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RINCK DE BALDENSTEIN

Famille originaire des Grisons qui a donné trois princes-évêques à l’Église de Bâle : Guillaume (1608-1628), neveu de son prédécesseur Blarer de Wartensee ; Guillaume Jacques (1693-1705), neveu de Guillaume; enfin Joseph Guillaume © 1, neveu de Guillaume Jacques.
1. Georges Joseph Guillaume Aloys, prince évêque de Bâle (★ Saignelégier 9.2.1704 † château de Porrentruy 13.9.1762). Fils de Joseph Guillaume Rinck de Baldenstein, bailli de Saignelégier (1702-1710), puis de Delémont, et de Claude Antoinette de Ramschwag. Études au collège des Jésuites de Porrentruy (1715-1722), puis un an à Besançon pour y parfaire son éducation française. Après trois années de droit à Fribourg-en-Brisgau il se mit au service de la cour de Porrentruy comme Hofkavalier ; son brevet de conseiller aulique date du 3 décembre 1728. Le 12 février 1732 il fut reçu chanoine du chapitre cathédral à Arlesheim et ordonné prêtre le 31 mars 1736. Durant les troubles qui agitèrent l’évêché, il prit le parti du prince, mais sut aussi faire preuve d’esprit de conciliation, en Erguel notamment. Il fut élu évêque de Bâle le 22 janvier 1744 et rejoignit le château de Porrentruy. Il fut consacré à Besançon le 22 novembre suivant par l’archevêque Antoine-Pierre de Grammont et investi par l’empereur le 3 août 1747. Par ses origines, son caractère, sa formation et son expérience, Joseph-Guillaume était tout désigné pour effacer les séquelles des troubles et remettre de l’ordre dans les affaires de son diocèse et de sa principauté. Tout d’abord il ne désigna pas de successeur à son suffragant Jean-Baptiste Haus ©, décédé en 1745, et se proposa de remplir lui-même les fonctions épiscopales. Dès le mois de septembre 1744 il entreprit une tournée pastorale qui le conduisit jusqu’à Masevaux ; en 1745 il réorganisa les études théologiques de son séminaire de Porrentruy et, en 1760, y créa deux nouvelles chaires de théologie scolastique ; en 1747 il réduisit le nombre des fêtes chômées de 44 à 18 ; en 1756, l’abbé de Raze étant son ambassadeur à Versailles, il reprit à son compte le projet d’échanges de paroisses entre les diocèses de Besançon et de Bâle, vieux de deux siècles : l’Ajoie, en effet, faisait toujours partie du diocèse de Besançon et Porrentruy, siège du diocèse de Bâle, se trouvait donc dans un autre. Un projet de modifications territoriales sur la frontière française, à Schönenbuch, Boncourt et Damvant, était censé faire contrepoids à l’échange de paroisses. Sur le plan intérieur Joseph-Guillaume se montra administrateur éclairé. Depuis 1726, nombre de réformes avaient été entreprises, toutes interrompues par dix années d’agitation (1730-1740). Dès son avènement il mit en chantier la réforme de l’administration, des finances et du système comptable. Dans le but d’établir une matricule et un cadastre, il créa une école de géométrie à Porrentruy (1751) et fit appel à Pierre François Paris de Besançon. Des plans furent levés à Porrentruy, en Erguel et dans la prévôté de Saint-Ursanne (forêts). Les archives furent réorganisées et strictement gérées. Le grand inspirateur et artisan de l’œuvre économique de cet épiscopat est François Decker, natif de Blodelsheim (1691-1776). Les anciennes routes furent améliorées et de nouvelles furent construites, celle notamment des gorges de Moutier-Court (1752). Joseph-Guillaume eut le souci d’établir des axes de communication avec ses voisins et aussi à l’intérieur, ceux qui conduisaient aux centres de production industrielle. Les forges d’Undervelier et de Bellefontaine furent équipées de nouvelles installations. Comme corollaire fut promulguée une ordonnance sur les forêts (1755) inspirée de l’ordonnance royale de 1669. Joseph-Guillaume, d’autre part, embellit sa ville, qu’il dota de nouveaux bâtiments (hôtel de ville, hôpital) et son château, désormais approvisionné en eau par un canal souterrain de plus de 800 mètres, creusé dans la roche. En politique étrangère, Joseph-Guillaume se tourna résolument du côté de la France. Il n’avait d’ailleurs pas d’autre choix, les cantons catholiques ayant à plusieurs reprises, et définitivement en 1756, refusé de renouveler l’alliance de 1579. Dès 1744 il mit à la disposition du roi une compagnie dont le statut était celui des troupes suisses au service de France et, profitant de la nouvelle donne de la politique européenne, il signa une capitulation avec le roi (24 février 1758) ; il s’agissait cette fois de l’engagement d’un régiment, qui se signala en particulier lors de la conquête de la Corse. Cette politique fut poursuivie jusqu’à la Révolution : en 1780 fut signé un nouveau traité d’alliance avec la France, corroborant celui de 1739 et, simultanément, un traité d’échanges de territoires. En 1779 avait été signé le traité d’échanges de paroisses.
L. Vautrey, Histoire des évêques de Bâle, II, Einsiedeln, 1886 ; P. Rebetez, Les relations de l’Évêché de Bâle avec la France au XVIIIe siècle, thèse, Fribourg en Suisse, 1943 ; Helvetia Sacra, l/l, Erzbistümer und Bistümer, Bern, 1972 ; R Braun, Joseph Wilhelm Rinck von Baldenstein (1704-1762). Das Wirken eines Baslers Fürstbischofs in der Zeit der Aufklärung, thèse, Fribourg en Suisse, 1981 (contient l’essentiel de la bibliographie parue à cette date, de même que les sources archivistiques et imprimées consultées) ; D. Bregnard, Le régiment du prince-évêque de Bâle au service de France lors de la campagne de Corse (1768-1770), mémoire de maîtrise, Neuchâtel, 1996 ; M. Hof, Aspects de la correspondance de l’abbé de Raze, ambassadeur du prince-évêque de Bâle à Paris 1750-1792, mémoire de maîtrise, Neuchâtel, 1996.
Portraits : Il en existe plusieurs, à différents âges de Joseph-Guillaume Rinck. Patrick Braun reproduit celui du Musée jurassien de Delémont. Il s’en trouve un très beau aux Archives de l’ancien Évêché de Bâle à Porrentruy (dépôt de la collection jurassienne des beaux-arts) ; un autre au presbytère d’Obermorschwihr.

Philippe Froidevaux (1998)