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RUTANT Gabriel de

Bénédictin, abbé de Munster (C) (★ Paris, Saint-Nicolas des Champs, 2.7.1682 † Turckheim 17.2.1745). Après avoir fait profession à l’abbaye de Saint-Evre le 1er juillet 1701, il fut affecté à l’abbaye de Munster, où il devint sous-prieur. À la mort de l’abbé Louis de La Grange, frère de l’intendant Jacques de La Grange ©, l’élection d’un successeur fut longtemps repoussée par le projet d’unir la manse abbatiale à l’évêché que l’on se proposait d’ériger à Lausanne. Rutant réussit le tour de force d’exonérer l’abbaye des pensions envisagées et de détourner le projet, en se rendant à Versailles et en y faisant jouer ses relations. Les bénédictins, reconnaissants, le choisirent comme abbé le 5 février 1714. Il ne tarda pas à développer le temporel de l’abbaye par une gestion rigoureuse. Il fut attentif à ses prérogatives — nomination d’un chanoine à Colmar en 1721, liée à sa compétence — et s’adonna, comme tous les bénédictins de la congrégation de Saint-Vanne et Saint Hydulphe, à l’érudition. Le nonce de Lucerne, le cardinal Passioneï, était en relations avec lui pour constituer sa bibliothèque. Il assista au mariage par procuration de Louis XV © et de Marie Leczinska © à Strasbourg en août 1725, déplacement à mettre en relations avec l’obtention, le 19 novembre 1725, de la charge de conseiller chevalier d’honneur d’Église au Conseil souverain d’Alsace qu’il céda en 1738 à Jacques Gacier d’Auvillers ©, abbé cistercien de Neubourg. Visiteur de sa province, il examina à ce titre les abbayes de Senones, de Hautvillers « d’où l’on tire les plus fins vins de champagne », etc., et décéda dans le prieuré que l’abbaye de Munster possédait à Turckheim.

L. Ohl, Geschichte der Stadt Munster und ihrer Abtei, Munster, 1897, p. 401 ; Dom E. Didier, Laurent OSB, « Correspondance de Gabriel de Rutant avec le cardinal Passioneï », Revue catholique d’Alsace, 1900, p. 277-289 ; Cl. Muller et J.-L. Eichenlaub, Messieurs. Les magistrats du Conseil souverain d’Alsace et leurs familles au XVIIIe siècle, Riquewihr, 1998, p. 197-198.

Claude Muller (2006)