conseiller de légation à Berne puis auprès du Saint-Siège; 2. Iwo-Wolfgang-Edouard (★ Strasbourg 10.3.1877), banquier au Caire, ? 1915 à Strasbourg Cécile Roethlisberger (★ Herzogenbuchsee, Suisse, 30.7.1892); 3. Erwin-Oscar (★ Strasbourg 22.8.1878), séjour au Caire à partir de 1907. Études de théologie protestante à Erlangen, pasteur à Munich en 1860. Quitta la carrière ecclésiastique en 1869 pour une carrière de journaliste politique et collabora en particulier avec le premier ministre libéral de Bavière, Chlodwig, prince de Hohenlohe ©. Rédacteur du Schwäbische Volkszeitung de Stuttgart, journal engagé pour l’unité allemande sous direction prussienne, et du journal illustré Deutsche Kriegszeitung 1870 lllustrierte Blätter vom Kriege imprimé à Stuttgart. À la fin de la guerre, Schricker se mit à la disposition du président supérieur von Moeller © pour diriger le bureau de presse de l’administration strasbourgeoise et rédiger un Bulletin de correspondance alsacienne. Il participa ainsi à la défense et à l’illustration de l’œuvre de l’administration allemande en Alsace-Lorraine, en particulier par de nombreux articles dans les périodiques nationaux-libéraux berlinois proches du gouvernement. Schricker fut considéré comme l’éminence grise de Moeller. Il joua un rôle déterminant dans la fondation du parti autonomiste alsacien (avec Jules Klein, Frédéric North…) et de son journal, le Journal d’Alsace, dont il monta la commandite avec Fischbach © et qui fut bientôt rédigé par Auguste Schneegans ©, revenu de France. La fonction de secrétaire du Sénat de l’Université, qu’il occupa dès la fondation de l’Université allemande de Strasbourg, le plaça à un poste stratégique et il fut à l’origine de nombreuses initiatives en provenance du milieu universitaire allemand. Schricker rédigea en 1873 le premier guide allemand des Vosges, sur le modèle des guides Joanne, proposant des itinéraires d’excursions et les guides Mündel ultérieurs marquèrent leur dette à ce précurseur. Il compta parmi les fondateurs du Club Vosgien avec le professeur Euting (1872). Significative des entreprises auxquelles participa Schricker: l’association faisait cohabiter adhérents allemands et alsaciens et prit une grande extension, parallèle à la densité croissante du réseau ferroviaire alsacien qui rendaient possibles les excursions dominicales, difficiles au début de l’annexion du fait des distances. Il participa de même à la fondation de son Annuaire – Jahrbuch für Geschichte, Sprach und Litteratur Elsass- Lothringens, dirigé par les professeurs Martin, Wiegand, Barack, consacré à l’étude de l’histoire, du folklore des Vosges et de l’Alsace, et qui eut pour projet affiché de donner une suite à l’Alsatia, Jahrbuch für Elsässische Geschichte, Sage, Althertumskunde, Sitte, Sprache und Kunst, des frères Stoeber ©, disparue en 1885. Le Jahrbuch du Club Vosgien publia ainsi de nombreuses œuvres en alsacien, et Schricker en fit de nombreux comptes-rendus dans la presse allemande. Proche des milieux autonomistes de la Chambre de commerce de Strasbourg, Schricker milita avec nombre de ses adhérents pour l’introduction en Alsace des structures de l’enseignement technique allemand. Il se fit l’avocat d’une réforme de l’École industrielle strasbourgeoise et revendiqua l’institution d’une exposition permanente des produits de l’artisanat sur le modèle des expositions de Munich et de Francfort. Le refus de la Société des amis des arts d’accepter des adhérents allemands le poussa avec d’autres universitaires et fonctionnaires allemands à fonder une Société allemande – Deutsche Kunstverein (1882-1883), dont le porte-parole le plus énergique fut le professeur Brentano. Il s’agissait de promouvoir en Alsace le modèle de l’art allemand et de combattre la domination des modèles français et parisiens, considérés comme immuables par la Société des amis des arts. C’est ce que défendait le rapport d’Anton von Werner, directeur de l’École des Beaux- Arts de Berlin, venu à Strasbourg à la demande de la Société allemande (1883), qui aboutit à la conclusion: s’il faut en effet à Strasbourg, pour « lutter contre l’art français et mettre en valeur l’Allemagne et son art », une exposition permanente d’œuvres allemandes comme le demande la Société allemande, puis un musée, il faut d’abord former le goût aux modes artistiques allemandes et donc fonder une École des Beaux-Arts allemande. C’est aussi ce qu’exigèrent les animateurs les plus engagés du Kunstverein allemand, qui obtinrent que la Commission municipale des musées, majoritairement composée de membres de la Société des amis des arts, s’ouvrît aux représentants du Kunstverein: Brentano et Schricker (1883). Mais selon sa méthode, et contrairement à Brentano qui démissionna, Schricker voulut associer les Alsaciens à la politique de germanisation: il défendit à la fois la proposition d’un musée des Beaux-Arts (qui put s’installer au Palais de Rohan libéré par l’Université, puis par la Bibliothèque du Land), et celle d’un Musée des arts industriels doublé d’une exposition permanente d’échantillons de produits industriels et artisanaux, sur le modèle des musées de ce type de Munich, où l’artisanat d’art alsacien pourrait renouer avec l’éclat de l’artisanat d’art strasbourgeois du XVIIIe siècle et découvrir les productions allemandes. Avec la nomination de Hohenlohe comme Statthalter, Schricker retrouva toute son ancienne influence. Collaborateur de plusieurs périodiques allemands d’arts décoratifs, en particulier du Kunstgewerbeblatt, il se vit confier la fondation du Musée des Arts décoratifs (Kunstgewerbemuseum), installé dans les halles des Anciennes boucheries, appelé Hohenlohe Museum, dont il publia le guide et où il organisa plusieurs expositions (Alte Schmied und Schlosserarbeiten 1886, Kunstgewerbeaustellung 1888). La remise à l’honneur de l’œuvre des faïences alsaciennes du XVIIIe lui doit beaucoup: Strassburger Faiencen und die Hannong Familie (1890). Il assura la représentation de l’Alsace à l’exposition industrielle de Fribourg-en-Brisgau (1887) et de Munich, Deutschnationale Kunstgewerbe (1888). Il participa de façon déterminante à la fondation de l’École des Arts décoratifs dont la direction fut confiée au Munichois Seder (1890). En 1891, il soutint activement le projet d’une exposition industrielle à Strasbourg (1895) et fut le secrétaire de la section Exposition rétrospective, sorte de musée archéologique, historique et artistique, qui exposa 1500 pièces dans le Pavillon Joséphine, alors que le Parc de l’Orangerie était totalement remodelé: lac, grottes, mais aussi maison paysanne alsacienne, dans le style «ethnologisant» qui connut son apogée à l’exposition universelle de Vienne. Jusqu’alors gagné à l’historicisme dans les arts décoratifs, qui se marqua particulièrement par l’important achat qu’il opéra de copies du mobilier des châteaux de Louis II de Bavière, dont se débarrassa Polaszcek © ultérieurement, sa mission à l’exposition universelle de Chicago de 1893 renforça sa conversion: cette exposition tourna une page décisive: c’est la fonction de l’objet qui impose son aspect et non pas le modèle qu’ont imposé les artisans du passé (Rapport sur les exposants alsaciens à l’Exposition de Chicago 1894). Il fit partie du cabinet du prince de Hohenlohe, lorsque ce dernier fut nommé chancelier à Berlin. En 1897, Seyboth © prit sa succession à la direction du Musée des Arts décoratifs (Kunstgewerbemuseum). Revenu à Strasbourg vers 1900, une maladie de dégénérescence cérébrale le coupa peu à peu de ses contemporains. Il fut interné à Stephansfeld. à sa mort, ses cendres furent inhumées à Baden-Baden où s’était retirée son épouse dont, au témoignage des contemporains, l’esprit et la beauté avaient illuminé les salons strasbourgeois, tout particulièrement celui du président supérieur von Moeller.

Deutsche Kriegszeitung 1870 lllustrierte Blätter vom Kriege, Stuttgart, 1870; (Avec K. Barack) Die Neugrundung der Strassburger Bibliothek, 1871; Deutsch und Welsch oder der Franctireur. Eine Erzählung aus dem Elsass und dem Kriegsjahre, Nordlingen, 1872; Zur Geschichte der Universität Strassburg Festschrift 1 mai 1872, Strasbourg, 1872; « Moderne Culturzustände im Elsass Betrachtung des Werkes von L. Spach », Gegenwart, 1873; Elsass-Lothringen im Reichstag von Beginn der Erste Legislaturperiode bis zur einfuhrung der Reichsverfassung nach den stenographischen protokollen und den drucksachen des Reichstages, Strasburg, 1873; In den Vogesen, ein Führer, 1873; « Die Briefe aus dem Elsass «Nil Nimis» [von August Seyboth] », Augsburger Allgemeinen Zeitung, 1874; Les affaires de l’Alsace-Lorraine au parlement de 1874, tous les discours prononcés jusqu’à présent, Strasbourg, 1874; Reichstag 1874, Die Angelegenheiten von Elsass-Lothringen namentlich bisher gehaltenen Reden, Strasbourg, 1874; « Die Muttergotteserscheinungen in Elsass-Lothringen », Neuen Reich, 1876; Die Gagerons dramatischer Scherz in einen Act, Strasbourg, 1876; « Ein Blick in die Franz. Verwaltung in den Jahren 1716-1724 », Neuen Reich, 1879; Meister Martin der Kupfer und seine Gesellen Operndichtung in 3 Akten nach der Erzählung von E. T. A. Hoffmann Musik von W. Weissheimer, Strasbourg, 1878-1879; « Gottfried Arnold und der Pfingstmontag », Gegenwart, 1879; « Bettler und Gaunerthum am Oberrhein von 14ten bis zum 16ten Jahrhundert », Das Museum (Frankfurt), 1880; Neue Sagen über Elsass-Lothringen », ibidem n° 53, 1881, « Zur Dialektdichtung im Elsass », Ein magazin für die Litteratur des In- und Auslandes, 1881; Eduard von Möller, Oberpräsident von Elsass-Lothringen – ein Lebensbild, Cassel, 1881; « August Stöber und sein jüngster Neujahrstollen », ibidem et Magazin für die Litteratur, 1882; Richard Wagners Parsifal Eine Texterklärung, Strasbourg, 1882; « Zur Dialektdichtung im Elsass G. Kettner, A. Lustig, G. Gayelin », Litt. Beilage zur Gemeindezeitung für EL n° 18, 1882; Zwei neue Elsässische Dialektdichter: E. F. Landsmann, Ludwig Schneegans, Strasbourg, 1882; « Zur Dialektdichtung im Elsass: Ernest Meinigens », ibidem du 4. 3. 1882; « Kunstlerisches aus Elsass-Lothringen », Frankfurter Journal des 12 et 13. 6. 1883; « Rückblick auf den ersten Monat der permanente Kunstlerausstellung in Strassburg », Elsässer Journal, 1883; « Durch das elsässische « Heckenland », Eine Streife nach Altertümer », Gegenwart, 1883 ; « Vier Karten zur elsässischen Urgeschichte », Mitteilungen aus dem Vogesenklub 17, 1884 ; « Alteste Grenzen und Gaue im Elsass, Ein Beitrag zur Urgeschichte des Landes », TAP aus den Strassburger Studien, II, 1884 ; « Elsässischen Volkslieder, Besprechung von Karl Mundel’s E. Vokslieder », Gegenwart, 1884 ; Kunstgewerbliche Briefe, Strasbourg, 1884 ; Kaiser Wilhelm Universität, 15 Ansichten von J. Kraumer, Text von A. Schricker, Strasbourg, s.d. ; Das Schloss als Künftige Stätte eines Kunst und Kunstgewerbe Museums in Strassburg-Bericht, Strasbourg, 1885 ; Ein Treuer Diener seiner Herren (Manteuffel), Stuttgart, 1885 ; « Museumsfahrten Holland Amsterdam, Haag, Haarlem, Trier », Landeszeitung für Elsass-Lothringen, 1886 ; Katalog zur Städtischen Sammlung von alten Schmiede- und Schlosserarbeiten, Strasbourg, 1886 ; Städtisches Kunstgewerbemuseum zu Strassburg, Führer durch die Sammlungen, Strasbourg, 1888 ; Strassburg und seine Umgebung ; coll. Städtebilder aus aller Welte – Zurich, 1890 ; Das napoleonische Wappen der Stadt Strassburg, 1891; Denkschrift betr. Die Einsetzung eines Postens in den Landeshaushaltz Etat von Elsass-Lothringen 1892-1893 für das Kunstbewerbemuseum von Elsass-Lothringen? Strasbourg, 1891; « Strassburger Fayencen und Porzellan und die Familie Hannong mit Abbildungen », Kunstgewerbeblatt, 1891 ; Die Kunstgewerbe und die Elektrotechnik auf der Weltausstellung von Chicago – 1893 – Berichte an das kais. Ministerium für Elsass-Lothringen erstattet von A. Schricker und C. Bruggemann Verzeischnisse der Aussteller aus Elsass-Lothringen, Strasbourg, 1894 ; Ein Stöber-Denkmal in Strassburg, Strasbourg, 1894 ; Kunstschätze aus Elsass-Lothringen (mit Barack, C. Binder, I. Diener, E. Schweder-Meyer, A. Seyboth), Trésors d’Arts d’Alsace-Lorraine, Treasures of art in Alsace-Lorraine, Strasbourg, 1896.

Archives municipales de Strasbourg, Archives contemporaines ; dossiers : École des Beaux- Arts. Musée des Arts décoratifs ; Archives départementales du Bas-Rhin, AL, dossiers du bureau littéraire (AL 69-AL 87); Bundesarchiv – Berlin Dahlem – Nachlass von Moeller, Nachlass August Schneegans ; Ch. Schmitt, August Schricker, Ein Gedenkblatt, Strasbourg, 1912 ; L. Brentano, Elsässer Erinnerungen, Berlin, 1917 ; Kunstgewerbeblatt, Rapports de la Société des amis des arts de Strasbourg – Berichte des Deutsches Kunstverein. L’exposition de 1895 à l’Orangerie; Igersheim, p. 291.
Iconographie : L’Exposition de 1883 à Strasbourg – photographies d’A. Schricker, de Clementine Schricker et de leurs enfants.

François Igersheim (1999)