Apothicaire, chroniqueur, (Pl) (★ Heilbronn, Wurtemberg, 20.11.1581 † Strasbourg 7.2.1656). Fils de Philipp Saladin, médecin municipal (Stadtphysikus), et de Clara Lutz. ∞ 4.2.1611 à Strasbourg Magdalena Ringler (★ Strasbourg, Saint-Thomas 16.9.1591), fille de Carl Ringler et de Margaretha Kirchhoffer. On ignore où Saladin fit ses études. Vers 1610, il vint à Strasbourg où on le trouve à l’officine de Carl Ringler, apothicaire à la Grand’Rue. Saladin acquit le droit de bourgeoisie le 19 novembre 1611 et s’inscrivit à la tribu du Miroir (Livre de bourgeoisie II, col. 941). De 1645 à 1646, Saladin fut membre du Grand Sénat. On admet que Saladin reprit la pharmacie de son beau-père, décédé entre 1624 et 1629. Saladin était un adversaire résolu des catholiques en général et des Jésuites en particulier. Son antipathie pour ces derniers ne fut surpassée que par sa haine contre les juifs.
Sa chronique, illustrée par F. Brentel ©, est conservée à la bibliothèque de Munich (Cod. germ. 1222 (CCXXXVIII)). Elle est en fait l’œuvre de deux auteurs différents. On suppose que la partie traitant de la période antérieure à 1611, et fortement calquée sur la chronique de Jacob Twinger de Koenigshoven © et ses continuateurs, a été rédigée par son beau-père Carl Ringler, tandis que la période de 1611 à 1623 qui nous renseigne sur la vie sociale et économique de Strasbourg à la veille de la guerre de Trente ans, est de Saladin. Beaucoup d’indications, notamment les statistiques de naissances, mariages et décès, les prix de céréales et de vin se rapportant à la seconde moitié du XVIe siècle sont d’autant plus précieuses qu’elles proviennent au moins en partie de sources perdues pendant l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870. Sur des points importants la chronique de Saladin complète les chroniques antérieures, plus particulièrement celles de Bernhard Hertzog ©, Johann Jacob Meyer © et Daniel Specklin ©. En plus de sa chronique, Saladin avait encore rédigé un traité sur la guerre menée par le général Spinola au Palatinat (1619-1621) et un libelle sur l’Union protestante (1618-1621), tous deux perdus.
A. Meister, A. Ruppel, « Die Strassburger Chronik des Johann Georg Saladin », Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 22, 1908, p. 127-206 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 635.
† François-Joseph Fuchs (1998)