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ROMAN Aimé-Philippe

Manufacturier, président du Conseil général du Haut-Rhin, (Pr) (★ Genève, Suisse, 20.10.1774 † Husseren-Wesserling 11.10.1867). Fils de François Roman, de Genève, homme d’affaires, négociant en toiles, et de Marie Bournet. ∞ I Jeanne Charlotte Pernelle Catherine Roman (★ Genève 1781 † Husseren-Wesserling 9.12.1831), fille de Gaspard Roman, négociant à Genève, puis manufacturier à Wesserling, et de Julie Gabrielle Argand. ∞ II Rosalie Japy (★ Beaucourt, Territoire de Belfort, † ? Paris), veuve de Georges Théophile Herr (★ Colmar 19.4.1788 † 18.5.1836), fabricant à Colmar, fille de Louis Japy, originaire de La Grange (Doubs), manufacturier et maire de Beaucourt, et de Marie Marguerite Perlet. Famille calviniste originaire de Béziers, les Roman se sont réfugiés à Genève au XVIIIe siècle. Important négociant de la place, Jacques Roman, oncle (et non beau-frère) de Roman, prit part en 1782 à Bruxelles à la création de la puissante firme Senn, Bidermann & Cie formée pour le commerce des marchandises de l’Inde et notamment pour approvisionner l’industrie textile française en toiles de coton. Cette firme s’associa en 1783 avec la société mulhousienne Nicolas Risler & Cie, pour l’exploitation de la grande manufacture de Wesserling, sous la raison de son gérant, Pierre Dollfus © & Cie. Le jeune Roman fit son apprentissage dans le négoce à Paris, où ses oncles Jacques et Philippe étaient établis depuis 1790. Sa formation fut complétée par des voyages, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en Pologne, ainsi que par une période consacrée à la direction d’un atelier de pinceautage de toiles, à Beauvais, en 1795. Il revint ensuite à Paris pour entrer dans la maison de commerce principale de la firme, diffusant les toiles imprimées de la manufacture de Wesserling. En 1802, son oncle Jacques fut l’un des principaux partenaires de la nouvelle société fondée à Paris sous la raison Gros, Davillier, Roman & Cie, et qui donna aux établissements de Wesserling leur extraordinaire renom au XIXe siècle (et auxquels la raison sociale Gros-Roman resta attachée jusqu’au milieu du XXe siècle). Arrivé à Wesserling en 1803, Roman y prit l’année suivante la succession de l’associé-gérant James Odier. Dès le mois de mai 1803, le premier métier à tisser à navette volante de la région fut installé dans l’une des unités de Wesserling, où une autre innovation technique fut introduite au mois de juillet suivant avec la machine à imprimer au rouleau ; enfin en novembre commença à fonctionner, dans un nouveau bâtiment de la manufacture alsacienne, la première filature de coton mécanique du pays. Lorsqu’en 1805 la manufacture, qui avait depuis dix ans la raison sociale Jean-Henri Bourcart © & Cie, prit le nom de la firme Gros, Davillier, Roman & Cie elle-même, son grand développement était déjà largement amorcé et Roman s’entoura de son nouvel associé Jacques Gabriel Gros © pour l’impression et de son cousin Charles Roman (★ Lyon 1776 † Saint-Amarin 13.9.1831), fils de Philippe Roman, pour la direction du département tissage du groupe et la création d’une unité de production à Saint-Amarin. Le gérant recruta également d’excellents artistes et techniciens comme le dessinateur Jean-François Grosjean © ou le coloriste Benjamin Widmann ©. De nouveaux perfectionnements dans la fabrication, telle la création du rose garance, assurèrent à la manufacture un renom considérable. Dans le domaine social, Roman fit appel en 1816 au Dr. Antoine Joseph Bécourt ©, ancien chirurgien-major à l’armée du Rhin et futur maire de Thann, comme médecin attitré des établissements de Wesserling. En 1825, il institua une caisse de secours en cas de maladie. Roman créa également la première salle d’asile de la vallée pour les enfants des ouvriers de ses établissements. Bien qu’étant lui-même de confession réformée, il prit une part déterminante dans la construction de l’église catholique de Husseren-Wesserling. Élu maire de cette commune en 1808, il conserva cette charge jusqu’à son décès, soit durant près de 60 ans. Roman détint aussi un record de longévité comme conseiller général, poste qu’il occupa pendant 42 ans et sous plusieurs régimes successifs, de 1819 à 1861. En 1833-1834, il fut le président du Conseil général du Haut-Rhin. Roman était membre du Comité supérieur de l’instruction primaire et de la Société industrielle de Mulhouse, président du conseil d’administration de la Société d’assurance mutuelle du Haut-Rhin. Officier de la Légion d’honneur.

J. Rieder, « Notice nécrologique sur A.-Ph. Roman », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1868, p. 409-413 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 603 ; CNRS, Grands notables du Premier Empire – Haut-Rhin, 1978, XI, p. 54 (erreur sur la date de naissance et le lien de parenté avec Jacques Roman) ; J.-M. Schmitt, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, p. 290-292 et 366 ; J.-A. Haan, Histoire de la manufacture de Wesserling de 1800 à 1870, mémoire de maîtrise d’histoire, Strasbourg, 1991 ; S. Chassagne, Le coton et ses patrons, Paris, 1991, p. 315-323 ; N. Stoskopf, Les patrons du Second Empire, Alsace, 1994, p. 196-199.

Portrait : Portrait ancien d’Alsace, Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Jean-Marie Schmitt (1998)