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RIEGÉ Jean Henri

Coloriste et manufacturier, (Pl) (★ Hambourg, Allemagne, 3.8.1739 † Munster 10.4.1789).

Fils de Friedrich Riegé, directeur à la fabrique d’indiennes de Fridau en Autriche. ∞ 10.2.1777 à Colmar Anne Marie Baer, fille de Jean Baer, entrepreneur de tannerie au Logelbach près de Colmar, et d’Anne Marie Scheurer ; veuve en 1789, Anne Marie Baer épousa le 8 thermidor an II (26 juillet 1794) à Wintzenheim Mathias Graff, entrepreneur de tannerie au Logelbach. Ayant appris auprès de son père tous les aspects de la fabrication des indiennes, Riegé devint un excellent coloriste et se vit confier la surveillance des ateliers d’impression de la manufacture de Fridau. Il décida ensuite de revenir à Hambourg pour s’y établir à son compte. Mais en passant par Augsbourg en juillet 1775, il y rencontra le négociant colmarien Jean Haussmann ©, qui était l’associé d’une maison de banque et le gendre du grand entrepreneur Schüle. Riegé se vit offrir une participation dans la nouvelle société Haussmann & Cie, pour créer et développer une manufacture de toiles imprimées au Logelbach. Sa maîtrise de la chimie des colorants lui valut une position prépondérante dans la jeune entreprise alsacienne, ce qui porta ombrage aux frères Haussmann. Sous la pression de ces derniers, et moyennant une indemnité considérable de 18 000 livres, le coloriste consentit à résilier son contrat le 20 octobre 1778. Il quitta alors Colmar pour se mettre au service de la grande manufacture de Wesserling, où la Société Nicolas Risler & Cie lui offrit le poste de directeur général et des appointements annuels de 12 000 livres — montant exceptionnel dans l’industrie française au XVIIIe siècle. Sous la direction de Riegé, l’entreprise pionnière de la vallée de Saint-Amarin prit une extension considérable, et des relations d’affaires furent nouées avec le puissant groupe textile Pourtalès & Cie, de Neuchâtel, qui cherchait à s’implanter en Alsace. C’est finalement avec le soutien financier et commercial de cette firme que Riegé quitta Wesserling en 1783 pour reprendre la fabrique d’indiennes Schmaltzer, à Munster. Reçu bourgeois de cette ville le 19 novembre 1784, Riegé y fonda ainsi la Société Riegé & Cie dans laquelle entrèrent le dessinateur viennois François Xavier Gergonne © ainsi que le tanneur colmarien André Hartmann © qui, au XIXe siècle, fit de l’entreprise développée par Riegé l’une des plus importantes manufactures d’Alsace.

Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 100673 et M 100570, factums imprimés : Précis pour le sieur Riegé… contre le sieur Haussmann, Colmar, 1784, et Réponse des sieurs Haussmann, Emerich, Jordan et Comp. Au précis imprimé du sieur Jean Henri Riegé, Colmar, 1784 ; J. Matter, « Die Arbeiter der Münsterer Indiennefabrik im Jahre 1786 », Annuaire de la Société d’histoire du Val et de la Ville de Munster, 1934, p. 115-119 ; L. Sittler, « Notice sur les débuts de l’industrie à Colmar il y a deux cents ans. Compléments », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1971, p. 45-49 ; A. Brandt, « Jacques Louis de Pourtalès (1722-1814), ses associés alsaciens, ses activités en Alsace de 1753 à 1795 », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1974, p. 144-149; J.-M. Schmitt, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, p. 240-244 ; idem, « Les artistes à la fabrique. Graveurs et dessinateurs au service des établissements Haussmann du Logelbach à la fin du XVIIIe siècle », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1980-1981, p. 121-122.

Jean-Marie Schmitt (1998)