Famille noble (C et PI) de Haute Alsace. Désignée du nom d’un village de la rive droite du Rhin, à la hauteur de Rhinau, ce lignage est fixé à Colmar dès le milieu du XIIIe siècle, dans la personne de Marquard/Marcwardus ceme Rueste. Son appartenance à la noblesse est avérée à la fin du XIIIe siècle (Cunzmann, chevalier en 1283), lui donnant dès lors un certain prestige et une longue permanence au sein des institutions municipales, au point d’être la dernière des grandes familles nobles colmariennes au cours du XVIe siècle. Une localisation précise dans la topographie — la rue Ruest est citée depuis la fin du Moyen Âge au nord-est de la ville, dans le quartier de la porte de Brisach, la possession de plusieurs hôtels urbains (notamment la cour appelée Hof zum Palmen, rue des Prêtres dans la seconde partie du XVe siècle, puis au siècle suivant) et une présence continue au sein des établissements ecclésiastiques locaux (Unterlinden, Clarisses de Mulhouse, Saint-Martin de Colmar dont Jean/Johannes fut prévôt en 1433) contribuèrent encore davantage à son ancrage dans la région. Le patrimoine familial comprenait essentiellement des biens dans le ban de Colmar, en partie grâce à des alliances avec d’autres patriciens, et, épisodiquement, le petit château de la Martinsbourg de Wettolsheim ou des terres proches du vignoble (fiefs des Ribeaupierre ©, de l’évêque de Strasbourg ou de l’abbaye de Munster) ou de l’III (Riedwihr, Muntzenheim, fiefs wurtembergeois auparavant aux Girsberg, droits à Dessenheim, terres à Houssen). L’implication dans la vie politique colmarienne se mesure notamment dans la possession de l’office de schultheis (1374-1375, Conrad/Cuntzmann, chevalier, également Burgmann du Haut-Landsbourg), puis dans les différentes charges municipales illustrées par Conrad (dans les différentes instances entre 1431 et 1464), et plusieurs personnages prénommés Conrad (un stettmeister en 1458 et 1460), Marquart (un premier, chevalier en 1384, bourgmestre en 1413 ; un second, chevalier en 1422, actif au conseil entre 1414 et 1437, stettmeister à six reprises ; un troisième, cité entre 1468 et 1501, stettmeister en 1489 et 1491) ou Jean/Johann (entre autres, l’écuyer Hans, capitaine d’une compagnie de la milice de Colmar vers 1525). Dans la seconde moitié du XVIe siècle, plusieurs gentilshommes du lignage passèrent au service de la Maison d’Autriche, notamment dans la personne de Jean-Thiébaut/Hans Diebold, lieutenant du bailli d’Ensisheim (1547), stadtvogt de cette ville (1544-1549) et receveur de l’impôt contre les Turcs puis, surtout, Guillaume/Wilhelm, bailli (obervogt) de Thann entre 1564 et 1581 et son fils Jean Paul/Johann Paul, lui aussi bailli de Thann et Cernay, conseiller de la Chambre d’Ensisheim (1584-1616). À ce moment-là l’osmose avec la noblesse autrichienne fut acquise, notamment par des mariages (entre autres, avec des conjoints d’Andlau ©, Eptingen ou de Ferrette ©). La famille, qui détenait désormais des fiefs autrichiens et des domaines d’autre provenance (le château de Bis près de Zillisheim, en 1568) s’éteignit en 1709 avec Guillaume Frédéric, écuyer et seigneur de Riedwihr.
Lehr, L’Alsace noble, 1870; J. Kindler von Knobloch, Der alte Adel im Oberelsass, Berlin, 1882 ; idem, Oberbadisches Geschlechterbuch, t. 3, Heidelberg, 1919 ; A. Herscher, « Armes colmariennes », Mémoire colmarienne, n° 8, 1982.
Georges Bischoff (1998)