Magistrat, administrateur, député, préfet, baron d’Empire (★ Guebwiller 9.9.1757 † Strasbourg 13.11.1837). Frère de Jean-Baptiste, dit l’Ainé, et François Xavier Antoine ©. ∞ 16 nivôse an VII (5 janvier 1799) à Paris Joséphine Antoinette Stouhlen (1778-1851), fille de Jean Pierre Stouhlen, homme de loi à Saverne, et de Charlotte Immerlin. Étudiant à la faculté de Droit de Strasbourg, il fut initié à la loge maçonnique « L’Amitié ». Reçu avocat au Conseil souverain d’Alsace en 1778, il revint se fixer comme homme de loi dans sa ville natale. Favorable aux idées de la Révolution, il entra le 16 juillet 1790 au directoire du département du Haut-Rhin. Bientôt placé, le 1er juin 1791, à la tête de l’administration départementale avec le titre de procureur général-syndic du Haut-Rhin, il conserva ce poste jusqu’au moment de son élection comme député à l’Assemblée législative, le 3 septembre 1791. Élu ensuite député suppléant à la Convention nationale, il n’eut pas l’occasion de siéger, et redevint membre du directoire du département du Haut-Rhin le 21 septembre 1792, puis passa au directoire du district de Colmar le 24 germinal an II (13 avril 1794). Le 20 messidor suivant (8 juillet 1794), il entra à la Société populaire de Colmar. Du 23 thermidor an II (10 août 1794) au 28 frimaire an III (18 décembre 1794), Rudler siégea à Paris comme vice-président du tribunal révolutionnaire. Il devint ensuite, le 25 vendémiaire an IV (14 octobre 1795), haut-juré national pour le département du Haut-Rhin à la Haute Cour de justice à Paris, puis vice-président du tribunal criminel de la Seine, le 1er frimaire an IV (21 novembre 1795). Ayant démissionné de ces fonctions pour raisons de santé le 4 ventôse an IV (23 février 1796), il reprit du service l’automne suivant après avoir été nommé commissaire du gouvernement près l’armée de Rhin-et-Moselle, le 20 brumaire an IV (10 novembre 1796). L’année suivante, il prit ainsi part à la campagne d’Allemagne et annonça au Directoire exécutif le passage du Rhin et la prise de Kehl par l’armée de Moreau. Cette mission de Rudler prit fin avec les préliminaires de la paix de Campo-Formio, signés à Leoben le 29 germinal an IV (18 avril 1796), et Rudler fut nommé juge au tribunal de Cassation (la future Cour) le 20 fructidor an V (6 septembre 1797). Mais il repartit bientôt pour la Rhénanie avec une mission plus importante encore, ayant été nommé par le Directoire, le 14 brumaire an VI (4 novembre 1797), commissaire du gouvernement chargé de l’organisation administrative des territoires conquis de la rive gauche du Rhin. Après s’être dégagé de la tutelle du chef de l’armée d’Allemagne, Augereau, Rudler s’employa à introduire le système administratif français en vue de la départementalisation des régions qui lui avaient été confiées. Le 4 pluviôse an VI (23 janvier 1798), Rudler publia les ordonnances créant et organisant les quatre départements de la rive gauche du Rhin: la Roër (chef-lieu Aix-la-Chapelle), la Sarre (Trèves), le Rhin-et-Moselle (Coblence) et le Mont-Tonnerre (Mayence), dont il nomma lui-même les premiers administrateurs. Homme à l’autorité incontestée, et dont l’intégrité fut même respectée par ses adversaires, il réussit le tour de force d’harmoniser en l’espace d’un an les structures politiques, sociales et financières de ces régions avec celles de la France. Par ailleurs, il entendait promouvoir la langue et la culture française en tant qu’instruments d’une politique d’intégration, tandis qu’il préconisa la modération dans l’application des mesures religieuses. En dépit de changements ultérieurs de régimes, les réformes de Rudler créèrent des structures efficaces et durables. Ayant considéré sa tâche comme terminée, il quitta Trèves pour Paris à la fin de l’année. Appelé à remplacer Rapinat © en qualité de commissaire du gouvernement près l’armée française en Helvétie, il ne prit finalement pas ses fonctions en raison du maintien de Rapinat. Cependant il fut nommé, le 21 frimaire an VII (11 décembre 1798), commissaire civil près l’armée du Danube, avec résidence à Mayence où il se rendit en janvier suivant, après s’être marié. Après la retraite de Jourdan en Alsace et la dislocation de l’armée du Danube, Rudler revint à Paris siéger au tribunal de Cassation, jusqu’au moment de la réorganisation de ce dernier suite à la loi du 27 ventôse an VII (17 mars 1799). Rallié à Bonaparte, il fut nommé préfet du Finistère par arrêté du premier consul en date du 2 pluviôse an IX (22 janvier 1801), puis devint préfet de la Charente le 7 germinal an XIII (28 mars 1805). Nommé baron d’Empire par décret de Napoléon Ier le 3 décembre 1809, titulaire de la croix de chevalier de la Légion d’honneur, il fut admis à la retraite le 12 février 1810 et se retira à Strasbourg. Favorable à l’avènement de la Monarchie de Juillet, il accepta d’être élu député du Bas-Rhin en 1830, alors âgé de 73 ans, mais il ne se représenta pas aux élections organisées l’année suivante. Sa fille Joséphine Françoise Rudler épousa en 1826 le capitaine Michel Bizot, de Bitche, le futur général de division tombé devant Sébastopol le 15 avril 1855.
Archives départementales du Haut-Rhin, 2J 136 ; Courrier du Bas-Rhin, nov. 1837 ; J. Marx, Geschichte des Erzstifts Trier und des Trierischen Landes, t. V, Trèves, 1864 ; A. Véron-Reville, Histoire de la Révolution française dans le département du Haut-Rhin, Paris-Colmar, 1865, p. 289 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 621-622 ; Dictionnaire historique et biographique de la Révolution et de l’Empire 1789-1815, rédigé par le Dr Robinet, Ad. Robert et J. Le Chaplain, Paris, 1899, II, p. 720 ; F.-J. Heitz, Deux registres de délibérations du Barreau de Colmar, 1712-1870, Colmar, 1932, p. 324-325 (lui attribue par erreur les fonctions de procureur fiscal et de prévôt de Saint-Amarin) ; X.-J. Thomann, « Deux illustrations de Guebwiller », Revue d’Alsace, 1934, p. 292-297 ; E. Zenz, « Die Verfassung der Stadt Trier in der französischen Zeit (1794- 1813) », Trierisches Jahrbuch, 1969 ; A. Schumacher, Idéologie révolutionnaire et pratique politique de la France en Rhénanie de 1794 à 1801. L’exemple du pays de Trèves, Paris, 1989 ; J.-C. Winnlen, 1789-1792 : le Haut-Rhin, révolution des institutions, naissance d’un département, Riedisheim, 1989, p. 48.
Jean-Marie Schmitt (1998)