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SCHOENAU von/de

Famille noble de Haute Alsace et du sud de la Forêt-Noire. Citée précocement dans la personne de Henricus/Heinrich, bourgeois de Colmar en 1214, la famille désignée du nom d’un village de la plaine de moyenne Alsace, se développa dans l’entourage des évêques de Strasbourg. Ses origines ministériales peuvent être mises en relation avec les fonctions de schultheiss de Rouffach en 1244 (encore un Henricus Schultheis dictus de Schoenau) et l’office de sénéchal (dapifer, truchsess) de l’Église de Strasbourg, exercé en 1263 par Heinrich, gendre du vidame (vitztum) Wilhelm Beger. Au début du XIVe siècle, le lignage se divisa en plusieurs rameaux toujours dans la mouvance de l’évêque, mais aussi d’autres seigneurs comme les Ribeaupierre/Rappoltstein ©, les Horbourg-Wurtemberg, les margraves de Bade, l’Empire, etc. La branche de Stettenberg tint ce petit château proche d’Orschwihr d’une alliance avec Agnes Münch von Stettenberg, dans le premier quart du XIVe siècle. Elle prit fin avec Hennemann, héritier de ses oncles chanoines Hartung et Heid († v. 1360) : d’abord délaissé pour cause d’inconfort, le château fut abandonné après avoir été brûlé par les Anglais en 1375. Issue de Jacob II (cité entre 1320 et 1388) et de Susa von Hunawihr, la branche dite de Hunawihr perdura jusqu’à la seconde moitié du XVe siècle : elle s’éteignit avec Georg († 1460). La troisième branche, toujours vivante à ce jour, tira sa puissance du mariage du chevalier Jacob Rudolf Hürüs (cité entre 1347 et 1360) et de Margareta vom Stein, qui lui transmit l’office de meier de l’abbaye de Säckingen et des revenus très importants. Dès lors, le lignage se constitua un puissant patrimoine dans la région des villes forestières du Rhin (Rhein- und Waldstädte) et dans la mouvance des Habsbourg. En Alsace même, les possessions du lignage se répartissaient dans le Ried (Schoenau avec sa motte, Saasenheim, Diebolsheim), dans le vignoble de moyenne Alsace, dans le Haut-Mundat, dans le secteur compris entre la Bruche et l’III et autour de Mulhouse. Au XIVe siècle, Jacob v. Schoenau joua un rôle important en tant que bailli du Haut- Mundat (entre 1348 et 1371), notamment comme commandant de la ligue constituée en 1365 face aux menaces des routiers venus de France. Il fut le bienfaiteur de l’hôpital du Saint-Esprit de Rouffach. Trois de ses parents tombèrent à Sempach face aux Confédérés suisses le 9 juillet 1386. Malgré le déplacement de leur centre de gravité, les Schoenau conservèrent une certaine activité en Alsace. En novembre 1470, ils prirent part à l’opération de guerre menée par la Bourgogne contre le château de l’Ortenbourg devenu repaire de brigands. Hans von Schoenau fut l’un des membres de la commission chargée d’organiser la défense des pays antérieurs de l’Autriche en 1515 et prit part à la diète générale des territoires héréditaires des Habsbourg réunie à Augsbourg en 1518. Son frère cadet, Hans von Schoenau le jeune (1480- 1527), fut dédicataire d’un texte de Pic de la Mirandole publié par Wimpheling © en 1509, puis de l’édition des sermons de Geiler © préparée par J. Otter © en 1510. Son neveu Melchior fut procurateur de la nation germanique à l’Université d’Orléans, en 1546, avant de faire carrière au service de l’Autriche, notamment lors des opérations militaires aux Pays-Bas, puis comme capitaine des villes forestières (1564), tandis que le fils de ce dernier allait faire partie de la Régence d’Ensisheim (1576) et exercer les fonctions de bailli de Ferrette. Élevée au Freiherrenstand en 1668, la famille s’était particulièrement distinguée dans la personne de Johann Franz, évêque de Bâle de 1651 à 1656.

Historisch-biographisches Lexikon der Schweiz, Neuchâtel, 1931, t. 6, p. 230 ; W. H. Frese, Die Herren von Schönau. Ein Beitrag zur Geschichte des oberrheinischen Adels, Fribourg/Br.- Munich, 1975 ; S. et N. Mengus, D. Lefèvre, « La motte castrale de Schoenau », Annuaire de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried n° 9, 1996, p. 41-49.

Georges Bischoff (1999)