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SAXE Hermann Maurice, comte de

Maréchal de France, (PI) (★ Goslar 26.10.1696 † château de Chambord 30.11.1750). Fils naturel d’Auguste II, dit le Fort, électeur de Saxe et roi de Pologne, et de la comtesse Aurore de Koenigsmarck. Sa carrière militaire débuta dès l’âge de 12 ans, lorsqu’il rejoignit les troupes saxonnes engagées dans les Pays-Bas contre Louis XIV, sous les ordres du prince Eugène. Il s’exposa au siège de Tournai (1708), combattit les Suédois en 1710 et participa à la prise de Riga sous les ordres de Pierre le Grand. C’est sous le commandement de son père Auguste le Fort, qui le reconnut comme son fils en 1711, qu’il contribua à la prise de Tuptov. Cette reconnaissance lui permit de lever un régiment à son nom. En 1712 il prit part au siège de Stralsund. Deux ans après, se conformant aux vœux de sa mère, il épousa Jeanne-Victoire de Loeben. En 1716 il guerroya contre la confédération des ennemis de son père et, l’an d’après, contre les Turcs, avant de passer, en 1720, au service de la France et d’être nommé maréchal de camp. Ses difficultés d’ordre conjugal avaient débuté dès son retour à Dresde; elles l’amenèrent à annuler son mariage et à mener désormais une vie assez dissolue. En 1726, appelé par la Courlande pour conjurer la menace de la Pologne, il en fut élu le duc, vraisemblablement aussi en raison de la passion qu’il avait inspirée à la veuve d’un précédent duc de Courlande, Anne Iwanowna V, mais sa lutte contre la tsarine Catherine I, de même que contre la Pologne, ne fut pas couronnée de succès. De retour en France, Maurice de Saxe servit dans l’armée du Rhin (1733-1734) sous les ordres du duc de Berwick. Prétendu, à tort, gouverneur de l’Alsace, il en a été surnommé le « bouclier » en raison de ses nombreuses victoires. Il fut nommé lieutenant général en 1736, puis maréchal en 1743. Pendant la guerre de Succession d’Autriche (1741), Maurice de Saxe fut envoyé en Bohème, sous les ordres du maréchal de Belle-Isle; il s’empara de Prague le 19 novembre 1741, puis d’Eger (19 avril 1742). Sa victoire sur les Anglais à la bataille de Fontenoy (1745) assura sa renommée, suivie de celles de Rocroi (11 octobre 1746) et de Lassfeld (2 juillet 1747), de Berg op Zoom et de Maastricht, victoires qui contribuèrent à conclure la paix d’Aix-la-Chapelle. Personnellement, elles lui assurèrent l’amitié du roi et la jouissance du domaine de Chambord. Usé par une vie de licence, en dépit de sa grande force physique,
comptant de nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Adrienne Lecouvreur, il y décéda. Sa mort, naturelle, ne doit rien au prétendu duel avec le duc de Conti, ni à un empoisonnement accrédité par la rumeur publique. Étant de religion luthérienne, bien que non pratiquant, le roi décida de lui offrir sa sépulture à Saint-Thomas de Strasbourg, réputée « cathédrale protestante de France ». Son tombeau, en sous-sol de l’abside, fut surmonté d’un mausolée sculpté par Jean-Baptiste Pigalle ©. La pompe funèbre fut célébrée le 20 août 1777, après une dépose provisoire d’un quart de siècle en l’Église Neuve (Temple Neuf).
Maurice de Saxe s’était adonné à l’étude de la stratégie militaire et à l’art de la fortification. Son ouvrage: Mes rêveries ou Mémoires sur l’art de la guerre, en 2 vol., in 4°, fut publié en 1757 par les soins de l’abbé Pirron, avec un abrégé historique de sa vie. En complément parut l’ouvrage suivant: Lettres et Mémoires, publiées par Grimoard en 1794.

Archives départementales du Bas-Rhin, testament du maréchal de Saxe, copie du XVIIIe s., 6 E 45/117 (succession Toulorge); Relation fidèle et circonstanciée des obsèques et cérémonies faites à Strasbourg…, Strasbourg, chez A. Koenig, s. d.; Duc de Castries, Maurice de Saxe, Paris, 1963; M. Mourre, Dictionnaire encyclopédique d’histoire, Paris, 1978, VII, q. s., p. 4076; Fr. Hulot, Le Maréchal de Saxe, Paris, 1989; G. Lapouge, Les Folies Koenigsmarck, Paris, 1989; V. Beyer (texte), Y. Mugler (ill.), Le Mausolée du Maréchal de Saxe, Strasbourg, 1994 (avec abondante bibliographie).

† Victor Beyer (1998)