Médecin, chirurgien, anatomiste strasbourgeois (XVIe siècle). Études à Bâle (?) et surtout à Paris vers 1535 où il fut l’élève de Jacques Dubois-Sylvius en compagnie de Johann Dryander (ultérieurement professeur à Marburg où il décéda en 1560) et d’André Vésale (1514-1564). Installé dans sa ville natale qu’il fut contraint de quitter, il aurait exercé par la suite à Mayence. En regard de la précarité des renseignements touchant les circonstances de sa vie, des certitudes existent qui concernent son activité de polygraphe. C’est par ses productions qu’il fait figure de compilateur et de plagiaire. Vésale critique sévèrement les mauvaises contrefaçons des illustrations de son Traité d’anatomie tirées des Tabulae anatomicae sex (Venise, 1538) ; le Zurichois Conrad Gessner lui reproche une « impardonnable ignorance » en 1545 ; Leonhard Fuchs © le traite de « dévergondé » et Haller lui reprochera encore, au XVIIIe siècle le relâchement de ses mœurs. Il convient d’ajouter que ses compilations ne manquent pas d’être assorties d’un apport personnel et que ses ouvrages, dont une quinzaine sortit des presses strasbourgeoises, connurent une grande diffusion.
Portant un intérêt particulier à la matière médicale et la botanique, Ryff est l’auteur de plusieurs traités de pharmacopée populaires. À une époque où l’enseignement de cette discipline était presque exclusivement livresque, son manuel d’anatomie (Strasbourg, 1541) est le premier rédigé en langue allemande. En chirurgie, on lui doit un abrégé (Strasbourg, 1541, trad. latine, Paris, 1543) comportant des figures anatomiques et d’instruments ainsi qu’un ouvrage plus complet (Francfort, 1559 ; 1562) dont le frontispice représente une scène d’amputation d’une jambe. En art dentaire, il s’est signalé par l’introduction du pélican dans l’extraction. A l’usage des lithotomistes, il a publié un manuel de la cure chirurgicale de la pierre vésicale (Strasbourg, 1543). Il faut également mentionner son traité d’obstétricie (Rosengarten) inspiré de celui d’Eucharius Roesslin ©, un traité sur le gaïac (1541) et un autre sur les songes (1551). Parmi ses traductions, celle de Vitruve (Nuremberg, 1548) fut rééditée à Bâle en 1614.
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Théodore Vetter (1998)