Skip to main content

SCHNEIDER

Famille d’administrateurs (PI), originaire de Hesse. Refusant après 1680 de se convertir pour conserver leurs fonctions, ses membres furent du nombre des Alsaciens protestants qui cherchèrent des offices à l’étranger.
Chr. Wolff, Une famille bourgeoise d’Alsace: les Schneider de Colmar de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle, thèse de l’École des chartes, 1956.

1. Balthasar,
régisseur (★ v. 1540 † Colmar 17.4.1616). ∞ I 3.1.1572 à Colmar Anna Ried († 1578), veuve de Diebold Hartmann. ∞ II. 23.2.1579 à Colmar Susanna Sandherr, fille d’Andreas Sandherr ©, greffier-syndic, et de Barbara Hügel. Parent du prieur de Marbach, il fut l’intendant du prieuré de 1566 à 1571, puis maire de la cour domaniale d’Eguisheim de 1572 à 1589, régisseur de la famille noble de Ruest de 1576 à sa mort. Conseiller au Magistrat de Colmar en 1606.

2. Petrus,
greffier-syndic († Munster 1.2.1615). Fils de Johann Schneider, à Langenhain, Hesse. Cousin de Balthasar Schneider © ? I Elisabeth N. († 1585). ? II. 30.6.1686 Margaretha Seiter, fille de Diebold Seiter, notaire. Il fut greffier-syndic des ville et vallée de Munster de 1585 à 1614 et défendit âprement les privilèges de Munster, ville impériale de la Décapole, contre les visées de l’abbé bénédictin Brimsy qui voulait en faire une ville abbatiale.

J. Matter, « Die Stadtschreiber von Münster », Annuaire de la Société d’histoire du Val et de la Ville de Munster, 1935, p. 79.

3. Job David,
bailli (★ Munster 29.10.1589 † Ribeauvillé 1638). Fils de Petrus Schneider © et de Marg. Seiter. ∞ I 4.3.1613 à Munster Barbara N., veuve de Christoph Rottner, greffier du bailliage de Zellenberg. ∞ II Dorothea N. Entré au service des Ribeaupierre ©, il fut d’abord bailli de Heiteren jusqu’en 1624 au plus tard, puis il résida à Zellenberg et enfin devint greffier de Sainte-Marie-aux-Mines à partir de 1635.

Christian Wolff (1999)

4. Jean Balthasar,
diplomate, archiviste (★ Colmar 29.6.1612 † Colmar 27.3.1658). Fils de Johann Balthasar Schneider, marchand, et d’Ursula Leytting. Petit-fils de Balthasar Schneider ©. ∞ 20. 4. 1640 à Colmar Anna Catharina Pistorius (Pistory), veuve de Johann Reinhard Faber, médecin-physicien, fille de Nicolaus Pistorius, notaire, et d’Anna Catharina Wetzel. Études secondaires au Gymnase protestant de Colmar et, pour le français, à celui de Montbéliard, supérieures de droit dès 1629 à Strasbourg. Après avoir assisté avec J. Henri Mogg © à la diète de Francfort en 1634, il entreprit en 1635 de voyager et d’étudier, notamment à Paris, au collège jésuite de La Flèche, à l’Université d’Orléans. Il se rendit ensuite en Angleterre et dans les Provinces Unies. À son retour à Colmar, le Magistrat le nomma archiviste de la ville, poste qu’il occupa de 1639 à 1645, tout en assurant les fonctions de secrétaire du conseil. Cette charge, bien qu’honorifique, lui permit de se familiariser avec l’administration communale et d’acquérir la confiance du Magistrat. Formé par Mogg, devenu son beau-frère par son mariage, il fut dépêché en 1641 auprès de la cour de France, jusqu’en Languedoc, et en 1644 à Paris. Il fut alors nommé greffier de justice, mais pour peu de temps, car une mission diplomatique d’importance l’attendait. Envoyé aux négociations de Westphalie en qualité de député de l’ensemble des villes de la Décapole pour négocier leur maintien dans l’Empire, il quitta Colmar pour un premier voyage du 13 mars 1645 au 8 novembre 1646, puis pour un second du 1er mai 1647 au 16 novembre 1648. Les préliminaires et les conférences de Münster et d’Osnabrück avaient retenu J.-B. Schneider durant plus de trois ans. À son retour, le Magistrat lui conféra la charge de bailli de Sainte-Croix-en-Plaine et l’envoya encore à la Diète de Ratisbonne de 1652 à 1654. L’échec de ces missions, qui n’avaient pu empêcher la France d’entrer en possession de la Décapole fit qu’après sa mort des concitoyens l’en rendirent responsable.
On lui attribue avec vraisemblance la rédaction anonyme de l’Apologia civitatis imperialis Colmariensis, Colmar, 1645, ouvrage qu’il distribua largement aux plénipotentiaires du congrès de Westphalie. Il y démontre que Colmar était en droit de passer un traité avec la Suède en 1632 et avec la France en 1635.

X. Mossmann, Contestation de Colmar avec la Cour de France (1641-1644), Colmar, 1869 ; idem, « Matériaux pour servir à l’histoire de la guerre de Trente ans », Revue d’Alsace, 1876-1883 et 1885-1891 (s’arrête à novembre 1647), et Revue historique, t. 53, 1893, p. 29-51, 280-300 ; F. Lichtlé, « Les voyages de Jean Balthasar Schneider à Münster et à Osnabrück de 1645 à 1648 », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1990.
Portraits à l’huile à l’hôtel de ville de Colmar et dans la salle du congrès à Osnabrück ; portraits gravés par Peter de Jode (1650) et par Merian. Voir K. G. Kaster, G. Steinwascher, V. D. Korn, Die Friedenssäle in Münster und Osnabrück und ihre Gemeindenporträts, Bramsche, 1996.

Francis Lichtlé et Christian Wolff (1999)

5. Daniel,
syndic, diplomate (★ Colmar 146. 1623 † Colmar 6.4.1685). Frère de Jean Balthasar Schneider ©. ∞ 23.3.1660 à Colmar Catherine Barth, fille de Daniel Barth, marchand d’épices, conseiller, et de Catharina von Kirn. Études de droit, notamment à Koenigsberg, Prusse orientale (Kaliningrad, Russie) en 1648, séjours à Paris, où il signa le livre d’or de la chapelle suédoise, à côté de son frère Jean Balthasar Schneider ©, et en France en général comme précepteur de jeunes nobles. À son retour, Mogg © le fit nommer intendant du prieuré de Saint-Pierre et du Gymnase protestant et surtout second syndic, chargé des affaires françaises. À ce titre, il fut envoyé à Ensisheim auprès de l’intendant d’Alsace Colbert de Croissy © en 1660 et 1661, puis à la diète de Ratisbonne en 1662-1663 et en 1664 pour organiser la résistance de la Décapole contre le grand-bailli Mazarin ©. Élu stettmestre en 1660 et prévôt, il lui fut reproché de conserver ses autres charges. Son comportement lui attira l’inimitié de la plupart de ses collègues du Magistrat qui le destituèrent par décret de toutes ses fonctions, avant de procéder à son expulsion du prieuré manu militari, le 14 février 1667. Il avait jeté appel de ce décret à la Cour de Vienne. Au terme de longues péripéties, où s’impliquèrent aussi ses frères Emmanuel, qui le remplaçait comme intendant pendant ses missions, et Ambroise © 6, il fut en 1676 rétabli comme stettmestre.

6. Ambroise,
bailli (★ Colmar 26.9.1625 † Strasbourg, Temple Neuf, 10.1.1697), frère de Daniel Schneider © 5. ∞ I 21.5.1657 à Colmar Marie Cléophée Krauss († Colmar 17.6.1675), veuve de David Wetzel, marchand. ∞ II 8.9.1680 à Strasbourg, Temple Neuf, Anne Salomé Widt, veuve de Jean Henri Wieland, comte palatin d’empire. Licencié en droit, il voyagea et fréquenta des universités étrangères. Mal vu du Magistrat de Colmar par ses procès et son comportement intolérant à l’égard des catholiques, il renonça en 1668 à son droit de bourgeoisie et fut nommé receveur seigneurial et ecclésiastique du bailliage de Riquewihr. Il y fut compromis en 1672 dans un procès intenté en diffamation par Jean Richshoffer, ammeistre de Strasbourg, accusé d’être vendu aux Français. Peu après, le 9 juin 1672, il tua G. F. Daser, greffier seigneurial, d’un coup de pistolet à l’entrée de Riquewihr et s’enfuit à Fribourg en Brisgau, puis demanda asile à la ville de Reutlingen, Wurtemberg. Son procès traîna, à cause de la guerre de Hollande. Il eut en tout cas la vie sauve et était en 1675 de retour à Colmar. Son zèle religieux contribua à convaincre les autorités wurtembergeoises de le replacer à son poste de receveur du bailliage de Riquewihr, sur les lieux de son crime, puis en 1680 de l’élever à celui de grand bailli. Il suscita à nouveau le mécontentement général et, après de longues procédures, il fut remplacé en 1685 par un catholique. Pour le consoler, le duc de Wurtemberg en fit son conseiller et directeur des finances, situation honorifique qui lui permit de vivre en rentier.

7. Jean Balthasar,
bailli (★ Colmar 15.9.1647 † après 1723). Fils de Jean Balyhasar Schneider © 4. ∞ 23.2.1680 à Munster Marie Élisabeth Scharlapaur, fille de Georges Jacques Scharlapaur, receveur du bailliage de Riquewihr avant Ambroise Schneider © 6, et conseiller ducal de Wurtemberg, et d’Élisabeth Madeleine Reichart. Nommé greffier-syndic de Munster en 1675, il dut renoncer à cet office pour avoir refusé d’abjurer en 1686 et se fixa à Riquewihr jusqu’en 1697. Il exerça ensuite les doubles fonctions de bailli et de receveur seigneurial au château de Wihr-au-Val pour les comtes palatins de Deux-Ponts-Birkenfeld, puis celle de bailli des fleckenstein © à SouItz-sous-Forêts de 1702 environ à 1723, lorsque la baronnie passa aux Rohan ©.

8. Jean Henri,
pasteur (★ Colmar 6.1.1653 † Bergen, Allemagne, 1705). Frère de Jean Balthasar Schneider © 7. ∞ I N. Steffen, de Stettin (Szczecin, Pologne), ∞ II N. von Friedenschild, de Wismar, Poméranie, ? III N. Strauss, de Stettin; 3 enfants. Études secondaires au Gymnase protestant de Colmar, de théologie à Strasbourg, licencié en « philosophie » en 1673. Chapelain du comte Nicolaus Bielken, gouverneur de la Poméranie suédoise, il l’accompagna dans ses missions en Allemagne et en France. Il fut ainsi amené à servir de chapelain à l’ambassade de Suède à Paris, de 1681 à 1689, date de la fermeture de la chapelle sur ordre de Louis XIV. En effet, J. H. Schneider, le premier des pasteurs alsaciens à exercer à Paris, y accueillait les réformés français opiniâtres parmi ses auditeurs, surtout germanophones, et avait introduit la traduction allemande du psautier huguenot pour qu’ils pussent le chanter. En 1690, Bielken lui fit obtenir la paroisse et la prépositure de Bergen, île de Rügen, alors suédoise.
Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, p. 489-490; Chr. Wolff, « Quelques Colmariens à Paris au XVIIe siècle », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1958, p. 66-67.

9. Jean Benoît,
obristmestre (★ Sainte-Croix-en-Plaine 26.6.1656 † Colmar 3.5.1712). Frère de Jean Henri Schneider © 8. ∞ 14.7.1687 à Colmar Marie Buob, veuve de Jean Jacques Graff, drapier, fille de Zacharie Buob, notaire, greffier de justice, et d’Ursule Herr;
sans postérité. Instruit d’abord par un précepteur, il fréquenta ensuite le Gymnase protestant de Colmar, puis alla apprendre le français à Sainte-Marie-aux-Mines. Après un stage au greffe de Munster, il entra dans la suite du général brandebourgeois Mortani (alias de Mortaigne) et parcourut ainsi le Nord de l’Allemagne, puis, au service d’un noble suédois, les pays baltes. Un ancien collègue danois de son oncle Daniel © 5 à Ratisbonne le recommanda enfin à Hambourg. En 1681, il visita la France et signa le livre d’or de l’ambassade de Suède, sous son père et son frère Jean Henri © 8. De retour à Colmar, il fut successivement cogreffier protestant de justice en 1683, commissaire des tutelles de fin 1684 à 1698 et entra au conseil, sur la recommandation de La Grange ©, en 1695. Élu stettmestre protestant de 1698 à 1712, il exerça les charges d’obristmestre en 1699, 1701, 1709 et de prévôt en 1700, 1704, 1708. Sa fortune s’élevait à sa mort, rien qu’en capitaux, à 46 000 florins. Portrait à l’huile à l’église Saint-Matthieu de Colmar.

10. Daniel II,
greffier-syndic (★ Colmar 23.8.1665 † Moscou ?). Fils de Daniel Schneider © 5. ∞ 29.7.1692 à Wissembourg Marie Catherine Treutlinger, fille de Jean Gaspard Treutlinger, marchand, marschall de Wissembourg, et d’Anne Ursule Traub. Licencié en droit de la faculté de Strasbourg, il fut agréé en 1691 comme greffier-syndic de Wissembourg, malgré la réticence de l’intendant d’Alsace qui lui aurait préféré un catholique. En 1696, il était passé au greffe du bailliage de Landau, mais ne put s’y maintenir, sans doute comme non catholique, car dès 1698 il séjournait à Strasbourg. Il émigra ensuite à Moscou pour y enseigner, probablement sur l’invitation de son compatriote Jean Daniel Schumacher ©.

Christian Wolff (1999)