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SANDHERR Jean Mathias

Stettmestre et homme d’affaires (★ Colmar 16.11.1708 † Colmar 12.1.1766). Fils de Jean Mathias Sandherr (1676-1712), négociant à Colmar, arrière-petit-fils de Nicolaus Sandherr ©, et de Marie Salomé Klein. ∞ I 23.4.1731 à Colmar Catherine Salomé Haussmann (★ Colmar 9.4.1709 † Colmar 7.4.1734), fille de Balthasar Haussmann, pharmacien à Colmar, et de Marie Madeleine Burger. ? II 19.9.1735 à Colmar Anne Salomé Sandherr (★ Colmar 23.9.1717 † Colmar 26.3.1763), fille d’André Sandherr (1672-1737), négociant, conseiller au Magistrat de Colmar, petit-fils d’Andreas Sandherr ©, et d’Anne Salomé Oestringer. Entré au conseil de la ville en 1742, Sandherr occupa à trois reprises les fonctions de prévôt (1758, 1760, 1764) et fut quatre fois stettmestre (1755, 1756, 1757, 1761) ; enfin il remplit à deux reprises (1759-1760 et 1765-1766) la charge suprême de stettmestre régent de Colmar, dans laquelle il décéda en fonctions. Mais il fut aussi et surtout l’un des hommes d’affaires colmariens les plus entreprenants de son époque. En 1746, il s’investit dans la compagnie fermière des revenus de la ville, en association avec Laurent Nadal ©, commissaire des poudres et salpêtres de la province d’Alsace et entrepreneur de la poudrerie royale établie au Logelbach. Ensemble, ils reprirent également l’exploitation d’une fabrique d’ustensiles en cuivre située sur le Muhlbach, entreprise qui connut un rapide développement et dont les produits se débitèrent tant sur le marché régional qu’à l’intérieur du royaume. Sandherr acquit en outre une entreprise de mégisserie, dite Weissgerber Manufaktur et située sur le canal du Logelbach. Par ailleurs, il entra en 1756 dans une compagnie assurant le transport du sel de Lorraine du col de Bussang jusqu’en Suisse, en association avec le fermier général des gabelles à Paris, Pierre Henriet, ainsi qu’avec le directeur des Domaines à Thann, Thomas Pierre Desmarès ©. Ce faisant, le négociant colmarien se familiarisa avec les ressources de la vallée de Saint-Amarin où il devint l’un des clients privilégiés de la société exploitant les mines de cuivre et la fonderie d’Urbès. C’est ainsi, au centre même de la vallée, que Sandherr créa en 1762, au château de Wesserling acquis par Desmarès, la grande manufacture de toiles imprimées qui fut à l’origine du filage et du tissage du coton dans une grande partie des Vosges du Sud. Au moment de son décès, la masse active de l’obristmestre était estimée à plus de 300 000 livres tournois, fortune considérable pour l’époque. De nombreuses créances sur des négociants de Bordeaux, Lorient, Nantes, Strasbourg, Munich, Nuremberg, etc. témoignèrent alors de l’envergure prise par ses affaires. Toutefois, la société Sandherr, Courageot & Cie constituée pour l’exploitation de la manufacture de Wesserling ne survécut guère à son décès, et l’entreprise connut plusieurs années de marasme avant d’être reprise par des Mulhousiens.

Archives municipales de Colmar, JJ F n° 217 bis; Archives départementales du Haut-Rhin, 2 J 45 II, n° 42: Précis pour les sieurs Sandherr…, Colmar, s. d.; Schuldigstes Dank- und Ehren-Maal, bey dem Grabe des Hrn J. M. Sandherrn, Stätmeisters u. desmalen regierenden Obrist-Meisters der Königl. Stadt Colmar…, Colmar, s. d.; L. Sittler, « Notice sur la famille Sandherr », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1950, p. 62-63; J.-M. Schmitt, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, passim; idem, « Portraits colmariens: Jean Mathias Sandherr (1708-1766) », Mémoire Colmarienne, n° 2, avril 1980, p. 8-10.

Jean-Marie Schmitt (1998)