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SAURINE Jean Pierre

Évêque de Strasbourg, (C) (★ Eysus, près d’Oloron, Pyrénées-Occidentales, 10.3.1733 † Soultz, Haut-Rhin, 9.5.1813). Fils de Jean Saurine, instituteur, et de Marguerite Docy alias Angoustures. Ordonné prêtre en juin 1761 à la cathédrale d’Oloron, vicaire à Oloron de 1761 à 1765, il s’y compromit dans une affaire trouble, mais refusa d’être éloigné de son nouveau poste d’Urdos, au pied du col de Somport. Il se rendit alors en Espagne, comme précepteur, auprès du marquis de Saragosse. Revenu en France, il se fixa à Paris, où il entreprit des études de droit et devint avocat au Parlement de Paris. Élu député du Béarn aux États Généraux en mai 1789, il se lia d’amitié avec l’abbé Grégoire, participa à la fondation du Club des amis de la constitution et vota la Constitution civile du clergé. Nommé évêque constitutionnel des Landes, il ne tint pas compte du refus de sa bulle de nomination par Pie VI. Le 6 septembre 1792, il fut élu député des Landes à la Convention. Arrêté le 3 octobre 1793, avec 83 autres Girondins, il échappa à l’échafaud par la chute de Robespierre en juillet 1794. Rappelé à la Convention le 8 décembre 1794, il fonda en 1795, avec Grégoire et trois autres évêques, un comité dit « des évêques réunis » qui se proposait de pourvoir les nombreux sièges épiscopaux vacants et organisait le Concile national de 1797. Membre du Conseil des Cinq Cents, il réussit à se faire élire évêque constitutionnel des Basses-Pyrénées à la fin de 1797 ; il était à cette époque franc-maçon. Il s’installa à Oloron et prit possession de la cathédrale en avril 1800. Faisant partie de la fraction modérée des assemblées révolutionnaires vers laquelle penchait la préférence consulaire, Saurine obtint grâce à ses appuis parisiens, dont Fouché, « l’institution canonique » le 29 avril 1802. Deux jours plus tard, le jour de Pâques 1802, à Notre-Dame de Paris, il figurait parmi les 27 premiers archevêques et évêques nommés par le premier consul, quoique constitutionnel et malgré les remarques peu flatteuses figurant à côté de son nom lors des élaborations successives des listes des candidats à l’épiscopat. Le hasard voulut qu’il obtînt le diocèse de Strasbourg, qui lui était totalement étranger par sa langue populaire et ses coutumes et, qui plus est, animé par un clergé à l’opposé de ses idées, donc ultramontain et réfractaire. Le 4 juin 1802, il arriva à Strasbourg et le 6 il fut installé. Pendant toute sa vie, Saurine resta fidèle à ses convictions gallicanes, même si, au Concile national de 1811, il prit la défense des droits du pape. Membre du clergé constitutionnel, il déclara dès le 5 juin 1801, à Oloron, que la chose la plus essentielle, « celle qui doit nous occuper avant toute autre », est la paix de l’Église, la réunion des esprits. Toutefois, à peine arrivé à Strasbourg, il commit une maladresse en opposant dans sa première instruction au clergé le gallicanisme comme doctrine traditionnelle à l’ultramontanisme. Puis il s’occupa de placer l’ensemble du clergé (1200 prêtres) dans un diocèse presque démesuré. Les longues lettres, qu’il écrivit personnellement, manifestent un grand souci d’exposer ses principes et de convaincre sur la nécessité du silence sur le passé. Car Saurine était tout à fait en harmonie avec la politique religieuse de Bonaparte, non par servilité, mais par conviction profonde. Aussi n’est-il pas étonnant de voir ce véritable préfet violet promu dans l’ordre de la Légion d’honneur dès 1804. Il décéda au cours d’une tournée de confirmation.
L’acte de décès de Soultz déclare à tort que Jean Jacques Vion ©, archiprêtre, et Georges Bouat, chanoine, sont parents du défunt .

Archives nationales, F 19 349 et AF IV 1889 ; Archives départementales du Bas-Rhin, 1 V 342 (correspondance avec les préfets) et Archives départementales du Haut-Rhin, V 64 et V 180 ; A.-M.-P. Ingold, L’épiscopat français depuis le Concordat jusqu’à la séparation (1802-1903), Paris, 1907, p. 604-605 ; P. Pisani, Répertoire de l’épiscopat constitutionnel, Paris, 1907 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 653 ; P. Leuilliot, « Saurine, évêque concordataire de Strasbourg », Revue d’Alsace, t. 84, 1937, p. 134-140 ; F. Schaedelin, « La première visite pastorale de l’évêque Saurine dans le Haut-Rhin », ibidem, 1937, p. 141-153 ; J. L’Herissaye, « Relation de Saurine », Revue des Deux-Mondes, t. 42, 1937, p. 613-660 ; G. Fritz, « Un gallican intransigeant : J. P. Saurine », Revue des Sciences religieuses, 1939, p. 161-175 ; F. L’Huillier, « La doctrine et la conduite d’un évêque concordataire, ci-devant assermenté », Revue historique, 1939, p. 286-317 ; G. Fritz, « Zur Kirchengeschichte der Jahre 1790 bis 1810 », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1943, p. 351-388 ; F. L’Huillier, Recherches sur l’Alsace napoléonienne, Strasbourg, 1947 ; P. Leuilliot, L’Alsace au début du XIXe siècle (1815-1830), Strasbourg, 1960, t. III ; J. Charron, Inventaire des archives de légation en France du cardinal Caprara (1801-1808), Paris, 1975 ; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’Eglise catholique en Alsace au XIXe siècle (1802-1870), Strasbourg, 1975 ; L. Depret, La société paroissiale du Bas-Rhin d’après-l’enquête de l’an XII, Strasbourg, 1977 ; J.-P. Laulom, « Mgr Jean Pierre Saurine, évêque constitutionnel des Landes », Bulletin de la Société de Borda, Dax, 1980, p. 1-74 et « Mgr Saurine, évêque et franc-maçon », ibidem, 1982, p. 1-9 ; Cl. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle, Strasbourg, 1986 ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, 1985, p. 6676 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, 1987, p. 372-374 ; Cl. Muller, « L’opinion de Mgr Saurine sur l’instruction primaire en Alsace (1809) », Archives de l’Église d’Alsace, t. 47, 1988, p. 380-382 ; L. Kammerer, « La réorganisation concordataire dans le diocèse de Strasbourg, principalement d’après la correspondance de Saurine avec le préfet du Haut-Rhin (1802-1804) », Archives de l’Église d’Alsace, t. 49, 1990-1991, p. 21-63 ; R. Epp, « Mgr Saurine et la célébration des jours de fête », ibidem, t. 50, 1992-1993, p. 157-164 ; J. de Mathan, « La bibliothèque de Saurine », Revue française d’histoire du livre, t. LXII, 1993, p. 313-336 ; L. Schaefli, « Un portrait peu flatteur de l’évèque Saurine », Archives de l’Église d’Alsace, 1995-1997, p. 291-304 (opinion d’un prêtre du diocèse de Besançon, Jean Joseph Claude, dit Descharrières).

Claude Muller (1998)