Présidente d’association (★ Saverne 16.8.1926). Fille d’un père catholique et d’une mère protestante. Élevée dans une ambiance énergique et une conviction luthérienne très stricte qui lui a donné une grande indépendance d’esprit, elle a bénéficié avant guerre, contrairement à la plupart des jeunes filles de son âge, d’ouvertures sur le monde extérieur grâce à une série de voyages qu’elle a pu faire avec ses parents, son père étant employé du chemin de fer. Le 29 juillet 1941, un décret pris par Hitler instaura le RAD féminin (RADWJ), et les premiers départs obligatoires eurent lieu en octobre de la même année en Alsace. Après six mois de RAD, les jeunes filles étaient versées dans le KHD (Kriegshilfsdienst). Germaine Rohrbach fut mobilisée de force le 30 novembre 1943 à l’âge de 17 ans; un refus aurait exposé ses parents à de très graves représailles. Elle fut d’abord dirigée vers le camp d’Oberkirch, où les jeunes filles dormaient à 16 par chambre dans des baraques de bois, sur des sacs bourrés de paille, et travaillaient comme bonnes à tout faire de 7h30 à 18h, en butte à des humiliations, forcées de faire des travaux sales et dégradants, à peine nourries dans des fermes voisines. Déplacée en février 1944 à la station de repérage des avions de la Hornisgrinde, elle fut transférée pour « insubordination » à l’usine d’armement Schaub-Lorentz de Pforzheim, où elle devait travailler 10h par jour à la chaîne pour 1 Reichsmark par jour et une nourriture infecte, passant les nuits dans les abris sous les bombardements. D’autres affectations suivirent. L’unité de Germaine Rohrbach fut capturée par les Anglais en mars 1945. Les femmes furent emmenées à Rendsburg, considérées comme des prisonnières allemandes, et enfermées dans la Flakkaserne, où elles dormaient sur la paille à 50 par salle. Une Alsacienne de Benfeld, Malou Schaffner, réussit à informer le commandant de la situation particulière des « Malgré-elles », et, huit jours après, elles furent libérées. Par la suite, Germaine Rohrbach a exercé des activités commerciales. Elle a un fils de 60 ans, qui habite l’Oise. Elle a fait preuve depuis des années d’une activité inlassable pour faire reconnaître officiellement les souffrances de ces « Malgré-elles » incorporées de force comme l’ont été leurs camarades masculins, et à l’automne 2005, elle avait demandé au président de la République de s’engager à résoudre le contentieux lié à l’indemnisation de ces dernières. Depuis 1995, elle préside l’Association des Anciens incorporés de force dans le RAD et KHD d’Alsace et de Moselle. Grâce à sa capacité polyglotte, elle anime, depuis 1992, au musée des Sceaux ainsi qu’au musée des Arts Populaires de la Petite-Pierre une activité de guide bénévole.
Barbier, Malgré Elles. Les Alsaciennes et Mosellanes incorporées de force dans la machine de guerre nazie, Strasbourg, 2000, 112 p.
Dernières Nouvelles d’Alsace du 9.11.2005.
Marie-Hélène David (2006)
† 1.1.2014. Chevalier de la Légion d’honneur, mai 2009.
L’Alsace, 6.11.2014 (photo)
Philippe Legin (janvier 2022)