Avocat, journaliste, député du Haut-Rhin (★ Deux-Ponts, Palatinat, 13.2.1802 † Londres 28.4.1869). Fils de Jean-Baptiste Savoye (★ Nancy 1754 † Deux-Ponts-Mont-Tonnerre 1811). Études au collège de Deux-Ponts, aux universités de Heidelberg et Wurtzbourg. Avocat au barreau de Deux-Ponts en 1832. Chargé de la liaison entre le mouvement national et républicain allemand implanté en Rhénanie et en Palatinat bavarois (avec Wirth et Siebenpfeiffer) et la direction parisienne de la Société des Amis du peuple (février 1832). Ce mouvement culmina dans la fête de Hambach, Palatinat (27 mai 1832), qui attira un certain nombre de représentants des sociétés alsaciennes des Amis du peuple (Strasbourg, Colmar) et de réfugiés allemands à Strasbourg. Savoye échappa aux poursuites déclenchées par la Confédération germanique et la Bavière et se réfugia en France, d’abord à Ribeauvillé, puis à Paris (1833), où il donna des cours d’allemand. En 1839, sa candidature à une chaire d’allemand au lycée Louis-le-Grand signale qu’il fut l’un des correspondants de la Gazette d’Augsbourg. Nommé à cette chaire, il obtint également des lettres de naturalisation. Il resta professeur au lycée Louis-le-Grand jusqu’en 1848. Il n’en participa pas moins à l’activité politique française, proche de Ledru-Rollin, et à l’activité politique des nombreux cercles de réfugiés allemands de Paris. En mars 1848, Ledru-Rollin le chargea d’une mission dans les départements du Rhin, et c’est à Colmar qu’il se trouvait quand le ministre de l’Intérieur le rappela à Paris le 5 avril. Nommé ministre plénipotentiaire auprès du Parlement de Francfort, Savoye témoigna, dès sa première dépêche, de son engagement aux côtés des fractions républicaines, pourtant minoritaires à Francfort. Partisan résolu de l’unité allemande dans le cadre d’une République, Savoye prit appui sur le célèbre ordre du jour de l’Assemblée constituante du 24 mai 1848 : « Pacte fraternel avec l’Allemagne, reconstitution de la Pologne indépendante et libre, affranchissement de l’Italie ». Et il participa fort ouvertement aux réunions de la gauche républicaine du Parlement de Francfort. La politique du ministère et celle de Savoye s’opposèrent aussi sur la question du Schleswig : autant Savoye soutint la position de la France sur le grand-duché de Posen, à incorporer dans une Pologne indépendante, autant il suggéra qu’on tînt compte du sentiment national allemand sur la question du Schleswig. Il fut relevé de ses fonctions en septembre 1848, par le gouvernement Cavaignac. Il fut candidat furtif à l’élection de remplacement de janvier 1849, provoquée par la démission d’Ignace Chauffour ©, que remporta le préfet révoqué Fawtier ©. Mais il figura en bonne place sur la liste démocrate-socialiste du département du Haut-Rhin, et prit une part active à la campagne électorale d’avril 1849, intervenant dans les nombreux meetings de masse, et fut élu député du Haut-Rhin (13 mai 1849). Il organisa le soutien aux soulèvements républicains allemands, apportant celui des républicains français aux Républiques rhénopalatines et badoises, que réprima l’intervention prussienne (juin 1849). L’interpellation qu’il développa à l’Assemblée législative le 25 juin 1849 tenta en vain de convaincre l’Assemblée de ne pas opposer l’unité nationale allemande républicaine à l’intérêt national français et de venir au secours des Républiques rhénanes alors écrasées. Savoye poursuivit son activité parlementaire. Il collabora au journal parisien La Réforme et le Suffrage Universel, ainsi qu’à la Volksrepublik de Schmitt, participa en 1850 et 1851, étroitement surveillé par la police, aux campagnes des députés alsaciens « rouges » encore en liberté (Cassal ©, Burgard, Muhlenbeck ©, Ennery ©, Fawtier, Gérard, Kestner ©…) en liaison avec les députés proscrits et réfugiés en Suisse (Hofer, Koenig ©, Pflieger ©, Anstett ©…) et prépara les élections de 1852. Il fut proscrit à son tour après le Deux Décembre et gagna l’Angleterre.
Dossier personnel : Archives nationales, F 1721/707 ; Archives départementales du Haut-Rhin, Notices biographiques dans la Volksrepublik. Biographie à la suite d’un droit de réponse à Ravenez, rédacteur du Journal du Haut-Rhin, le 19 juillet 1851. Comité national du Centenaire de 1848. Documents diplomatiques du gouvernement provisoire et de la Commission du Pouvoir exécutif. T. II. Mai-juin 1848, Paris, 1954.
François Igersheim (1998)